Publié le 24 août 2014 à 23h12 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h07
Le 29 Août 1944, Marseille est libérée. Environ dix mille Goumiers Marocains participèrent aux opérations de la 1ère armée française dans le Sud et l’Est de la France. Leur rôle fût décisif dans la libération de Marseille. Pour leur rendre hommage, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, Sénateur des Bouches-du-Rhône, ce 24 août, a inauguré le monument de la Koumia à la gloire de ces combattants morts pour la France et le Maroc et rendu hommage à l’ensemble des combattants ayant libéré la Ville de Marseille. Une manifestation lors de laquelle le Préfet de région, Michel Cadot, et Claude Sornat, Contrôleur général des armées, Président de la Koumia ont également pris la parole. A la suite de l’inauguration de la stèle, s’est tenue la cérémonie commémorative de la libération de Marseille
« Nous sommes réunis pour remercier et dire notre admiration à tous ceux qui, par leur courage et leur bravoure exceptionnelle sont venus d’outre-mer pour libérer la France de l’occupant nazi »
Le sénateur-maire déclare: «Nous sommes réunis pour remercier et dire notre admiration à tous ceux qui, par leur courage et leur bravoure exceptionnelle sont venus d’Outre-Mer pour libérer la France de l’occupant nazi».
Claude Sornat d’expliquer : «Les Goumiers (de l’arabe goum qui signifie levée) ont vu leur épopée commencer en Tunisie. Mal armés, ils sont présents lorsque la France relève ses armes». Il rend hommage à ses soldats à nul autre pareil, vêtus de djellaba, chaussés de nahallas (sandales), «ils ne craignent ni la faim, ni la soif. Ils sont des marcheurs infatigables». Précisant :« Ils sont recrutés directement par leur capitaine qui s’occupent d’eux et de leur famille».
Entre 1942 et 1945, quatre groupements de tabors (régiments), les tabors (bataillons) et goums (compagnies), s’illustrent sur les terrains d’opération, ils recevront pour cela dix-sept citations collectives à l’ordre de l’armée et neuf à l’ordre du corps d’armée. Ils combattront également en Indochine de 1946 à 1954.
Claude Sornat n’omettra pas de citer les combats. Ils libèrent la Sicile, l’île d’Elbe, jouent un rôle décisif lors de la bataille de Monte Cassino. Après le débarquement de Toulon, la libération de Marseille, ils combattront dans les Alpes, les Vosges, à Colmar, avant de participer à la campagne d’Allemagne.
Jean-Claude Gaudin, dans son intervention, revient sur les événements en Provence : «Le 5 août 1944, l’Armée d’Afrique débarque dans le Var, près de Cavalaire et à Cogolin, sous les ordres du général de Lattre de Tassigny. L’armée d’Afrique est majoritairement composée d’hommes venant d’Outre-Mer : Français d’Algérie, Musulmans d’Algérie, Marocains, Sénégalais. Tous se préparent à livrer un dur combat et beaucoup le paieront de leur sang».
«Sans attendre la libération complète de Toulon, poursuit-il, le Général de Lattre de Tassigny confie au général Goislard de Montsabert la difficile mission de libérer Marseille. De Montsabert prend le commandement de près de 12 000 hommes essentiellement issus des unités de la 3e division d’infanterie algérienne : trois groupements de tabors Marocains sous les ordres du Général Guillaume commandés par les Colonels Leblanc, Boyer de la Tour et Massot du Biest ; deux régiments de Tirailleurs Algériens sous les ordres du colonel de Linares et du Colonel Chapuis ainsi que d’autres unités : chasseurs d’Afrique, cuirassiers, zouaves ».
«La libération de Marseille a fait près de 1 000 morts et 2 000 blessés, côté Français et sans doute plus de 5 000 morts côté Allemand»
Gémenos est libéré. «Les trois groupements de Tabors Marocains et le 7e régiment de Tirailleurs Algériens font alors route vers Marseille». Les unités du Général de Monsabert se séparent et engagent la bataille de Marseille sur plusieurs fronts. Les uns attaquent le Nord de Marseille par Peypin et Château Gombert, d’autres libèrent Aubagne après avoir rencontré une très forte résistance allemande, d’autres enfin libèrent le littoral. «Deux batailles se développent, l’une à l’intérieur de la ville, l’autre en périphérie : elles sont conduites par les 3e et 7e RTA, les Groupements des Tabors Marocains. La bataille fait rage toute la journée donnant lieu à des hauts faits d’armes et au soir de ce 25 août la Basilique est libérée. Le 26 août le Parc Borély est repris : 1 200 soldats allemands se rendent après de sanglants combats au corps à corps. Marseille est libérée. Le bilan humain est lourd : la libération de Marseille a fait près de 1 000 morts et 2 000 blessés, côté Français et sans doute plus de 5 000 morts côté Allemand».
Le Maire de conclure : «Il convient que nous nous souvenions et que nous apprenions aux jeunes générations avec quel courage et quelle détermination ces hommes venus de l’autre rive de la Méditerranée ont combattu pour la liberté, pour la paix. Dans cet esprit, à partir du 10 septembre prochain, le Musée d’Histoire de Marseille évoquera la libération de notre ville. Notre reconnaissance, notre estime doivent se perpétuer aujourd’hui à travers un effort de coopération et d’échanges euroméditerranéens afin de construire un avenir de paix et de progrès pour tous».
Il revient à Michel Cadot, le Préfet de Région, de clôturer la cérémonie. Il rendra hommage «à ces soldats venus de métropole et de tous les horizons rétablir l’honneur et la liberté de la France». Il cite «Les jeunes algériens, marocains, tunisiens, habitants venus de toute l’Afrique, d’Asie, d’Amérique, du Pacifique. Ils sont les inlassables artisans de notre victoire». Il insiste sur le fait que près de «700 de ces combattants ont été tués ou blessés pour libérer Marseille. Ils ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. A travers ces soldats, ce sont les valeurs de la République qui sont célébrées». Il rappelle enfin l’importance de Marseille dans la construction des relations euroméditerranéennes et salue «l’amitié franco-marocaine ».
Michel CAIRE