Publié le 26 mai 2018 à 18h53 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h49
Caroline Pozmentier-Sportich, adjointe au maire de Marseille en charge de la Sécurité et de la Prévention de la Délinquance, vient de présenter la plateforme municipale de données que la Ville mettra en place cet été ou au plus tard, en septembre. Une opération qu’elle inscrit dans le cadre «d’une meilleure protection des citoyens et d’une rationalisation de la dépense publique, dans le respect de la vie privée». L’élue ne manque pas d’inscrire cette plateforme dans l’action entreprise par la ville de Marseille pour moderniser sa police municipale «avec un doublement des effectifs, déploiement continu de la vidéo-protection avec pour un objectif de 1 500 caméras réparties sur l’ensemble du territoire d’ici fin 2021, la verbalisation électronique, l’armement des policiers, la création de la brigade de nuit ou encore l’équipement des agents en caméras individuelles dites « piéton »».
C’est dans la continuité de ces actions et dans une perspective de valorisation de l’ensemble des informations récoltées et dispositifs déployés depuis des années, que la ville de Marseille a décidé, en 2015, de développer une plateforme municipale de données au service du citoyen. «Tout comme d’autres grands acteurs publics (Ville de Paris, la Poste, Pôle Emploi…), la Ville a décidé d’utiliser son patrimoine de données et les technologies innovantes pour travailler mieux et être plus efficace», précise Caroline Pozmentier-Sportich avant d’ajouter que cette présentation« doit être particulièrement remise dans le contexte de cette journée de l’entrée en vigueur en Europe du règlement général sur la protection des données (RGPD)». Pour l’élue: «Au-delà de symboliser la protection qu’offre l’Europe à ses citoyens dans leur vie numérique, ce règlement consacre l’importance de la donnée dans nos sociétés hyper-connectées, en obligeant à réfléchir à l’impact de leur traitement». Ce projet propose une nouvelle approche de la résolution de situations grâce à un moteur performant de stockage, d’analyse et de planification indispensable à une gestion optimale des ressources affectées à la tranquillité publique. Plus globalement, cette solution innovante – mise en place par Ineo Digital – filiale de Engie Ineo- sur une plateforme technique Oracle- constitue un véritable outil dʼaide à l’élaboration des politiques publiques. Trois personnes y travailleront dans un premier temps, de la Police municipal et du service informatique de la ville.
Il ne s’agit pas de Madame Soleil mais d’un indicateur d’aide à la décision
Le traitement intelligent de volumes conséquents de données historiques et en temps réel permettra aux acteurs de la sécurité et de la tranquillité publique d’apporter des réponses adaptées à leurs besoins et à ceux des citoyens et d’alimenter les services concernés en informations transversales et optimisées. L’élue tient à préciser qu’il ne s’agit pas «d’intrusion dans la vie privée, ce ne sont pas des données personnelles mais uniquement des données publiques, disponibles. On analyse, sur les 30 jours qui viennent, l’événementiel, comme les manifestations sur l’espace public (qui vont des marchés aux grands événements festifs) mais aussi, l’agenda culturel et ainsi, on alimente notre application pour ces 30 jours qui arrivent au fur et à mesure.» De fait, ajoute-t-elle, plus l’application est alimentée plus elle devient intelligente. «L’intelligence, poursuit-elle, c’est de calculer le niveau de risque. Ainsi, nous incluons des données qui ne nous appartiennent pas comme : les données météorologiques; les données relatives aux manifestations revendicatives; les données des opérateurs téléphoniques… mais aussi des données qui arrivent en temps réel, en s’appuyant aussi sur les données historiques des 10 années précédentes, comme par exemple :les appels d’Allô Mairie; les informations factuelles des comptes-rendus des services municipaux comme ceux de la Police municipale, des Parcs et jardins, des Emplacements…». Et, aucune image ne sera utilisée, pas même celles de clip en cours de tournage. Ce dispositif aura trois objectifs dans un premier temps: la sécurisation de l’espace public, la fluidité de la circulation et la sécurisation aux abords des grands équipements publics. Cela doit donner un niveau de risque et le taux de protection. Mais, assure l’élue : «Ce ne sont pas des algorithmes qui décideront mais bien des humains. Il ne s’agit pas de Madame Soleil mais d’un indicateur d’aide à la décision. A l’heure où l’on parle de Smart City je préfère parlé là d’un outil qui favorise le « travailler ensemble ». Du travail d’humain, pour le bien commun, avec humilité mais aussi détermination».
Nous travaillons depuis trois ans avec Bruxelles qui est très sensible à ce dossier
Caroline Pozmentier-Sportich ne manque pas d’évoquer la protection des libertés. «En ce qui concerne les déclarations à la CNIL -Commission nationale de l’informatique et des libertés- la Ville a depuis longtemps désigné un correspondant « Informatique et Libertés » (CIL) qui devient dès aujourd’hui son délégué à la protection des données (DPD).» Pour la sécurisation d’un tel projet, il est expliqué que tous les projets informatiques de la Mairie sont élaborés dans le cadre du référentiel général de sécurité (RGS) de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information). «Et nous travaillons depuis trois ans avec Bruxelles qui est très sensible à ce dossier», indique l’élue à la sécurité qui précise dans ce cadre que «le coût de cet opération est de 1,5 M€ : 600 000 sont versés par l’Europe, 600 000 par le Département 13 et le reste par la Ville». Elle ajoute, pour être tout à fait claire: «Tous les partenaires extérieurs font l’objet d’une convention juridique qui encadre la contribution et l’utilisation de la plateforme. En amont de leur intégration dans la plateforme, les données fournies, qui le nécessitent, sont anonymisées, pseudonymisées ou cryptées afin d’empêcher toute identification. De plus, lors des restitutions, les données à caractère personnel doivent respecter les règles de la CNIL ». «Nous allons travailler avec un collectif de citoyens sous peu afin de voir comment ces derniers pourront alimenter la plateforme mais nous prenons d’abord notre responsabilité», dévoile-t-elle. Caroline Pozmentier-Sportich conclura cette présentation en rappelant que «dans le domaine de la tranquillité publique, au premier rang des préoccupations des Marseillais, nous adaptons la machine municipale à nos citoyens et au monde qui nous entoure. Ceux-ci ont bel et bien vocation à être les usagers quotidiens de ce service public nouveau, qu’ils pourront même contribuer à améliorer par voie participative».
Michel CAIRE