Marseille. Inauguration d’une Unité d’accueil pour l’enfance en danger à l’hôpital de la Timone

Publié le 10 septembre 2022 à  10h02 - Dernière mise à  jour le 11 juin 2023 à  18h43

Un enfant meurt tous les cinq jours en France dans un environnement familial. 160 000 sont victimes d’agressions sexuelles ou de viols. Les chiffres font froid dans le dos «Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Combien d’enfants n’osent pas parler ? Ces données sont en deçà de la réalité», dévoile la secrétaire d’État chargée de l’enfance, Charlotte Caubel. Il était donc urgent qu’une UAPED (Unité d’Accueil Pédiatrique pour l’Enfance en Danger) voit aussi le jour à Marseille.

Inauguration de l’UAPED par la Première dame, Brigitte Macron (Photo Joël Barcy)
Inauguration de l’UAPED par la Première dame, Brigitte Macron (Photo Joël Barcy)
Visite officielle de l'Unité d’Accueil Pédiatrique pour l’Enfance en Danger (Photo Joël Barcy)
Visite officielle de l’Unité d’Accueil Pédiatrique pour l’Enfance en Danger (Photo Joël Barcy)

Mise en place d’un numéro d’écoute

Pour que plus de faits soient déclarés Charlotte Caubel propose de mettre en place un numéro d’écoute pour les professionnels qui encadrent les enfants notamment les enseignants des écoles. «Cela leur permettrait d’étayer leur réflexion et de les renforcer dans leur souhait de révéler les éléments perçus. Ils se disent parfois qu’ils ne sont pas bien placés pour le faire». Avec cette écoute le nombre de victimes pourrait sensiblement augmenter.

Charlotte Caubel

Aller vers l’enfant

L’UAPED c’est une inversion du paradigme. Auparavant l’enfant était promené de service en service, de personne en personne quand une suspicion de violences était déclarée. «Là, les équipes de santé, la police, la justice viennent à l’enfant. Cela change tout» indique Emmanuelle Bosdure, pédiatre et responsable de cette unité sous l’autorité du professeur Chabrol. «L’intérêt est multiple, on a l’enfant tout au long du parcours dans cette unité. On recueille la voix de l’enfant pour la police, l’évaluation médico-légale, psychologique et sociale est effectuée tout de suite. On traite plus vite les dossiers et dans un seul lieu c’est beaucoup moins traumatisant pour l’enfant».

Emmanuelle Bosdure

La première dame aux avant-postes

Brigitte Macron met toute son énergie pour soutenir ces UAPED. « Si on s’y met tous on peut aider ces enfants qui ont vécu l’indicible. Les enfants parlent très peu et ici on va les mettre dans un parcours le plus bref possible pour qu’ils soient en confiance et puissent s’exprimer. La parole sera essentielle pour la justice. C’est très inédit ce qui est en train de se passer et ce qu’on construit. L’enfant est au centre et on va l’aider. On va aussi s’atteler à la prévention pour que les enfants puissent connaître leurs droits ».

Brigitte Macron

[(

Décès d’Élisabeth II: Réaction de Brigitte Macron

La Première dame a réagi en marge de sa visite au décès de la Reine. «Je l’ai rencontrée en Cornouailles lors du G7 l’an passé. Elle avait un mot pour chaque conjoint. Elle restera la Reine. Charles III sera aussi un grand roi» )]

Alléger la souffrance de l’enfant

Pour le ministre de la Justice, cette structure « est un progrès considérable. On regarde l’enfant le comportement de l’enfant car parfois il est aussi parlant que les mots qu’il a du mal à prononcer. Il y a un enregistrement qui est ensuite transmis à la justice. On allège la souffrance de l’enfance qui arrive déjà dans les locaux avec une très grande souffrance ».

Éric Dupond-Moretti

Il faut plus de moyens

Son association, “la Voix de l’enfant”, se bat depuis 22 ans pour créer des structures d’accueil pour les enfants victimes de violence. « C’est un facilitateur et un poil à gratter » dixit sa président Martine Brousse. L’inauguration de l’unité marseillaise va dans la bonne direction mais « on manque de moyens «. Martine Brousse en a fait part au garde des Sceaux à son arrivée. « Sans les professionnels ces structures n’existeraient pas. Il faut que la justice se donne aussi les moyens pour qu’un enfant qui fait des révélations à 6 ans n’est pas droit à un procès à 13 ou 14 ans ».

Martine Brousse

L’UAPED se situe dans le centre hospitalier de la Timone enfants. L’accueil est du lundi au vendredi de 8h30 à 18 heures. Reportage Joël BARCY [(

Propos déplacés ou audace nécessaire?

Dans l’effervescence de cette matinée nous n’avons pas eu le temps de prendre son nom. Au service communication personne n’a pu ou voulu nous le donner. Elle restera donc anonyme. Profitant de la venue de Brigitte Macron, cette femme qui appartient au corps médical s’est avancée pour s’adresser à la Première dame sur le parvis des locaux réservée aux enfants à la Timone. En retrait certains de ses collègues y ont vu un geste déplacé, une intervention hors propos. Sans nul doute la direction de la Timone aussi qui s’est empressée de redresser la barre devant l’épouse du Président de la République.

« Nos collègues fuient l’hôpital »

Qu’a dit et fait cette femme ? Elle a interpellé Brigitte Macron, d’une voix posée, sans animosité, a mentionné qu’«il faut vraiment augmenter les salaires. On n’arrête pas de voir nos collègues fuir l’hôpital car ils n’en peuvent plus. C’est tout ce qu’on voulait vous dire…» La phrase est à peine achevée que le directeur reprend le flambeau pour mettre un terme aux propos de l’importune et vanter un hôpital «qui a tenu le coup cet été aux urgences malgré les difficultés ». Certes la Première dame venait inaugurer une unité pour les enfants victimes de violences et pas pour entendre des revendications salariales et humaines à la fois. Faut-il alors parler de propos déplacés ou de courage ? Quelles conséquences cette audace aura-t-elle vis-à-vis des collègues ou de la hiérarchie ? Elle n’a pas porté atteinte à la République et cela ne méritait sans doute pas d’abréger son intervention. Joël BARCY )]

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