Ce procès était attendu depuis 6 ans par les familles des victimes. C’est le procès de l’habitat indigne. 40 000 logements sont concernés à Marseille. Les huit morts de la rue d’Aubagne, le 5 novembre 2018, ont servi d’électrochoc dans une ville qui s’accommodait assez bien de la situation.
Une grande Attente
Les 87 parties civiles attendent beaucoup de ce procès. Elles veulent des réponses à leurs interrogations. Veulent la vérité et la justice. Imane a perdu sa mère dans l’effondrement de l’immeuble. A un autre horaire lui et son petit frère auraient aussi été ensevelis. « Pour nous ça va être une épreuve, confie-t-il. On va voir les prévenus. Il y a des choses qui vont se dire. Cela va nous rappeler ce qui s’est passé le 5 novembre 2018. Pour nous ce drame-là on aurait pu l’éviter.»
Une prise de conscience
Pour Anissa Harbaoui, membre du collectif du 5 novembre et de l’association des délogés :«Il y a déjà un avant et un après la rue d’Aubagne. Tous les habitants se sont rendus compte qu’ils pouvaient mourir dans l’effondrement de leur immeuble. Cela a été une prise de conscience. Malheureusement les victimes de la rue d’Aubagne sont les porte-paroles invisibles de ce combat.»
Une chaîne d’irresponsabilité
« Le tribunal le sait, tout le pays regarde ce qui se passe là, indique Kevin Vacher, membre du collectif du 5 novembre. Pour lui: « C’est toute la chaîne de l’irresponsabilité des acteurs de l’habitat indigne qui est mise en procès. Donc c’est un message s’ils sont condamnés à des peine exemplaires que de dire à tous les mal-logés du pays que des experts, des syndics, des bailleurs sociaux, des élus peuvent être mis devant leurs responsabilités ».
Un plan Marshall
Ce procès fera sans doute avancer les choses mais il ne suffit pas pour Kaouther Ben Mohamed, présidente de « Marseille en colère ». «C’est le procès de la rue d’Aubagne mais je rappelle que selon un rapport de 2015, 100 000 Marseillais vivent dans 40 000 logements indigne. C’est un plan Marshall qu’il faut et personne n’en prend la mesure. Rien d’ampleur n’a été fait depuis le drame ».
Droit dans ses bottes
Seul élu de l’ancienne majorité Gaudin à comparaître, Julien Ruas est selon son avocat « droit dans ses bottes ». Pour Me Erick Campana son client « aborde son procès sereinement, il espère qu’il sera relaxé. Il ne va pas courber l’échine et se dire coupable alors qu’il estime n’avoir rien fait ».
Aux côtés des 4 prévenus renvoyés devant le tribunal, huit autres personnes pourraient être cités à comparaître si le président du tribunal correctionnel valide la requête des parties civiles.
Reportage Joël BARCY