Publié le 5 septembre 2021 à 19h28 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 14h55
Le Président Emmanuel Macron a lancé le Congrès mondial de la nature de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) à Marseille. Il a notamment annoncé que la France allait porter à 5 % les zones de protection forte en Méditerranée, soit 25 fois plus qu’aujourd’hui…
Le Président de la République a ouvert ce vendredi 3 septembre à Marseille le Congrès mondial de la Nature, insistant sur son importance car: «Il n’y a pas de vaccin face à une planète malade». Après le One Planet Summit biodiversité qui s’est tenu à Paris en janvier, il s’agit de la principale étape internationale avant la COP 15 de Kunming (Chine) devant aboutir à un accord mondial ambitieux sur la préservation de la biodiversité.
Protection des océans et sortie accélérée des pesticides
Avant même cette ouverture, Emmanuel Macron- à l’issue d’une visite du Parc national des calanques- s’est exprimé depuis le port de Marseille. Il a rappelé la nécessité de changer les usages pour faire face à la pollution. En janvier 2022, la France deviendra l’un des premiers pays à supprimer les emballages en plastique autour des lots de fruits et légumes. Le Président a également annoncé: «60 % de la surface des océans ne dépend d’aucune juridiction, laissant certains États détruire la biodiversité. Dans les prochains mois, la France réunira scientifiques, acteurs économiques et régionaux, et Nations unies pour un One Ocean Summit avec comme objectif: protéger nos océans». Le chef de l’État annonce également: «En 2022, la Présidence française du Conseil de l’Union européenne portera une initiative de sortie accélérée des pesticides. Pour protéger nos sols, nos activités agricoles. En accompagnant nos agriculteurs».
Le Président de la République explique sa méthode pour faire de la France un acteur clef de la protection de la biodiversité mondiale. Il est ainsi revenu sur l’action qui est menée localement, à partir de l’exemple de la sauvegarde des écosystèmes remarquables qu’abrite la cité phocéenne. «Les aires marines et naturelles protégées sont utiles. Je l’ai vu dans les calanques avec celles et ceux qui œuvrent pour étudier et alerter. Quelques années après la création de la zone de protection forte, la biomasse a doublé. En protégeant, on fait revivre des écosystèmes», insiste-t-il. Il a également souligné ce qui est fait au niveau national ainsi qu’européen, en particulier dans le travail conjoint de la France avec ses voisins méditerranéens pour préserver cette mer «que nous avons en partage».
Le chef de l’État a tenu à identifier les initiatives à poursuivre ou à mettre en œuvre pour que «la relance post-Covid soit verte», pour que la mobilisation mondiale en amont de la COP15 «soit à la hauteur du défi de la protection de la biodiversité» et, pour que les liens entre nature, climat, et santé humaine «soient pleinement reconnus». Rappelle le dernier rapport du GIEC qui confirme une accélération des impacts du changement climatique partout sur la planète, «il est indispensable de protéger nos écosystèmes tant les océans, les forêts, les terres agricoles, offrent des solutions de transition climatique et influencent la santé humaine.»
Protéger nos territoires, nos océans
Lors de sa présidence du One Planet Summit dédié à la biodiversité à Paris le 11 janvier 2021, la France avait annoncé le lancement d’une Coalition pour la Haute ambition pour la Nature et les Peuples ayant pour objectif de classer comme aires protégées 30% de la surface du globe à l’horizon 2030. Cette coalition accueille désormais plus de 60 pays. La France prend sa pleine part dans ce défi. L’objectif de 30% d’aires protégées est déjà atteint pour son territoire terrestre. Grâce aux efforts fournis, ce même objectif sera atteint début 2022 pour le territoire maritime.
La France a par ailleurs adopté, dans sa loi Climat et résilience, l’objectif de placer 10% de son territoire national en protection forte, consistant à exclure ou à fortement limiter toutes les activités humaines susceptible de compromettre la conservation des espaces.
