Publié le 2 février 2022 à 0h22 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 15h17
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a rencontré, ce lundi , les membres du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de Marseille avant de poser la première pierre du futur siège du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion), sur le Grand port maritime de Marseille.
Le bâtiment destiné au RAID sera livré en février 2023
Le bâtiment de 1000 m² implanté sur le Grand port maritime de Marseille est désaffecté depuis plusieurs années. Pour accueillir, les équipes du RAID, il sera restauré et une extension de 1000 m² est prévue pour accueillir les véhicules d’interventions, une salle de sport ou encore le chenil. Gérard Darmanin souligne qu’il a voulu dans ce cadre «soutenir et encourager les policiers du RAID pour le travail formidable qu’ils font sur tout le territoire national.» Ici, poursuit-il : «Il y a un très beau projet de 6M€, qu’a lancé l’État, d’un site de reconstruction d’accès direct à la mer qui leur permettra d’intervenir plus vite en cas de difficultés»
Rappelle que «les policiers du Raid sont indispensables pour le travail contre le terrorisme mais aussi le grand banditisme.» Le Premier ministre déclare que «l’ensemble de la communauté de la Police nationale est soutenue ici à Marseille contre toute forme de criminalité et singulière: le trafic de drogue».
📍Marseille
Je pose ce matin la première pierre des futurs locaux de l’antenne RAID 13.
Livrés en février 2023, ces nouveaux locaux offriront un bâtiment et un terrain adaptés aux femmes et aux hommes de cette unité d’élite au service de la protection des Français. 🇫🇷 pic.twitter.com/YzpOmw5JKi— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 31, 2022
Rencontre avec les membres du CIDFF
Le ministre de l’Intérieur, accompagné par la préfète de police des Bouches-du-Rhône, la Directrice départementale de la Sécurité Publique et le Directeur général de la Police Nationale ont rencontré les équipes des CIDFF des Bouches-du-Rhône pour un échange sur l’accompagnement des femmes victimes de violences.
«Leur action quotidienne pour accompagner les femmes ayant subi des violences est remarquable», déclare Gérald Darmanin qui précise que «plus de 60% des 4 100 policiers du département des Bouches-du-Rhône sont spécialement formés à la prise en compte des victimes de violences intrafamiliales, et nous allons continuer. L’objectif est de 100% d’ici la fin de l’année.» Indique encore: «A Marseille, 3 pôles psycho-sociaux permettent d’améliorer l’accueil des victimes dans les commissariats. Ils regroupent chacun un psychologue et un intervenant social membre de l’association départementale de l’aide aux victimes.»
J’ai rencontré ce matin les membres du centre d’information sur les droits des femmes et des familles de #Marseille. Leur action quotidienne pour accompagner les femmes ayant subi des violences est remarquable. pic.twitter.com/TsP0cwa2lB
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 31, 2022
Le Centre a rappelé au ministre de l’Intérieur qu’en 2021, les 7 CIDFF de la Région ont informé plus de 12 200 personnes sur leurs droits (droit de la famille, violences sexistes et sexuelles et droit des étrangers en premier lieu), ils ont suivi environ 1 500 victimes de violences et ont accompagné 1 000 personnes sur l’insertion professionnelle. 25 000 personnes (notamment des jeunes) ont participé à des séances de prévention sur les violences sexistes et sexuelles et sur l’égalité femmes-hommes menées par les CIDFF.
Plusieurs sujets ont été abordés durant cette rencontre concernant l’accueil et le traitement des plaintes des victimes des violences. En 2020, moins d’une femme sur 5 déclare avoir déposé plainte et plus de la moitié n’avoir fait aucune démarche. «Ainsi, appréhender les violences faites aux femmes sous ce seul prisme, c’est occulter plus de 80% des victimes. En effet, la majorité des victimes que nous accompagnons n’ont pas encore déposé plainte ou refusent de le faire. Les raisons de cette réticence sont nombreuses : elles sont sous emprise, elles craignent que la situation s’aggrave, ont peur de ne pas être crues en raison de l’absence et/ou insuffisance de preuves, ont peur des conséquences judiciaires ou a contrario du classement sans suite…», précise le CIDFF qui considère que cette réunion avec le ministre a permis «de faire remonter des exemples concrets. Il est donc important de rappeler que la plainte ne peut aboutir que si un accompagnement est effectué en amont, afin de respecter la temporalité de la victime, et de mettre en place un soutien psychologique et juridique, ainsi que la recherche d’une aide sociale et/ou matérielle. D’où l’importance des associations comme la nôtre.»
Certains dysfonctionnements ont également pu être soulignés, concernant l’accueil inadapté des victimes en commissariat : mise en doute des violences (notamment si elles ne sont pas physiques), de leur ancienneté ou de leur gravité, en raison de la tardiveté de la dénonciation des faits ou d’un retour au domicile par la victime. «Il existe encore aujourd’hui des exemples de non prise en compte des violences psychologiques, des viols conjugaux, et donc des refus de dépôt de plainte pour ces faits. L’accueil des victimes a encore un caractère trop aléatoire. La compréhension du phénomène des violences conjugales nécessite une formation spécifique, récurrente et structurelle de tous les professionnel.le.s en lien avec les victimes, par des associations locales et spécialisées à l’instar du réseau des CIDFF.»
Les membres du CIDFF ont également évoqué la possibilité du recueil de plainte «hors les murs », « notamment au sein des CIDFF pour mieux recueillir la parole de la victime et qu’elle soit plus en confiance, ainsi que la possibilité de déposer la plainte en ligne.»
Le CIDFF a donc préconisé une orientation systématique des femmes victimes de violence qui viennent déposer plainte auprès de structures spécialisées via l’inscription en bas de la plainte des coordonnées du CIDFF de proximité. « En effet, les besoins et demandes des victimes étant multiples, il est essentiel que les professionnel.le.s inscrivent leur action au sein d’un réseau partenarial en vue de favoriser une prise en charge adaptée et décloisonnée. Seul cet accompagnement pluridisciplinaire permettra à la victime de sortir du cycle de la violence et de se reconstruire.»
Anna CHAIRMANN