Publié le 16 mars 2021 à 9h49 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h31
Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, président de Régions de France et Hervé Martel, président du Directoire du Grand Port Maritime de Marseille et François de Canson , le président du Comité régional de Tourisme (CRT) Provence-Alpes-Côte d’Azur ont célébré la restauration des cinq grues dites les « Élégantes » de la Digue du Large. Hautes de plus de 40 mètres, elle vont connaître une nouvelle vie grâce à l’association « Sites et Monuments », qui s’est mobilisée pour leur sauvetage.
Après trois années de travaux et plus d’un million d’euros investi, l’avenir des Élégantes est aujourd’hui assuré. Sauvées pour la deuxième fois après avoir échappé au ferraillage en 2001, elles sont le symbole du patrimoine industriel exceptionnel de Marseille. Ces géantes de plus de 40 mètres de haut, mises en service en 1961 afin d’accompagner le développement de l’activité portuaire sont des éléments emblématiques de la carte postale marseillaise. La sauvegarde des Élégantes était un enjeu patrimonial majeur.
Elles sont le témoignage du savoir-faire des ingénieurs qui concevaient des engins de levage élaborés et sur mesure, parfaitement adaptés aux installations du port phocéen. Occasion pour Renaud Muselier de dire, une nouvelle fois, l’importance qu’il accorde au fait que cette restauration «soit le premier pas vers la réouverture au public de la Digue du Large.». L’élu rappelle: «le lieu a été ouvert au public jusqu’à la guerre d’Irak et au Plan Vigipirate qui s’en est suivi. Le Plan Vigipirate a pris fin mais on ne peut toujours pas revenir». Hervé Martel entend le propos: «Des questions de sécurité se posent mais rien d’insurmontable. C’est un dossier à faire avancer avec l’ensemble des collectivités et non un sujet à polémique».
«Le port s’est développé à partir du XVIIe siècle»
L’historienne Judith Aziza, dont les travaux portent sur l’histoire de Marseille, rappelle que le port s’est développé à partir du XVIIe siècle pour prendre son envol au XIXe. Il se développe d’abord vers le Pharo puis vers la Joliette avant de poursuivre son développement au Nord. La Digue se développe au fil du temps, suivant les évolutions du Port, pour faire 7 km de long aujourd’hui. A la Libération on réarme le port et c’est en 1961 que les Élégantes arrivent. Elles au nombre de 18, pèsent 7 tonnes chacune, et sont en activité. Preuve du savoir-faire présent sur le port, on les électrifie et on les rend mobiles au fil du temps. Elles peuvent soulever des charges jusqu’à 6 tonnes. Lorsque leur temps de service est fini cinq sont conservées et installer sur leur emplacement actuel. Mais le temps, l’humidité font leur œuvre. Des travaux s’imposaient.
«le trait d’union entre la ville et le port sur leur écrin que constitue la digue du Large»
Du remplacement d’éléments structurels en acier endommagés par les années et les embruns à la réfection de la protection contre la corrosion des édifices, en passant par le remplacement des anciennes cabines de conduite, des mécanismes et des accès y conduisant, tout a été mis en œuvre afin d’assurer la longévité des Élégantes et rendre possible leur nouvelle inauguration. A travers cet effort commun, la Région Sud et le port de Marseille Fos envoient un signal fort sur la réussite de leur collaboration passée et future. «Le port s’est engagé aux côtés de la Région pour la rénovation des Élégantes en 2018, c’est aujourd’hui chose faite. Ces grues-patrimoine, exposées sur la digue du Large depuis 20 ans, font partie du paysage visuel des Marseillais et leur mise en beauté les projette sur le devant de la scène pour quelques décennies supplémentaires. Elles sont le témoignage vivant de l’histoire maritime du port de Marseille-Fos, de cette vocation commerciale qu’aujourd’hui plus que jamais il entend conserver dans son ADN. Iconiques, elles sont aussi le trait d’union entre la ville et le port sur leur écrin que constitue la digue du Large, où les projets de mixité des usages vont se développer dans les années à venir», déclare Hervé Martel.
«Les Elégantes continueront de veiller sur les navires du port»
«En 2018, dans le cadre de notre Plan Patrimoine, avec les élus de ma majorité et le directoire du Grand Port Maritime de Marseille, nous nous sommes engagés à restaurer ces cinq monuments de l’histoire marseillaise. Il m’était insupportable de voir notre patrimoine industriel dépérir et je ne pouvais imaginer la digue du large sans ses Élégantes. Elles incarnent un passé industriel du Port qui me tient à cœur. Il était inconcevable de les laisser être démantelées. Elles marquent les esprits des Marseillais et de tous ceux qui visitent notre ville. Je l’avais dit à l’époque, je l’affirme encore aujourd’hui, je suis un président qui protège le patrimoine de sa région et qui ne ferme pas les yeux sur 2 600 ans d’histoire. Le patrimoine d’une ville comme Marseille et du Port qui a fait sa renommée se mesure à la hauteur de toutes les époques traversées et aucune ne peut être sacrifiée. Trois ans plus tard, cet engagement est tenu. Les Élégantes continueront de veiller sur les navires du port», relate Renaud Muselier.
Il tient à remercier«l’ensemble des associations mobilisées à l’époque, pour que nous ne perdions pas le fil de notre histoire portuaire. Parmi les personnalités mobilisées, il y avait Sandrine Rolengo. C’est aussi grâce à votre amour de ce patrimoine que tout a été possible. Enfin, je veux remercier, et surtout féliciter, Frédéric Foli et Mickaël Manachevitch de la société Adrénaline, pour cette restauration exceptionnelle. Le résultat est simplement époustouflant, digne de cette immense épopée portuaire qui caractérise Marseille et sa région».
Michel CAIRE