Une attention particulière pour la Méditerranée
La Méditerranée accueille l’une des plus riches biodiversités au monde. Bien que représentant seulement 0,7% de la surface océanique mondiale, elle abrite plus de 17 000 espèces recensées, soit 8% de la faune et 18% de flore mondiales. «Une Méditerranée particulièrement fragile sur laquelle les menaces s’accumulent.»
La France met en place les mesures afin de préserver cette richesse, avec plus de 50% des eaux nationales en Méditerranée déjà couvertes d’aires marines protégées. Un dialogue est engagé avec les acteurs locaux, en particulier les pêcheurs, afin de renforcer la protection des écosystèmes remarquables en Méditerranée, tout en prévoyant les mesures d’accompagnement nécessaires à cette transition.
De même, la France travaille étroitement avec ses voisins méditerranéens, notamment via le Plan d’action pour une Méditerranée Exemplaire, annoncé par le Président de la République lors du One Planet Summit de janvier 2021. «A travers ce plan, les pays du pourtour méditerranéen travaillent conjointement pour la préservation de la biodiversité marine, la réduction des impacts de la pêche, la lutte contre les pollutions marines, et la durabilité du transport maritime.»
Des initiatives pour les océans
Les océans sont le meilleur exemple des synergies à développer dans lutte contre le dérèglement climatique et pour la sauvegarde de l’environnement. En effet, les océans absorbent plus d’un quart du CO2 émis par l’Homme, et produit la moitié de l’oxygène que nous respirons. Mais les pollutions, l’exploitation humaine et le transport maritime ont gravement dégradé l’état des écosystèmes aquatiques desquels nous dépendons.
Formée dans le cadre du One Planet Summit et soutenue par la France, la coalition « SAILS » regroupe désormais 14 compagnies maritimes œuvrant à la réduction de leur impact environnemental via des démarches volontaires allant au-delà de la réglementation (réduction des émissions et des rejets polluants, protection des mammifères marins).
La préservation des pôles
La protection de l’Arctique revêt une importance majeure alors que le 6e rapport du GIEC confirme la disparition progressive d’une grande partie de la banquise dans les prochaines années. «Cette fonte pourrait en outre entraîner une intensification du trafic maritime dans la zone et attiser encore davantage les convoitises sur l’exploitation de son sous-sol.»
Le Président de la République entend ainsi engager un intense travail diplomatique afin de s’assurer que la mobilisation de la communauté internationale est à la hauteur du défi de la protection de l’Arctique.
La France s’est également saisie de l’enjeu de protection de l’Antarctique, en accueillant la 43e réunion consultative du Traité sur l’Antarctique (RCTA) en juin dernier. Elle porte le projet de création de nouvelles aires marines protégées en Antarctique.
Lutter contre la pollution plastique
«C’est une nécessité, nous devons réinventer nos politiques commerciales pour qu’elles soient cohérentes avec nos politiques climatiques et de biodiversité», lance le Président. Il affiche ainsi la volonté de se positionner par sa loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Loi AGEC), comme un modèle mondial de lutte contre le plastique à usage unique. Cette loi a incité de nombreuses innovations technologiques, comme en témoigne l’invention en France de la première bouteille de lait opaque 100% recyclée. Elle entraîne également d’importantes évolutions dans nos modes de consommation. A titre d’exemple, «les emballages en plastique des fruits et légumes pour des lots de moins d’1,5 kg disparaîtront en France au 1er janvier 2022.»
Ces efforts français vont se poursuivre via un nouveau Plan d’Investissement qui sera bientôt présenté en détails et qui viendra apporter un soutien à l’industrie française du plastique pour développer le recyclage et le ré-emploi.
