Publié le 21 janvier 2020 à 11h17 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
«C’est quoi la recette ? L’insertion, une aventure humaine », c’était la thématique d’une exposition organisée par la Table de Cana sur les chantiers d’insertion. Qui à cette occasion, a détaillé les projets mis en œuvre en son sein… dont une première en France : un restaurant au sein de la prison des Baumettes à Marseille.
Restituer lors d’une vision artistique les coulisses des chantiers d’insertion : c’était tout l’objet de l’exposition «C’est quoi la recette ? L’insertion, une aventure humaine», organisée par la Table de Cana, réseau de neuf traiteurs-restaurateurs. L’objectif de la photographe Géraldine Aresteanu a donc fait la part belle à ceux qui renouent avec l’emploi (et à leurs accompagnateurs) au sein de ce qui est aussi une PME d’insertion sociale et professionnelle. Au fil des clichés s’expose la richesse des profils accompagnés, mais aussi les liens créés entre ces derniers et les équipes d’un traiteur que l’on ne présente plus… De quoi rendre compte d’une alternative qui fait ses preuves estime Sylvie Bancilhon la directrice à Marseille, puisqu’en 2019, «70% des salariés qui ont quitté l’entreprise sont partis vers l’emploi ou la formation», détaille-t-elle. Un public préalablement orienté par Pôle Emploi, venu à l’insertion «parce qu’il n’arrive pas à trouver de poste dans une entreprise classique. Du coup, ces personnes vont venir passer en moyenne une année chez nous pour pouvoir apprendre les codes du métier, acquérir compétences et expérience». Et donc, il était important, sur le plan symbolique, d’organiser cette exposition au Palais de la Bourse, du 13 au 18 janvier dernier. «C’est la maison de l’entreprise et nous nous revendiquons comme une entreprise à part entière. Ce même si nous avons un volet social qui est très important». Même son de cloche chez Fabrice Alimi, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Aix-Marseille Provence. «Cela représente la volonté d’ouverture de la mandature de Jean Luc Chauvin, cette ouverture au monde de l’entreprise, de toutes les entreprises, qu’elles soient traditionnelles ou d’insertion». Puisque ces dernières sont forcément bienvenues au sein de l’organe consulaire, poursuit l’élu. «Quand on parle d’emploi en général et quand on parle de sujets inclusifs, donc l’insertion, tous les dispositifs, toutes les actions ont leur place au Palais de la Bourse». Itinérante par nature, l’exposition se retrouvera au mois de mars à la Cité des Métiers avant un intermède parisien.Entretien avec Fabrice Alimi vice-président de la CCIAMP fabrice_alimi_14_01_2020.mp3 |
Des projets multiples
Mais outre l’exposition, La Table de Cana, qui compte 45 salariés dont 16 permanents et réalise 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, peaufine plus d’un projet. Tout d’abord, le renforcement et le déploiement de l’action «Des Étoiles et des Femmes» qui permet à «douze femmes d’être formées au CAP de cuisine avec une alternance chez de grands chefs», explique Sylvie Bancilhon. Et puis, il y a aussi ce projet marquant, fort : l’ouverture d’un restaurant en lien avec la prison des Baumettes, où des détenus masculins, en fin de peine ou condamnés à des peines courtes, cuisineraient. Une première en France et un format déjà efficient en Angleterre et en Italie, offrant un taux intéressant de réinsertion. A Marseille, il ouvrirait au plus tard début 2021, ciblerait comme clientèle le personnel pénitentiaire dans un premier temps, puis le grand public ensuite. «Il faut bien avoir conscience que les clients du restaurant vont entrer aux Baumettes, ce qui leur permettra aussi de changer le regard qu’ils ont sur la prison et les détenus. Ils auront l’occasion de vivre ce que vivent ces derniers, puisqu’ils devront passer les contrôles d’identité, laisser leur téléphone, leurs affaires à l’extérieur pour pouvoir rentrer dans la prison». Il est à noter qu’une première expérimentation avait déjà été menée au préalable. Avec succès. «On a pu constater à la fin que la moitié des anciens détenus avaient retrouvé un emploi. Pas tout le temps un emploi pérenne, mais en tout cas, ils ont mis un premier pied dans le monde professionnel», se félicite la directrice. En revanche, la période de formation a été «confrontante et chaotique», puisqu’il a fallu s’adapter à un autre public et trouver de nouvelles modalités de fonctionnement. «Par exemple il a fallu gérer des absences nombreuses et régulières, chose qui n’arrive pas forcément si souvent dans une entreprise». Par ailleurs, en termes pédagogiques, l’équipe de la Table de Cana a dû s’adapter à un public que l’on peut qualifier «d’atypique». Alors que «les formateurs n’y étaient pas forcément préparés ». Mais, outre son engagement social, la Table de Cana avance aussi pas à pas dans le domaine environnemental. « Nous avons créé notre nouveau labo de cuisine en 2018 (montant des travaux : 600 K€ pour une extension de 300m², NDLR). Un bâtiment que l’on a voulu moins gourmand en énergie. Par ailleurs nous développons une politique de tri et de récupération de tous nos déchets beaucoup plus renforcée que ce que nous faisions jusqu’à présent ». Primée tout récemment lors des Trophées RSE, la PME a vu également en décembre dernier sa politique sociale recevoir le label Emplitude.Entretien avec Sylvie Bancilhon, directrice de la Table de Cana à Marseille sylvie_bancilhon_14_01_2020.mp3 |