Publié le 5 juillet 2015 à 20h02 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h19
C’est avec son frère, Pierre-Louis, que Solange Biaggi, adjointe au maire de Marseille a fait partager son admiration pour son père à l’occasion de l’inauguration d’une rue portant le nom de Joseph Biaggi. Occasion de retracer une tranche de vie, intimement liée à l’histoire de Marseille, de son économie. Tout deux ont tenu a remercié Jean-Claude Gaudin ainsi que Xavier Pallou, initiateur de ce projet. Les mots sont forts: «Vous deux qui avez connu notre père et notre sœur Annie, partie voilà un peu plus d’un an, merci encore, car c’est un sacrement que vous offrez à notre père et à notre famille». Puis de rappeler l’histoire de Joseph Biaggi, né à Porto Rico, le 22 novembre 1914, deuxième enfant d’une famille qui comptera 8 frères et sœurs. La famille revient en Corse alors qu’il a 4 ans. Il poursuit ses études au lycée de Bastia puis à Marseille au lycée Lacordaire. Il entreprend des études de Droits et de Sciences politiques à Paris, tout en s’occupant avec son frère aîné, de ses autres frères et sœurs à la suite du décès prématuré de ses parents. Après avoir participé à la seconde guerre mondiale en tant que capitaine d’artillerie, il sera fait prisonnier sur le front et passera plus d’un an en captivité. Il sera libéré comme soutien de famille en juillet 1941. C’est en septembre 1941 qu’il commence à travailler à la Société Hôtelière de Ravitaillement Maritime (SHRM) fondée par Joseph Calizi, «notre arrière grand-père» et Louis Altieri, notre grand-père dont le métier était alors la restauration à bord des navires. «Il prendra la direction générale du groupe Altieri Biaggi en 1967 jusqu’en 1980». En 1944 il s’est marié avec Gabrielle Altiéri, fille de Louis Alriéri. Ils auront cinq enfants. A l’heure de la parité, Joseph Biaggi «était aussi en avance sur son temps. Il a fait tout au long de sa vie la promotion des femmes… C’est vrai qu’il n’avait pas trop le choix puisque sur 5 enfants, les 4 premiers sont des filles».
«Seuls, nous ne sommes rien et unis nous gagnons»
Solange Biaggi d’indiquer: «C’est ainsi qu’Annie, l’aînée, devint directrice générale du groupe Altieri-Biaggi; Nicole Biaggi, directrice de la maison de retraite du groupe et notre sœur Marielle s’expatria aux quatre coins du monde avec son mari pour faire fructifier le groupe à l’étranger». Précisant : «La réussite de notre père s’inscrit dans la réussite d’un groupe familial. Nos parents étaient les aînés de leur famille respective, ils ont toujours su rassembler, faire l’unité familiale». Forte de ces exemples, elle considère: «Seuls, nous ne sommes rien et unis nous gagnons. Tout en respectant la place de l’intelligence, la créativité et l’énergie de chacun. Je mettrai tout au long de ma vie politique cet exemple en avant. Marseille représente ce brassage, cette diversité, cette richesse, mon père l’avait entendu et ma mère aussi».
C’est aujourd’hui en tant que fondateur du Crédit Universel que Joseph Biaggi est honoré. Une société qui a vu le jour en 1955, s’est développée pour devenir en 1980 le quatrième groupe bancaire français de crédits spécialisés. Il a rejoint pour pérenniser et démultiplier ce développement le réseau bancaire de l’UAP et maintenant de la BNP pour être un des socles fondateurs de BNP Lease qui a toujours une forte activité sur le pôle de Marseille.
«Des recherches de diversifications sont lancées»
En 1954, le groupe SHRM fait une analyse de sa stratégie. Le marché du ravitaillement maritime est devenu mature et va probablement décroître rapidement. Des recherches de diversifications sont lancées par Joseph Biaggi et Louis Altiéri. La plus évidente et, qui sera un grand succès, est le développement de la restauration collective sur des points fixes que ce soit sur les bases de vie à l’étranger ou dans les entreprises françaises. Mais Louis Altiéri et Joseph Biaggi ne voulaient pas dépendre d’un seul métier. Cela a continué donc par la recherche d’une opportunité dans un domaine différent. Joseph Biaggi regarde le monde évoluer autour de lui et notamment l’explosion de la consommation des ménages. Il regarde ce qui se passe ailleurs, découvre que le crédit à la consommation se développe fortement aux États-Unis. L’idée est trouvée. Il faut alors se lancer dans la recherche de partenaires et lever des fonds. Au-delà du soutien financier du groupe familial, essentiel au développement d’une activité, Joseph Biaggi considère qu’il doit s’associer pour se développer. Il constitue donc un tour de table avec des acteurs majeurs du secteur et notamment l’UAP qui sera par la suite le partenaire privilégié du Crédit Universel et qui rachètera la majorité des parts 25 ans après.
Le frère de Solange Biaggi, Pierre-Louis, prend à son tour la parole, Parisien de la famille, c’est à lui qu’il revient d’évoquer le choix de Marseille comme siège social du Crédit Universel. «Ce choix n’a jamais été un handicap dans un secteur de la Finance hyper centralisé mais plutôt un moteur exceptionnel». D ‘indiquer qu’avec sa sœur, ils tiennent à rendre hommage à leur mère: «Elle avait l’intelligence de ces femmes corses, qui savaient porter au paroxysme les talents de leur mari. Notre mère représentait aussi la discrétion, l’élégance et l’unité familiale, autant du côté de ses frères et sœurs que du côté de sa belle-famille. Elle assurait l’équilibre du couple et on pouvait dire que derrière un grand homme, il y a une grande dame, ou derrière une grande dame, il y a un grand homme». Puis de se réjouir: «Quelle fierté et quel honneur que cette Rue Joseph Biaggi se situe dans ce troisième arrondissement, secteur qui, je pense, est l’avenir de Marseille». Avant de conclure par la devise de Joseph Biaggi : «Que Dieu m’accorde assez de sérénité pour accepter ce que je ne puis changer, assez de courage pour changer ce que je peux changer et assez de sagesse pour distinguer l’un de l’autre».
Michel CAIRE