Au plan international, le défi du plastique pourra connaître un tournant décisif alors que la prochaine Assemblée des Nations unies pour l’environnement, en janvier 2022, verra s’ouvrir des négociations pour un traité international sur la pollution plastique. La France s’affirme, aux côtés du Costa Rica qui porte ce projet, comme l’un des plus fervents défenseurs de ce traité international.
Engagement pour les forêts
Les forêts abritent 80% de la biodiversité terrestre. Elles assurent la santé de la planète et sont un allié indispensable dans la bataille climatique. Or la déforestation s’accélère : entre 1990 et 2015, ce sont 129 millions d’hectares de forêt qui ont été détruits.
Avec sa stratégie nationale sur la déforestation importée (2018), la France a été le premier pays au monde à reconnaitre que ses importations de certains produits agricoles (soja, huile de palme, cacao, etc.) causent de la déforestation, et a décidé d’y mettre fin d’ici 2030.
La France a de même porté cet enjeu sur les scènes internationales et européennes. Lors du Sommet du G7 à Biarritz et de l’Assemblée générale des Nations unies en 2019, le Président de la République avait initié une plus grande mobilisation de la communauté internationale pour la protection des forêts, qui s’est matérialisée par la création de l’Alliance pour la préservation des forêts tropicales. Celle-ci compte désormais une trentaine membre, dont la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui abrite le 3e plus grand espace au monde de forêt tropicale intacte. De même, la France entend activement soutenir la prochaine proposition législative européenne pour lutter contre la déforestation importée et devant garantir aux citoyens européens l’accès des produits «sans déforestation».
Le Président Macron explique: «Lutter contre la déforestation c’est par exemple ne plus importer d’huile de palme quand elle est produite sur la déforestation et qu’elle nourrit cette dernière. Cela veut dire ne plus importer de soja et de protéines lorsqu’ils ont pour conséquence la déforestation de l’Amazonie». Il dénonce à ce propos l’organisation entre l’Europe et le continent américain, qui, depuis les années 60, «a construit cette dépendance protéinique». Et d’inviter «à reconstruire notre souveraineté protéinique». Il ajoute: «Cette stratégie nous l’avons bâtie en France par des investissements en mobilisant toutes nos filières. Et nos agriculteurs sont là porteurs de solutions contre la déforestation parce que l’on reproduit des protéines en France». Ainsi, annonce-t-il: «Le Plan France Relance, qui accompagne la reprise économique française et prépare la transformation de notre économie vers un modèle plus durable, contribuera à mener à bien le développement d’une filière de protéines végétales française, réduisant notre dépendance aux importations causant de la déforestation».
Accompagner l’agroécologie
Lancé lors du One Planet Summit de janvier 2021, l’Accélérateur pour « la Grande Muraille Verte » porté par la France contribue à catalyser 16 milliards de dollars de financement en faveur de la Grande Muraille Verte, vaste projet d’agroécologie sur toute la bande sahélienne. Les premiers résultats de l’accélérateur sont là, puisque 3,6 millions d’hectares de terre ont d’ores et déjà pu être restaurés grâce à l’accélérateur, soit une superficie équivalente à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les objectifs de l’initiative pour 2030 sont de restaurer 250 millions d’hectares de terres dégradées à des fins de production agricole, créer 10 millions d’emplois, et séquestrer 250 millions de tonnes de carbone.
Encourager la finance au service de la biodiversité
La France s’est positionnée comme fer de lance de la finance en faveur de la biodiversité. Ainsi, sa proposition de « Task Force for Nature-related Financial Disclosure », cadre permettant de mesurer les risques, impacts et bénéfices des activités économiques en matière de biodiversité, trouve de plus en plus de soutiens à l’échelle mondiale. Une partie du secrétariat de cette Task Force sera d’ailleurs installée à Paris, dans les locaux de l’Agence Française de Développement.
De même, la France encourage ses partenaires à la suivre en adoptant l’engagement de dédier 30% des financements pour le climat à des initiatives bénéficiant également à la biodiversité.
Michel CAIRE