Publié le 14 septembre 2017 à 9h23 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h37
A Marseille nous avons trop souvent tendance à dire qu’il ne se passe rien et qu’aucune initiative intéressante ne se produit. Nous lisons partout, et même récemment dans le très sérieux New York Times que Les piscines municipales sont fermées, que deux enfants du primaire sur trois ne savent pas nager et bien évidemment que seul le football compte. Qui n’a pas affirmé que la municipalité ne se soucie pas du sort des jeunes gens errant dans les cités des quartiers populaires ou durant les temps d’activités périscolaires ? Des lieux communs sans doute … C’est un peu une habitude que nous avons et moi même je ne suis pas en reste lorsqu’il s’agit de brocarder les institutions locales quant au soutien qu’elles peuvent apporter à des jeunes en demande. Mais faut-il sans cesse voir Marseille comme une ville faite de clichés ou faut-il se pencher sur des initiatives mises en place pour pallier ce que l’on pourrait appeler les carences supposées de la ville ? Et dans ce domaine, j’ai découvert que de bien belles choses se passent en la cité phocéenne !
J’ai donc décidé de voir, pour une fois, ces initiatives aux travers d’un prisme positif. J’ai récemment rencontré Laurent Choukroun et Frank Tortel, deux jeunes hommes aux cursus sportif et associatif conséquents. Deux références en matière d’aide et de social. A Marseille, ces deux hommes ont mis en place en 2009 une association au nom évocateur de Synergie Family. Une mise en commun de moyens pour toute la famille … D’abord uniquement orienté sur le sport et ses valeurs ils ont très vite compris que la culture pouvait aussi être associée à l’activité physique et devenir deux vecteurs de valeurs sociales et humaines. C’est donc au pied des immeubles des cités difficiles de nos quartiers qu’ils sont allés proposer leurs activités. Le taekwondo ou le rugby devenaient rapidement des moyens de se fédérer autour des animateurs de Synergie Family. Au début de l’aventure Laurent et Frank occupaient des emplois parallèles et c’est bénévolement qu’ils portaient cette initiative à bout de bras mais très vite Synergie Family allait s’imposer comme une évidence pour apporter de l’aide et du soutien à toute une population évoluant souvent loin de toutes structures sportives et culturelles. Après les enfants, les familles et notamment aux mamans qu’ils allaient proposer de participer aux activités. Ce fut un véritable succès. L’expression corporelle et le théâtre firent leur apparition et c’est lors des temps d’activités périscolaires (TAP) que ces initiatives se mirent également en place.
Synergie Family, face à son succès, devait s’organiser, se structurer. C’est donc dans le quatrième arrondissement, au 10, rue Xavier Progin, qu’un ancien atelier de carrosserie était réhabilité pour accueillir la ruche bouillonnante. Chaque matin s’y croisent des dizaines d’animateurs bourrés d’énergie et de passion. l’ambiance est chaude, bouillante parfois. On y crie, on y hurle et on s’y claque la bise avant d’aller rejoindre son école ou sa cité. Avant d’aller rejoindre les minots en attente de leurs animateurs préférés.
Ce lieu est étrange. On y passe pour y prendre un café et échanger avec des collègues et puis pour aller s’engouffrer dans l’ancienne cabine de peinture pour une réunion improvisée et ce, toujours avec le sourire. Je me suis attablé là et j’ai contemplé cette «boîte» fonctionner. Elle a ses propres codes et ça fonctionne ! Pas de hiérarchie ou si peu, pas de directives pour ces employés heureux de passer par là, de travailler pour Synergie Family. Le management mis en place par Laurent et Frank est basé sur l’auto-responsabilité et la confiance. Un modèle du genre puisque la structure fonctionne et progresse.
Mais c’est surtout à l’extérieur que l’on mesure l’impact de Synergie Family. Assurant les temps d’activités périscolaires dans quarante-cinq écoles de la Ville soit plus de cinq mille enfants par semaine auxquels il faut proposer des activités, Synergie est incontestablement ancrée dans la région et dans son domaine. Aujourd’hui, l’association propose des accueils de loisirs pendant toutes les vacances scolaires dans le 10e arrondissement de Marseille et est également mandatée par la commune de Bouc-Bel-Air pour l’organisation des accueils de loisirs et périscolaires à compter de cette rentrée de Septembre. Par ailleurs, et dans le sens de ses convictions, Synergie Family est chargée, par le bailleur social 13 Habitat, de mettre en œuvre un dispositif de lien social dans ses résidences, pour proposer des activités à fortes valeurs éducatives et sociales. Et, plus de 150 collaborateurs professionnels spécialisés dans les domaines de l’animation, de la gestion et de l’action sociale, parcourent les écoles et les quartiers populaires de Marseille pour développer les valeurs du sport et de la culture. Un franche réussite !
J’ai quitté le vieil atelier de peinture pour rejoindre mon domicile. Les yeux pleins de belles choses et les tympans encore endoloris par les hurlements des jeunes moniteurs et autres employés. J’ai découvert une belle, très belle structure associative capable de rendre le sourire à des mômes en difficulté. Le sourire d’un enfant n’est-il pas ce qui reste le plus beau ?
Plus d’info : synergiefamily.com/