Publié le 2 juillet 2017 à 21h12 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h56
Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, vient de signer avec Christophe Reynaud, Préfet de police par intérim, Xavier Tabareux, procureur de la République et Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône la 2e stratégie territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance. La deuxième ville de France à créer, en octobre 2010, une première Stratégie territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance (STSPD).
Portée par les autorités partenaires (maire, préfet, procureur, inspecteur d’Académie et Présidente du Conseil départemental), cette politique locale intègre plusieurs modes opératoires. Ceux-ci sont articulés autour de deux axes: le renforcement de la présence dissuasive sur des sites prioritaires et le travail sur la proximité. «Cet engagement collectif est aujourd’hui considéré comme une réussite, puisque 80% des objectifs ont été atteints», avance Jean-Claude Gaudin. Une stratégie portée, pour la Ville, quotidiennement, par Caroline Pozmentier-Sportich, l’adjointe à la sécurité et à la prévention de la délinquance. Forte de ce constat, la ville de Marseille a entamé, en 2016, une démarche afin de renouveler sa stratégie pour la période 2017-2020, en analysant plus précisément les besoins du terrain. Après plusieurs mois de travaux, 13 thèmes ont été définis sur lesquels les différentes autorités s’engagent à travailler ensemble. Ces sujets traitent notamment du déploiement de moyens supplémentaires, entre mai et septembre, sur le littoral marseillais; de l’approche «globale» en matière de vie nocturne; du développement du travail d’intérêt général et de l’approfondissement de la lutte contre la radicalisation religieuse. En outre, les autorités prévoient aussi la création d’une Maison de la Justice et du Droit afin d’offrir au public un accès gratuit et de qualité aux professionnels de ce domaine.
«La Police municipale marseillaise est aujourd’hui la première de France»
Cette politique de concertation et de prévention est accompagnée, depuis plusieurs années, d’une modernisation de la police municipale. Tous les moyens matériels (véhicules, radio, protections…) ont ainsi été renouvelés à l’initiative du maire et avec l’aide de l’État. «Après le recrutement de 200 agents en 2012 et 2013, la Police municipale marseillaise est aujourd’hui la première de France. Elle compte un effectif global de 417 agents», indique Jean-Claude Gaudin.
Pour le Procureur de la République Xavier Tabareux: «un travail en profondeur a été conduit avec plusieurs partenaires». Il rappelle un certain nombre d’actions: les vols sur les chantiers, le traitement local de la délinquance, la prise en charge des victimes, la cellule de citoyenneté et de tranquillité publique. Avant d’ajouter: «Le terrorisme nous a contraint à avoir une vision différente de la sécurité. Nous avons décidé de ne pas changer de calendrier mais d’être, en revanche, encore plus vigilants». De souligner les avancées à réaliser avec cette nouvelle stratégie, notamment la Maison du Droit.
Martine Vassal rappelle que «le Département s’est engagé pour être un acteur actif de cette Stratégie territoriale de sécurité et de Prévention de la Délinquance». Sa participation porte sur l’aide au déploiement de la vidéoprotection. «Dans le cadre du Plan pour Marseille signé entre le Département et le Ville, 50 caméras supplémentaires ont été installées pour renforcer la surveillance des sites repérés comme théâtre de délits, des abords de collèges et autres lieux sensibles». Ce développement de la vidéoprotection sera poursuivi. Également programmé un soutien à la Police Municipale. «Le Département apporte son aide à l’acquisition de 8 véhicules, 6 motos et 8 scooters, ainsi qu’à la création d’un nouveau poste de police municipale». L’institution intervient également dans le cadre de la création d’une Maison de la Justice et du Droit à Marseille, du Centre Loisirs Jeunes de la Police Nationale, pour favoriser le lien entre les jeunes et les institutions et à la création d’une cellule de prévention de la radicalisation. Le Préfet de police par intérim, Christophe Reynaud, se réjouit «des effets remarquables qui résultent de la coproduction de sécurité, avec notamment une baisse conséquente des atteintes aux biens, des cambriolages et des vols à main armée ».
Michel CAIRE
Trois questions à Caroline Pozmentier-Sportich
Caroline Pozmentier, on parle de 80% de réussite pour cette première Stratégie territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance (STSPD) mais, dans quel domaine ?
Nous avions une stratégie territoriale ambitieuse, 80% de réussite est donc un excellent résultat qui porte avant tout sur la sécurité de l’espace public. Nos engagements ont largement été tenus en matière de vidéoprotection; nous avions annoncé que nous doublerions les effectifs de la police municipale, c’est chose faite; qu’elle serait armée, c’est le cas; que nous renforcerions la médiation, mission accomplie. Surtout, au fil de ces années, nous avons acquis une vraie culture de coproduction de sécurité qui est identifiée au plan national et même européen. Le Département nous soutient sur le volet social de l’opération et la Région, avec Christian Estrosi et Renaud Muselier, nous aide financièrement directement et nous permet d’avoir des aides de l’Europe.
Quelles sont les avancées à attendre de cette nouvelle stratégie?
Nous avons besoin de développer notre action sur les enjeux de justice de proximité. Il n’est pas question de se substituer à l’État mais de contribuer à un cadre qui permet de mieux vivre ensemble. La cellule de citoyenneté et de tranquillité publique produit de vrais effets, il importe d’aller plus loin sur le rappel à l’ordre, les transactions pénales pour les manquements aux obligations citoyennes. Nous devons développer, sous l’égide du Parquet, l’accompagnement des publics. Nous allons ainsi créer une Maison du Droit. Nous demandons des moyens à l’État pour développer un accompagnement social, médical dans les situations de crise…
Qu’en est-il de la vie nocturne à Marseille?
Un volet important de cette stratégie porte sur la tranquillité nocturne et l’événementiel. Il s’agit de mettre en place un système qui permette à la fois de sortir, un facteur d’attractivité et, cela, dans le respect des riverains. Un travail est à conduire avec la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, les restaurateurs, les cafetiers, en prenant en compte tous les paramètres dont, bien sûr, ceux relevant de la protection de la santé et de la lutte contre les addictions. Il nous faut également mieux nous coordonner sur l’événementiel pour garantir toutes les conditions de sécurité et permettre à Marseille d’être exemplaire et généreuse.
Propos recueillis par M.C.