Publié le 5 septembre 2015 à 9h41 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h55
C’est un moment rare, fort, républicain, qu’il a été donné de vivre ce vendredi 4 septembre à l’occasion de la signature de la convention par laquelle l’État met à la disposition de la ville de Marseille une dotation en armes de poing destinées à la Police Municipale. Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire (LR) de Marseille a rendu un hommage appuyé à Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, pour son action, ce dernier, reconnaissant le travail accompli par Marseille en matière de sécurité, chiffres à l’appui, avant d’indiquer: «Les désaccords, nécessaires en démocratie, n’impliquent pas un affrontement à tous moments sur tous les sujets». Un ministre qui, en revanche, n’aura pas de mots assez durs pour dénoncer «ceux qui font des amalgames, pratiquent l’outrance, s’emploient à stigmatiser pour faire leur parcours, mettre en avant leur organisation politique». Au préalable, le Maire se réjouit de cette signature, précisant: «Elle est empreinte de solennité, en écho aux événements tragiques qui ont prévalu à son élaboration». Il rappelle s’être longuement opposé à l’armement de policiers municipaux, par peur d’accidents mais aussi au regard «des compétences respectives des différentes forces de police. La Police Municipale a une mission de surveillance et de prévention, dans la proximité et le quotidien. Elle contribue à la tranquillité publique, non à des opérations de sécurité ou de maintien de l’ordre, nécessitant à priori son armement. Ces missions relèvent de l’État et de ses services(… )» Avant d’ajouter: «Même si la coopération entre les forces de police doit bien évidemment être recherchée, comme c’est le cas à Marseille avec une première convention de coordination de nos services en 2012». Rappelant: «Les policiers, qu’ils soient nationaux ou municipaux, sont aujourd’hui en première ligne face aux malfaiteurs ou aux terroristes. Leurs uniformes les désignent parfois même comme cibles privilégiées et il n’est pas concevable qu’ils ne puissent défendre leur vie face à des agresseurs déterminées».
«Les agents concernés devront suivre une formation très stricte»
Puis de revenir sur le programme de modernisation de la police municipale lancé en 2012 «portant sur un budget de 15 millions d’euros et mis en œuvre sous la responsabilité de Caroline Pozmentier». Un plan qui a permis le recrutement de 220 agents, «ce qui porte nos effectifs à 407 agents». Il évoque également le Centre de Supervision Urbain, inauguré en février 2013 et le déploiement de la vidéo-protection, avec actuellement 650 caméras. «Nous travaillons à atteindre le nombre de 1000 à la fin 2016». «Ce système a rapidement fait la preuve de son efficacité. Il a permis la résolution ou la prise en flagrant délit de nombreux actes criminels ou délictueux, avec plus de 200 interpellations en 2014 et déjà plus de 130 au 1e semestre 2015», se félicite le maire de Marseille. Considérant que l’armement de la police municipale vient «parachever l’évolution engagée en 2012». Précisant: «Il ne sera toutefois effectif qu’après la mise en place de toutes les mesures techniques nécessaires à l’utilisation sécurisée de ces armes. Les agents concernés devront suivre une formation très stricte, sanctionnée par un examen final et soumise à validation médicale ».
A la fin de son intervention, Jean-Claude Gaudin, se tourne vers le ministre: «J’en ai vu des Préfets, j’en ai connu des ministres de l’Intérieur. Je veux vous dire ma considération, l’estime que la Haute Assemblée vous porte tant il est vrai que vous êtes à tout moment présent, attentif. Je tiens à vous dire ma considération pour ce que vous faites pour le pays. Et j’ai tenu à vous le dire, ici, dans cette mairie qui est la maison commune des Marseillais car ceux-ci partagent mon point de vue».
«Ce qui guide mon action politique c’est le sens de l’État »
Face à cet accueil, le Ministre avoue en souriant : «Je suis de Cherbourg, le tempérament y est moins coloré qu’ici et je dois avouer ne pas me souvenir d’avoir accueilli avec la même faconde un ministre d’un autre bord que le mien ». Plus sérieusement, il explique : «Ce qui guide mon action politique c’est le sens de l’État. Il est des Républicains qui appartiennent à de nombreuses organisations qui ont en partage ces valeurs de l’État et le respect est une valeur républicaine».
