Marseille -Dakar : un jumelage pour le meilleur…

Jumelées depuis 56 ans, les villes de Marseille et Dakar entretiennent un partenariat historique riche. Ce lien se voit ravivé par des initiatives répondant aux défis communs des deux territoires : la santé, l’éducation, le sport, l’environnement, le numérique et la culture. Michèle Rubirola, Première adjointe au maire, conduira cette délégation qui, du 2 au 8 décembre 2024, aura pour objectif de bâtir des projets concrets dans ces domaines pour améliorer les conditions de vie, promouvoir les valeurs de solidarité, d’innovation et de respect mutuel.

Destimed Dakar 1
Michèle Rubirola, conduira cette délégation à Dakar du 2 au 8 décembre 2024 (Photo Michel Caire)

Michèle Rubirola explique : « En 2022 nous avons relancé notre partenariat avec Dakar. Nous avons vu ce que nous pouvions faire ensemble pour lutter contre la précarité menstruelle qui touche aussi bien les jeunes filles de Dakar que de Marseille. Nous avons vu aussi des médecins de Dakar qui ont notamment évoqué le problème de la sexualité des femmes. Nous avons donc travaillé avec l’AP-HM dans l’objectif de soutenir la santé des femmes notamment la santé maternelle et gynécologique. L’AP-HM qui permettra de former des professionnels de santé dakarois de l’Hôpital Abass Ndao à la prise en charge complète et respectueuse des femmes excisées ainsi qu’en échographie prénatale pour améliorer le diagnostic des grossesses à risque et réduire la mortalité maternelle et infantile. » Puis de remercier la fondation CMA-CGM qui prend en le transport de matériel médical pour Dakar. « Avec ce partenariat, poursuit-elle, on va essayer d’apporter des réponses aux problèmes de Dakar et apprendre d’eux, notamment sur l’adaptation au changement climatique.» Florence Bretelle, professeur des universités, gynécologue obstétricien à l’AP-HM  souligne: « Nous sommes 15 à partir très motivés pour cette mission ».

Destimed Dakkar 3
Michel Rubirola, première adjointe au maire de Marseille et Florence Bretelle, professeur des universités, gynécologue obstétricien à l’AP-HM (Photo Michel Caire)

Une mission dense quand on sait que l’objectif de ces professionnels de santé est de permettre d’améliorer la qualité des soins, mais aussi de promouvoir une sensibilisation à long terme sur les droits et la santé des femmes. Les inégalités d’accès aux soins pour les femmes et les mutilations génitales féminines représentent une problématique de santé publique majeure au Sénégal. Des actions concrètes seront menées lors de cette mission pour améliorer la santé gynécologique et prénatale des femmes : former 30 professionnels locaux (chirurgiens, sages-femmes, psychologues, sexologues) pour assurer une prise en charge complète et respectueuse des femmes excisées. « Ils ont déjà de grandes compétences, il s’agit juste d’apporter un plus », insiste Florence Bretelle.

Des interventions chirurgicales directes seront réalisées sur 20 patientes avec l’appui de médecins marseillais, pour des soins immédiats et un transfert de compétences ; former des professionnels de santé sénégalais en échographie prénatale pour améliorer le diagnostic des grossesses à risque et réduire la mortalité maternelle et infantile ; un don de matériel médical au service Mère-Enfant de l’Hôpital Abass Ndao à Dakar.

Michèle Rubirola rappelle : « En janvier 2023, une délégation de la ville de Marseille s’était rendue au Sénégal pour aider la ville à lutter contre la précarité menstruelle et agir en faveur de la santé des jeunes filles, et de l’égalité entre les femmes et les hommes. En juin 2023, sur ce même sujet, une délégation sénégalaise a été accueillie à Marseille. Cette mission Dakar 2024 voit également la concrétisation d’un rapprochement acté en 2023 entre l’AP-HM et des établissements hospitaliers publics de Dakar. » Elle signale également : « Nous travaillons aussi pour accueillir des étudiants en stage et pour que des étudiants de chez nous aillent en stage là-bas pour découvrir à quel point ce que font les soignants avec les moyens dont ils disposent est exceptionnel.»

JO 2024 à Marseille et JO de la Jeunesse 2026 à Dakar : concilier sport et environnement

En 2024, la ville de Marseille a accueilli l’arrivée de la flamme Olympique, puis les épreuves de voile et de football des Jeux Olympiques Paris 2024. À cette occasion, le stade nautique du Roucas Blanc a été entièrement rénové en incluant l’exigence de la protection de la biodiversité marine, la ville de Marseille a également installé un village « Club 2024 » entièrement écoresponsable sur ses plages. Forts de cette expérience, les services de la Ville vont aider la Ville de Dakar, qui accueillera les Jeux Olympiques de la Jeunesse 2026, à créer des infrastructures sportives écoresponsables.

