Publié le 13 juin 2019 à 7h51 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 11h58
Ce 13 juin, l’association professionnelle Cap au Nord Entreprendre organise ses 9es Rencontres annuelles au Cloître, sur la question de l’export. Le thème s’imposait à quelques jours du Sommet des deux rives… mais aussi parce qu’à deux pas de l’aéroport, des axes autoroutiers et du GPMM, lui-même adhérent de la structure, ce territoire cumule tous les atouts pour conférer à Marseille ce rôle de passerelle entre Orient et Occident. Encore faut-il qu’il peaufine sa capacité à l’attractivité.
A écouter Christian Cortembert, le président de Cap au Nord Entreprendre (Cane), on ne s’établit pas par hasard de ce côté-ci de Marseille. «Les entreprises qui viennent sur les 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements ont conscience qu’elles ont une influence sur le territoire et que le territoire a une influence sur elles »… Et pour cause: à deux pas du Grand port maritime de Marseille (GPMM), pas si loin des axes autoroutiers voire même de l’aéroport, elles savent que la porte vers l’export s’entrouvre plus aisément côté Nord. De même, ce n’est pas par hasard non plus si ces dernières, quelque 300 au total, ont adhéré à l’association Cane… «Nous leur demandons de se pencher aux fenêtres, de voir ce qui se passe et de se mettre en danger. Elles savent ce qu’elles doivent faire, on les bouscule dans l’accompagnement.» Et si elles connaissent la marche à suivre, c’est déjà parce que le réseau lui-même met un point d’honneur «à être exemplaire et à mettre en place des solutions innovantes», rappelle Alexandre Fassi, son secrétaire général. Et ce, à la faveur de quatre piliers d’action : mobilité et transports, emploi et ressources humaines, culture et patrimoine, et Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Stratégie RSE qui constitue un enjeu fort, ainsi qu’un axe transverse… puisqu’elle conjugue les ambitions de Cane, bien décidé à insuffler une vraie dynamique responsable, dans les domaines social et environnemental. L’emploi, notamment, figure en toute logique comme l’une des priorités du territoire. Il fait donc l’objet de manifestations variées : visites du GPMM en bus scolaire par les élèves des quartiers Nord, et plus largement, des entreprises du territoire, forums… «On ne sait pas si cela va ou a suscité des vocations», mais en tout cas l’impact ne peut être négatif. «Les entreprises cherchent des compétences et les jeunes du travail, on crée donc des passerelles. Les connexions doivent se faire. En 2018, 34 classes de collèges mobilisées. En 2019, elles seront 55 à participer à ces visites d’entreprise», développe Christian Cortembert.
Une démarche proactive sur la question de la mobilité
Outre le social et le sociétal, les préoccupations de Cane se cristallisent autour de la question environnementale. Et pour cause : la seule problématique de la qualité de l’air – et plus spécifiquement la pollution générée par les géants des mers – fait régulièrement débat côté Nord. Ainsi donc, l’association entend apporter sa pierre à l’édifice… Elle le fait déjà en proposant des solutions en termes de mobilité, une dynamique portant le nom de « Nord We G ». Et dont Taco 2.0 constitue depuis peu une nouvelle composante… L’idée : mettre en place des navettes pour les salariés des entreprises adhérentes – dont Oxatis, qui a permis de lancer les premières expérimentations – et agir de fait sur la problématique du dernier kilomètre. «Nous venons également de réaliser un schéma directeur des pistes cyclables sur le territoire», annonce aussi Alexandre Fassi. Il est actuellement sur le bureau des acteurs concernés à la Métropole Aix-Marseille Provence. Autre exemple, le travail entrepris avec SNCF Réseau pour dégager des solutions en termes d’intermodalité, puisqu’un tiers des salariés des quartiers Nord vit sur ce territoire, un tiers sur Marseille et un dernier tiers en dehors de la ville. «Sur l’axe de la mobilité, nous sommes donc plutôt dans une démarche proactive», analyse Alexandre Fassi. En faisant en sorte que les entreprises adhérentes leur emboîtent le pas…
