Publié le 4 octobre 2015 à 13h31 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h07
L’Opération d’Intérêt National Euroméditerranée, à Marseille, fête ses 20 ans et publie pour l’occasion un ouvrage «Les vingt ans d’Euroméditerranée, regards sur une métamorphose». Ses regards sont ceux, en premier lieu, de Thierry Martin qui, de 1994 à 2003 à travailler pour Euromed, d’abord dans le cadre de la mission de préfiguration puis au sein de l’Établissement public en qualité de directeur délégué au projet. Il a également été professeur associé à l’Université et romancier ; avec lui, des écrivains tels Metin Arditi, Jean Contrucci, Franz Olivier Giesbert, Philippe Gimbert, Karine Tuil et Didier Van Cauwelaert ont contribué à cet ouvrage qui retrace une aventure rare dont Thierry Martin décrit les enjeux : «Comprendre Marseille. L’aimer. Interrompre cette menace de chute, lui rendre son rayonnement passé, accroître sa richesse collective mais, en prenant garde à son âme. La rendre plus forte, plus belle, mais ne jamais oublier ses racines, son histoire, ses équilibres, ses chers travers eux-mêmes…». Bernard Morel, le président d’Euromed, revient sur cette histoire: «Il s’agit d’une saga avec ses héros, ses coups de théâtre». Et d’apprécier: «Vous avez tout dit sur cette ville bien plus complexe que ne le laisse croire son image trop souvent terni». Puis, il remercie Thierry Martin pour son récit «qui ne manque pas d’humour et est teinté d’un cynisme rafraîchissant». Le directeur général de l’établissement, François Jalinot, avance pour sa part : «La ville, il y a ceux qui en parlent et ceux qui la font, Thierry Martin a fait les deux, il explique les rouages, les finalités».
«Une histoire d’hommes, de femmes, de collectivités, d’une population»
«Il ne s’agissait pas d’écrire un livre technique, poursuit Thierry Martin, mais de relater une histoire d’hommes, de femmes, de collectivités, d’une population».
C’est au tour des auteurs de s’exprimer. Pour Philippe Grimbert, écrivain mais aussi psychanalyste : «Marseille est un personnage de roman. Je n’aimais pas Marseille, c’est à dire que ma relation est plus complexe que la fascination-répulsion. Et c’est la culture qui me l’a fait aimer». Didier Van Cauwelaert évoque sa découverte des quartiers Nord de Marseille grâce à un enseignant, son Prix Goncourt pour « Un aller simple », né dans cette école. Célèbre à son tour «ses hommes et ses femmes qui ont mis leur énergie dans ce projet». Metin Arditi se souvient de l’Istanbul de sa jeunesse lorsqu’il est à Marseille. «Cet Istanbul était éminemment cosmopolite avec des Russes, des Italiens, des Arméniens, des Juifs. Et toutes ces communautés vivaient en paix. Elles ne sont plus à Istanbul, elles sont toujours à Marseille où elles vivent toujours en paix. Ce qui me frappe ici, c’est que les communautés qui se sont installées dans cette ville sont de leur communauté d’origine et, Marseillaise alors que cela n’a jamais été le cas à Istanbul. Sans cette réussite marseillaise Euromed n’aurait jamais pu se construire». Il revient au régional de l’étape, Jean Contrucci de conclure : «Marseille a connu des hauts et des bas comme aucune autre ville de France. Et elle fabrique son avenir à quelques mètres de l’endroit où des Grecs venus d’Asie Mineure ont débarqué, et les 26 prochains siècles vont se dérouler à proximité de là où tout a commencé».
Michel CAIRE