«Des policiers municipaux sont attaqués parce qu’ils portent un uniforme ils doivent pouvoir se protéger»
Il revient sur les événements de janvier dernier : «Je les ai suivis de très près, notamment parce que lorsque des policiers, nationaux comme municipaux, des gendarmes tombent, sous les coups du fanatisme, de la haine de l’autre, de la volonté de tuer, on est près de ses troupes. Et j’ai vu de la peine mais aussi un extraordinaire courage chez ces femmes et ces hommes qui sont en première ligne». Pour lui: «Lorsque des policiers municipaux sont attaqués parce qu’ils portent un uniforme ils doivent pouvoir se protéger». C’est ainsi qu’une dotation de 8 500 gilets pare-balles a été mise en place de même que la mise à disposition de 4 000 armes de poing, dont 400 pour Marseille. A ce titre, il tient à remercier : «La police nationale et municipale pour la qualité des relations qui se sont nouées. Ce qui est fait à Marseille est remarquable». Il évoque le Centre de supervision urbain. Juge : «Tout cela doit permettre d’améliorer, encore, les résultats obtenus à Marseille». Déplore: «Marseille a été longtemps victime d’une réputation qui n’est pas à la hauteur de son histoire, de sa réputation». Rappelant également que la délinquance a baissé «grâce à la volonté commune qui est la nôtre» avec moins 30% pour les violences physiques, 8 règlements de compte pour les 8 premiers mois contre 14 en 2014 sur la même période «Et, on en déplorait une trentaine dans les années 2010».
Il en vient à la lutte contre le terrorisme : «1 800 Français sont engagés actuellement dans les rangs de Daesh en Irak et en Syrie, ils étaient 700 lorsque j’ai pris mes fonctions. Et ce phénomène se retrouve dans toute l’Europe. Face à cela nous avons bloqué les sites qui appellent à la violence, à la haine, à l’antisémitisme. De même nous interdisons la sortie du territoire à ceux qui peuvent rejoindre le terrorisme. Certains ont la mauvaise idée de dire qu’il faudrait les laisser sortir. C’est une erreur. S’ils partent et veulent rentrer le droit international impose de les accueillir. Enfin, la loi sur le renseignement permet d’entrer dans les messages internet, les surveiller car on sait que ceux qui commettent des attentats terroristes, utilisent un langage codé sur internet pour faire passer leurs messages. Enfin, heureusement que les accords de Schengen existent, ils nous permettent de mutualiser nos informations. Alors, je donnerai les moyens aux services, j’irai devant les Français rendre compte de mon action». Et de conclure : «Marseille est aussi belle que la République, la République est aussi belle que Marseille».
Caroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille, déléguée à la sécurité, se réjouit de cette signature : «C’est la démonstration qu’une politique engagée obtient des résultats avec une police municipale de qualité, sûre de ses missions en faveur d’une politique de sécurité publique qui est une co-production État-Ville ».
Michel CAIRE
Force Ouvrière : une reconnaissance et le début d’un processus revendicatif
Pour Philippe Di Marco, responsable fédéral FO Police Municipale: « Nous vivons une journée importante pour Marseille, sa police municipale. Cette signature traduit les efforts de la Ville pour renforcer et moderniser sa police. Dans ce dossier, notre syndicat des territoriaux a su jouer son rôle revendicatif et constructif . Aujourd’hui on peut parler d’un nouveau départ. C’est aussi le début d’un processus de revendications pour nous. Le ministre a noté la dangerosité du métier de policiers municipaux. Ils contribuent à des missions de sécurité publique et le fait de porter un uniforme en font des cibles. Ils doivent donc être en capacité de se défendre. Maintenant il faut que le ministre, les ministres, s’occupent du volet social, prennent en compte le fait qu’on demande de plus en plus aux policiers municipaux en matière de formation, de compétences. Nous portons deux revendications : premièrement l’obtention d’une prime de risque soumise à cotisation sociale, et, deuxièmement, la bonification d’une année toutes les cinq années de service pour le calcul de la retraite».
M.C.