Cette collaboration se veut le premier pas vers un partenariat durable qui positionne Dakar comme un modèle en Afrique pour l’organisation de manifestations sportives respectueuses de l’environnement. La mission Dakar 2024 de la ville de Marseille prévoit : la collaboration technique pour la mise en place de villages olympiques écologiques, avec des infrastructures démontables, des énergies renouvelables (panneaux solaires) et des solutions zéro déchet (toilettes sèches) ; des échanges d’expertise sur l’inclusivité des événements sportifs, avec un accent particulier sur la participation des jeunes et des familles.

Œuvrer ensemble à préserver l’environnement et à protéger les littoraux

Marseille et Dakar, toutes deux villes côtières, entretiennent un lien privilégié avec leur littoral. Les défis qu’elles rencontrent pour faire cohabiter une activité économique durable et la préservation des écosystèmes littoraux sont communs, comme l’érosion ou les risques d’inondations. Les deux villes entendent améliorer leur résilience climatique en mer comme sur terre par le partage de solutions inspirées de pratiques éprouvées. Réintroduire les espèces aquatiques dans leur habitat en créant des nurseries, sanctuariser des zones pour permettre à la faune marine de s’abriter et se développer, réintroduire la nature en ville partout où cela est possible, c’est le partage de ces expertises que la mission Dakar 2024 doit favoriser : par la planification de projets pilotes pour la gestion durable des littoraux (restauration d’écosystèmes côtiers, lutte contre l’érosion) ; par une réflexion conjointe sur des aménagements urbains intégrant des espaces verts pour rafraîchir les centres urbains. Lutter contre la fracture numérique à Dakar Levier essentiel pour le développement urbain et social, le numérique est également un marché pourvoyeur d’emplois d’avenir pour lesquels les besoins vont aller en grandissant.

Réduire la fracture numérique

Lors de cette mission, 50 jeunes vont être formés à ces métiers, d’autre part, la connectivité dans les zones stratégiques de Dakar va être accrue, l’ambition étant à la fois de réduire la fracture numérique et de former une nouvelle génération de techniciens qualifiés grâce : au lancement du programme « Les plombiers du numérique », qui forme des jeunes défavorisés aux métiers d’installation et de maintenance de réseaux numériques ; à l’installation d’antennes relais temporaires à Dakar, notamment pour accompagner les besoins des Jeux Olympiques de la Jeunesse. Créer des passerelles éducatives entre Marseille et Dakar Établir un lien de partenariat pérenne entre les deux villes passe par l’éducation, vecteur essentiel de coopération entre Marseille et Dakar, pour rapprocher les petites marseillaises et petits marseillais des petites dakaroises et petits dakarois.

Jumelage entre écoles primaires

En connectant des écoles des deux villes, l’objectif poursuivi est de promouvoir la compréhension mutuelle entre les enfants de Marseille et Dakar, et d’enrichir les pratiques pédagogiques. Une centaine d’élèves et plusieurs enseignants seront impliqués dans des échanges qui renforceront les liens entre les communautés des deux villes : par le jumelage entre écoles primaires et la mise en place de correspondances entre élèves pour échanger sur leurs cultures et apprendre ensemble ; par des ateliers éducatifs communs et l’organisation de projets artistiques, scientifiques et linguistiques avec des enseignants formés aux thématiques interculturelles. Les échanges culturels comme vecteurs d’inclusion. La culture est un langage qui relie les individus par-delà les frontières et permet la compréhension mutuelle.

Marseille et Dakar, riches de leurs diversités, misent sur les échanges artistiques pour renforcer leur lien et leur collaboration. Ainsi, elles visent un rayonnement et une reconnaissance à l’international en démontrant qu’elles sont des lieux de culture. Lors de cette mission, le partage artistique entre les deux villes se verra renforcé via : des résidences croisées d’artistes pour stimuler la créativité et partager les savoirs ; la collaboration sur des projets emblématiques tels que la Biennale de Dakar, avec un focus sur la musique, les arts visuels, et les industries créatives. Plus qu’une simple visite diplomatique, cette mission doit établir une vision commune de la ville inclusive, durable et résiliente. Marseille et Dakar, à travers cette coopération renforcée, montrent ensemble comment relever les défis urbains actuels en mettant l’humain et l’innovation au centre de leurs actions.

Michel CAIRE

Articles similaires

Aller au contenu principal