Publié le 5 février 2019 à 23h55 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h47
C’est au sein de la caserne de Louvain Marseille (8e) que s’est déroulée ce mardi 5 février à 8 heures, la 34e cérémonie d’hommage aux victimes de l’explosion du boulevard Périer survenue le 5 février 1985, qui a fait six morts, dont un marin-pompier, et une quarantaine de blessés (marins-pompiers, intervenants des autres services et passants). La cérémonie s’est déroulée en présence du vice-amiral Charles Henri Garié, commandant du Bataillon et des membres de l’amicale des marins-pompiers de Marseille
Rappel des faits.
Partis en milieu d’après-midi boulevard Périer pour fumée s’échappant d’un soupirail, la «générale ville» de Louvain et les renforts vont vivre un enfer. La double explosion, d’une rare violence, dans un immeuble d’habitations fera six morts et une quarantaine de blessés parmi les marins-pompiers, les autres intervenants et les passants
Un incendie se déclare dans une cave d’un immeuble du n° 2, boulevard Périer, tout prêt d’une conduite de gaz en plomb. La fonte du tuyau entraîne une fuite de gaz qui s’enflamme. La torchère se développe très vite et, en agrandissant la brèche dans le tuyau, augmente le débit du gaz. Si la torchère s’éteint par manque d’oxygène (la cave et les accès au sous-sol sont fermés), le gaz continue à fuir et se répand dans le sous-sol et dans les étages par les gaines de l’ascenseur. L’équipe de GDF a coupé l’alimentation, mais le mélange explosif représente près de 1 000 m3 et les équipes en reconnaissance ont sans doute créé des courants d’air. Il suffit alors d’une étincelle, d’un petit reste de l’incendie initial …
C’est le drame, la double explosion
La première explosion dans la cave détruit intégralement le rez-de-chaussée de l’immeuble, la seconde, sous les combles, détruit la toiture et projette violemment les projectiles les plus divers alentour. Au premier choc, le quartier-maître (QM) Marre, chef d’équipe sur le Fourgon Pompe Tonne Léger (FPTL) de Louvain et le second maître (SM) Bourgue (chef d’agrès FPTL LVN) sont dans la cave. « Soudain, le rez-de-chaussée s’est effondré. Une boule de feu a roulé sur nous pour s’échapper dans la coursive du rez-de-chaussée, brûlant aussi les copains dans l’entrée. Moi, j’avais l’impression d’être à 200 m sous terre, coincé sous les gravats ». Dans un paysage d’apocalypse, quelques minutes après les explosions, les renforts arrivent sur les lieux (les casernes d’Endoume et Saint-Pierre). La stupeur envahit les sauveteurs dans les premières secondes. Le FPTL est transpercé dans toute sa hauteur par une poutre que l’explosion a projetée. « Mon instinct de survie m’a poussé à l’abri de l’échelle », confie le lieutenant de vaisseau (LV) Alain Coste (au grade de maître -MT -à l’époque) avec beaucoup d’émotion (conducteur de l’Échelle Pivotante Automatisée -EPA- à l’époque). « Après la pluie dévastatrice, malgré un bloc de pierre tombé sur ma jambe, je me suis ressaisi immédiatement : une trentaine de personnes sont au sol, civils et marins-pompiers confondus. Il faut faire vite ! ».
Sauver à tout prix
Parmi les victimes, se trouvent des collègues, des amis, des marins-pompiers. Les secouristes s’organisent s’activent, sauvent. « Soudain, partagé entre l’incrédulité et le bonheur d’être découvert sous les décombres, j’ai senti le QM Caddéo (chef à l’EPA Endoume) qui m’arrachait de la chape de béton et me ramenait à l’air libre… vers le chaos total ! », confie le quartier-maître Marre. De leur côté, après avoir porté secours à l’enseigne de vaisseau (EV) Maurice, le MT Coste et le QM Guyot s’emploient à dégager le quartier-maître Pierrotti que le souffle de l’explosion a projeté sous l’échelle. L’armement du Véhicule de Secours et d’Assistance aux Victimes (VSAV) de la caserne de Louvain, conduit par le MT Badjian, leur prêtera main-forte.
Le MT Quéral, sous-officier d’attaque sur le Fourgon Pompe Tonne (FPT) de Saint-Pierre, s’attaque à l’extinction du feu en toiture. «La seule échelle dont nous disposions était criblée d’impacts de projectiles, avec des barreaux tout tordus. Nous sommes quand même montés, nous n’avions ni le choix, ni le temps. Nous avons réussi deux évacuations dont une dame en fauteuil roulant». Tous les résidents, mis en sécurité dans l’immeuble, seront sains et saufs. Mais la pluie de projectiles fera six morts et une quarantaine de blessés parmi les marins-pompiers, les intervenants des autres services et les passants. Une page de l’histoire du Bataillon venait de s’écrire, y figure le QM Patrick Repetto qui a perdu la vie et les noms de 19 marins-pompiers qui ont été blessés pour certains très gravement [[Marins-pompiers blessés au cours de l’intervention :
EV1 Daniel Maurice – EV1 Francis Pouey – ASP Didier Fabrègue – MP Victor Bérenger – PM Alain Sénatore – MT Alain Coste – MT Pierre Mancini – MT Georges René – SM Claude Bourgue – QM Raymond Aracil – QM Pierre Argentieri – QM Alain Biffi – QM1 Laurent Marino – QM Yves Reynard – QM Jean Varrieras – QM Joël Marre – QM Michel Pierotti – MO Thierry Borello -MO Jacques Grondin.]] A la suite de ce drame, les consignes de sécurité ont été considérablement renforcées et la protection du personnel accrue, notamment avec l’abandon du casque métallique traditionnel au profit du casque F1, aujourd’hui porté par la totalité des pompiers français.