Agir sur le cadre de vie
Et c’est visiblement ce qu’elles font. «On se rend compte qu’elles avancent aujourd’hui plus qu’hier sur l’identification et la considération des parties prenantes, le dialogue avec ces dernières afin de mettre en valeur les impacts que leurs activités peuvent avoir.» Ce qui constitue le préalable à toute stratégie RSE digne de ce nom. « Un bon exemple, c’est la position volontariste du GPMM sur la question de l’électrification à quai. On pourra toujours objecter que c’est encore trop peu au vu des impacts, mais c’est déjà beaucoup. Il s’agit d’une vraie marche en avant par rapport à ce que font les autres ports», martèle Alexandre Fassi. Mais la RSE, au-delà des questions de l’emploi et de la mobilité, c’est aussi – et surtout – celle du cadre de vie. L’idée étant de rendre les entreprises actrices en la matière… et de placer au cœur de ces enjeux la Métropole et ses partenaires. Parmi ces derniers, Euroméditerranée bien sûr, avec lequel une démarche est engagée afin d’atténuer les différences entre territoires. «Il faut que la transformation impulsée par Euromed profite à tous, elle doit ruisseler.» Point question en effet de voir le quartier d’affaires se muter en déferlante qui repousserait la misère côté Nord… et accentuer une césure entre les deux territoires. Bien sûr, les projets sont dans les tiroirs et vont dans ce sens, l’aménagement de la zone des Crottes, l’extension du métro Capitaine-Gèze… encore faut-il que les délais soient respectés et que ces réalisations propres à désenclaver, à redonner du lustre ne soient pas (plus) repoussées aux calendes grecques. D’autant que les 13/14/15 et 16es ont leurs besoins propres. Et ils abritent aussi leurs pépites : Jaguar Network par exemple, Pernod, «qui aurait pu investir à Béziers ou Paris et a finalement choisi Gay Lussac», appuie Christian Cortembert. Idem pour le complexe sportif 13 by Puma, implanté dans le 14e… «Si le territoire était si sensible, ils ne seraient pas venus.» Et puis, outre ses entreprises, il y a aussi ses lieux aujourd’hui locomotives. Comme le Carburateur où Cane est implanté. Ou bien Le Cloître, ouvert depuis près d’un an, qui accueillera Les Rencontres annuelles de Cap au Nord ce 13 juin, justement, sur le thème de l’export.
Inciter à l’internationalisation
Celui-ci s’imposait. Il permettra de surfer sur la dynamique relative au Sommet des deux rives forum de la Méditerranée, organisé à Marseille les 23 et 24 juin. Et de déterminer dans quelle mesure la cité phocéenne peut répondre de manière effective à la vocation phare qu’on lui prête volontiers : jouer les passerelles entre deux mondes, ceux de l’Orient et de l’Occident. Parmi les invités, Robert Guédiguian, «le plus grand exportateur d’images côté Nord. Il fait briller le territoire, il exporte ses films dans près de 35 pays», illustre Christian Cortembert. Parmi les adhérents de Cane aussi, on sait parfois s’internationaliser. «Par exemple Atem, qui fait de la réparation navale et de la maintenance industrielle, a ouvert une filiale au Maroc. Nous nous sommes dit qu’il fallait faire passer un message aux PME, aux TPE, illustrer qu’une dynamique est en train de se développer», reprend Alexandre Fassi. Car exporter s’avère à la portée de toutes les entreprises quelle que soit leur taille, pas seulement à celle des seules majors. Pour ancrer ces idées, Cane travaille notamment avec Afrikalink, l’Apex… «Nous avions déjà organisé un petit-déjeuner l’année dernière sur la thématique de l’internationalisation avec cette dernière, la connexion s’est faite tout naturellement.» Outre ces 9es Rencontres, la question de l’export sera mise à l’honneur tout au long de l’année. Le territoire le vaut bien, puisque «le fond du sujet, c’est le développement de l’attractivité de notre territoire». Et la capacité d’asseoir Marseille en qualité de premier port de la Méditerranée.
Carole PAYRAU