Publié le 20 janvier 2019 à 12h01 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h44
Journée dense le samedi 12 janvier pour « le collectif 5 novembre » et « Noailles en colère », qui ont organisé deux réunions, une Assemblée générale du Collectif puis une autre des délogés. Deux réunions qui traduisent des situations catastrophiques et un désespoir grandissant des personnes évacuées. Occasion également de lancer la «Charte du relogement», plateforme de revendications…
Marie Batoux, habitante de Noailles est membre du collectif 5 novembre et de Noailles en colère, souligne la situation «catastrophique» des évacués, exposés au «mépris». Avec des propos tels: «on vous paye l’hôtel, c’est déjà pas mal et c’est chauffé». Rappelle: «Ces gens n’y sont pour rien, ils travaillent, paient leurs impôts, leur loyer». Évoque «les difficultés qui s’amoncellent», déplore un mauvais accompagnement psychologique. Met en exergue le pool d’une quinzaine d’avocats qui vient en aide aux délogés, prépare les actions en justice. Entretien. marie_batoux_du_collectif_5_novembre_noailles_en_colere_12_01_19.mp3 Kevin Vacher, habitant de Noailles et membre du collectif 5 novembre, présente la «Charte de relogement», nécessaire, à la suite de l’évacuation «chaotique» de 1 900 personnes, à Marseille, et surtout à leur hébergement d’urgence dans des hôtels. Dénonce des situations «sanitaires, sociales, psychologiques, immédiates, qui ne sont pas traitées» et un parc immobilier «totalement insuffisant pour le relogement». Oppose aux promesses orales des pouvoirs publics, une charte écrite, seule capable de défendre les droits des délogés, par exemple, au niveau des offres de relogement «autant que nécessaire» qui devient, «en bas de l’échelle» et trois refus, c’est l’exclusion du dispositif. Cite les grands axes de cette Charte, «le droit à la ville», avec «un accès à son travail, aux services publics, à l’espace public», «le droit à réparation», avec des moyens importants mis sur la table, y compris par la réquisition de logements vacants et, un troisième point, que l’ensemble des occupants soient pris en charge, y compris les propriétaires occupants ou les sans papiers. Pour appuyer cette Charte, annonce une large mobilisation, en janvier, avec en point d’orgue, une manifestation, le 2 février, qu’il espère «monstrueuse», appelant d’autres comités de la ville de Marseille et même la société civile de toute la France à manifester, avec eux, contre le mal logement. Entretien. kevin_vacher_membre_collectif_5_novembre_12_01_19.mp3 Une coordination de soutien psychologique et psycho-social existe au sein de ce collectif d’associations. Une psychologue témoigne d’abord de ce qui est mis en place par la Ville et la Préfecture, au sein de l’Avad, Association d’Aide aux Victimes d’Actes de Délinquance. Souligne leurs faiblesses dans l’accompagnement des habitants, trop bref, 15 jours. Il faut du temps à des personnes qui se demandent «comment on va manger à midi, comment on s’habille et, évidemment, comment on est logé et comment on réussit à mettre en place une solution pérenne, plus tard». Y oppose son travail d’accompagnement psychologique des habitants, pour «prendre conscience des symptômes, des enfants, d’eux-mêmes, des angoisses, des sommeils trop légers, des pensées qui tournent en boucle» pour mieux réagir et aussi pour mieux se respecter, soi-même, face à leur évacuation traumatique. Propose des accompagnements, en complémentarité à ceux de l’Avad, sous deux formes, des séances individuelles, pour enfants, adultes, familles ou des groupes de parole. Souligne que l’accueil est inconditionnel, qu’il peut concerner même «des habitants ou des professionnels pas touchés directement». Enfin, s’inscrit dans l’idée de «restaurer» la vie du quartier, «créer du sens, mettre en place des choses positives dans le quartier, en lien avec les autres». Entretien. soutien_psy_12_01_19.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO