Publié le 2 février 2018 à 20h19 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h56
Avis de tempête juvénile en haut de la Canebière ; du force 4 ou 5 à la mode écolière à trois reprises en deux jours à l’Odéon pour «Un Barbier», opéra d’un peu plus d’une heure d’après Le Barbier de Séville de Rossini. Trois fois 800 écoliers de cours préparatoire, moyen ou élémentaire venus découvrir tous yeux et oreilles ouvertes, un spectacle différent de ce qu’ils voient au quotidien à la télé. Pas sûr que tous aient saisi les nuances du livret ou compris l’histoire du barbon qui veut épouser la délicieuse Rosine, elle même convoitée (et convoitant) le charmant comte Almaviva, mais qu’importe tous ont visiblement pris du plaisir, les cris joyeux et la banane étant de rigueur à la sortie. Il faut dire que cette adaptation, coproduite par huit maisons d’opéra avec la collaboration du Centre Français de Promotion lyrique est une belle réussite, ne passant pas à côté des grands airs de l’ouvrage. Avec un tour de force signé Damien Robert, le metteur en scène, qui fait vivre tout son monde avec dynamisme sur quelques mètres carrés. Décors intelligents, lumières soignées : il n’en faut pas plus pour capter l’attention des petits et des grands. Dans la fosse onze musiciens, tous solistes des pupitres à l’Orchestre de l’Opéra de Marseille sont dirigés par Adrien Perruchon. Ici aussi, c’est le dynamisme qui prévaut, avec un très beau son. C’est du minimalisme, certes, au niveau de l’effectif, mais ça a de la gueule. Sur le plateau aussi, c’est la tempête juvénile avec une distribution qui déménage, réussissant la performance d’enchaîner quatre représentations en deux jours ! A l’applaudimètre des enfants, c’est la Rosine d’Inès Berlet qui l’emporte. Il faut dire qu’il y a beaucoup de filles dans la salle, ceci expliquant, peut-être, cela. Mais une chose est certaine, la jeune femme mérite bien ces bravi car sa prestation scénique et vocale est fort réussie. Derrière elle, toujours à l’applaudimètre, Figaro et Almaviva ne sont pas départagés. Il est vrai qu’avec son look qui décoiffe, Anas Séguin s’est mis la salle dans la poche dès son arrivée sur son tricycle-salon de coiffure. Comédien hors-pair, le baryton de 27 ans mène désormais une belle carrière liée, entre autres, à sa belle ligne de chant. Voix «de luxe», aussi, avec le ténor puissant et limpide Matthieu Justine. Un Almaviva séducteur qui a séduit… les écolières ! Le personnage de Don Basilio n’a pas été très bien cerné par le jeune public. Mais vocalement Guilhem Worms est remarquable, voix chaude et profonde pour un bel air de la calomnie. C’est Bartolo qui s’attirera les rires et les moqueries des enfants, venant saluer dans son caleçon avec de gros cœurs verts. Mais, qu’Olivier Dejean se rassure, il a parfaitement, et avec talent, tenu son rôle. L’accueil qui lui fut réservé a bien mérité un tirage de langue de sa part… Avec beaucoup d’humour. Un bon moment de musique et de joie qui nous permet de rappeler ici tout le travail effectué auprès des scolaires et des étudiants par l’Opéra et le théâtre de l’Odéon rendant accessible leurs spectacles, favorisant ainsi la diffusion et l’apprentissage de la culture des enfants et adolescents.
Michel EGEA