Marseille. Appel aux dons pour restaurer la Bonne Mère, qui résiste par miracle

Elle aurait dû disparaître à la fin du XIXe siècle. Eugène Viollet Leduc, le célèbre architecte qui a restauré et érigé la flèche de Notre-Dame à Paris, pariait sur une piètre longévité. « La Bonne Mère ne résistera pas aux agents atmosphériques de Marseille ». Miracle, 155 ans après, elle est toujours debout ! Mais il faut en prendre soin.

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La Bonne mère a besoin de retrouver son éclat (Photo Joël Barcy)

 A votre bon cœur

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Le cardinal Aveline archevêque de Marseille (Photo Joël Barcy)

 Un appel aux dons est lancé pour trouver près de 2,5 millions d’euros et restaurer la statue mais aussi le campanile et la terrasse des anges sans oublier les brûloirs de la crypte. Un chantier important. Il faut prendre soin de la pierre, du métal, du cuivre et de  l’or. C’est la cinquième campagne depuis la pose de la statue. Pour le cardinal Aveline, archevêque de Marseille, la Bonne-Mère est une représentation de Marseille, « C’est un lieu où tout le monde peut monter et le geste même de la statue signifie l’accueil. Elle symbolise aussi la fierté, la dignité. Quand on arrive à Marseille on a souvent une histoire qui a connu la souffrance et cette statue elle vous remet debout. Les gens le savent on monte ici quand on a un truc heureux ou malheureux dans la vie et toujours on fait ça quel que soient les convictions religieuses… Elle symbolise aussi la fraternité, des gens de toute sorte se côtoient. C’est un lieu qui révèle aussi que, qui que l’on soit, on a toujours quelque chose au plus profond de soi-même qui nous dépasse et d’une certaine manière qui nous unit ».

 Plus grande statue au monde

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La statue de Notre-Dame qui domine la basilique « est la plus grande du monde

La statue de Notre-Dame qui domine la basilique « est la plus grande du monde réalisée par galvanoplastie », explique Xavier David, l’architecte chargé de la restauration. Un procédé inédit pour une telle dimension. Il repose sur l’électrodéposition. Les moules en latex des quatre tronçons de la Vierge ont été plongés dans un bain de sulfate de cuivre et, par électrolyse, quelques millimètres de cuivre les ont recouverts. Cela permet d’obtenir une reproduction irréprochable.

Contestation

La galvanoplastie est très à la mode dans la seconde moitié du XIXe siècle mais sur de petites statuettes ou en orfèvrerie mais pas à de la grande statuaire. « Pour Notre-Dame de la Garde le projet est très discuté, on évoque la fonte, le bronze, le cuivre repoussé. Finalement, les ateliers Christofle, la société la plus compétente techniquement, a l’audace de dire qu’on peut appliquer la galvanoplastie à la statue de Notre-Dame de la garde», indique Xavier David. Le projet est retenu malgré l’opposition de l’architecte de notoriété nationale, Eugène Viollet Leduc dont tous les avis sont écoutés. « Il dit non, n’y aller pas, ça ne va pas tenir. Christofle savait que c’était solide mais il n’a pas voulu l’assurer plus de 25 ans… Aujourd’hui elle a dépassé les 150 ans c’est pour cela qu’il faut continuer d’en prendre soin ».

Restauration globale

Le chantier va prendre 9 mois car il faut traiter la dorure mais aussi le fer, le cuivre, et les pierres. « La première étape va être l’enlèvement de la couche d’or, puis le décapage de la couche d’anticorrosion pour mettre à nu le cuivre. On va procéder par micro-abrasions. Quand l’épiderme en cuivre sera mis à nu on déposera une nouvelle couche d’anticorrosion puis on appliquera, dans un espace confiné, les 30 000 feuilles d’or de 23,5 carats », décrit Xavier David. Le traitement des pierres prendra aussi un certain temps. L’architecte voit avec douleur la dégradation de la statuaire comme celle des 4 anges qui sont en porte-à-faux en haut du clocher. « Doucement ils fondent, ils perdent de la matière, plusieurs millimètres tous les 10 ans. Un seul a encore les plumes dessinées sur une aile ». Heureusement une technique appliquée pour la première fois devrait permettre de sauver ce qui reste. « Aujourd’hui on a des techniques de bio-consolidation de la pierre par des bactéries qui se transforment en pierre naturelle pour faire court ».

Financement participatif

Pour effectuer tous ces travaux et rassembler les 2,47 millions, mécènes, collectivités mais surtout les particuliers sont sollicités via une plateforme de financement participatif. Vous pourrez aussi faire un don chez des commerçants partenaires. Vous pourrez flécher vos dons. Acheter des feuilles d’or à 45 € l’unité ou contribuer à la restauration des brûloirs de la crypte.  Tous les noms des donateurs  seront intégrés dans un grand cœur, sorte d’ex-voto qui restera dans la basilique.

Reportage Joël BARCY

jesoutienslabonnemere.com

 

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