C’était un rituel, chaque dernier week-end de novembre la Banque Alimentaire (BA) lançait sa collecte annuelle dans les grandes surfaces. Mais cela ne suffit plus. Désormais la BA 13 doit effectuer des collectes intermédiaires face à la pénurie de produits. Une spécificité en France tant la pauvreté gagne du terrain dans les Bouches-du-Rhône. Rencontre avec le président de la BA 13, Joseph Arakel.
Du jamais vu
« On aidait 300 étudiants en 2019, on en a 3 000 en 2025. Pour les retraités la hausse est aussi très sensible », constate Joseph Arakel, le président de la Banque alimentaire des Bouches-du-Rhône. En 2024, la BA 13 a récolté 340 tonnes de denrées alimentaires lors de sa grande collecte de novembre. 10% de plus que l’année précédente. « L’équivalent de 8 millions de repas a été distribué dans le département », précise Joseph Arakel.
Hausse de 30%
Mais cette collecte ne suffit plus. Ces chiffres témoignent d’une montée en flèche de la pauvreté. « C’est plus 30% de demandes de la part de nos associations partenaires par rapport à 2023 », souligne Joseph Arakel. Impossible de combler dans ces conditions le fossé entre demandes et offres. A cela s’ajoute une réduction des dotations financières de la part des institutions et une hausse de nombreux produits. L’ensemble fragilise sérieusement les stocks.
De l’huile et du lait
Cette collecte spécifique à partir de ce vendredi 18 avril vise uniquement deux produits : l’huile et le lait. « On n’a plus rien pour ces deux denrées. Il faut absolument que l’on puisse regarnir nos entrepôts pour alimenter les gens. Ils n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins. L’alimentaire c’est la première chose sur laquelle on s’ajuste. Le reste est prélevé et on ne peut rien faire », explique, amer, Joseph Arakel.
Des collectes inédites
Face à cette situation dramatique, la Banque Alimentaire des Bouches-du-Rhône va opérer 3 collectes dans l’année : printemps, été et automne avec des denrées cibles, absentes des entrepôts. C’est du jamais vu. Pour ce week-end, il s’agit de l’huile et du lait. « Cet été ce sera la farine, le sucre, les conserves notamment de poissons, énumère le président de la BA 13. Seule la générosité des gens permettra de combler les vides ».
Manque de bénévoles
L’autre problème, pour la BA 13, c’est le manque de bénévoles. « On en a 200 réguliers mais il nous en faut beaucoup plus pour les opérations de collecte. Ce week-end sur 500 magasins alimentaires dans le département, seuls 25 sont opérationnels, faute de bras. Il faut des personnes pour implanter le point de collecte, coordonner, planifier, rapatrier les denrées. Tout cela demande beaucoup de monde qu’on n’a pas ».
A votre bon cœur
Joseph Arakel espère que son appel sera entendu. « L’an dernier, malgré le contexte économique tendu, la collecte de novembre est passée à 340 tonnes contre 310 en 2023. La générosité ne faiblit, elle progresse ». Mais hélas beaucoup moins vite que la pauvreté dans le département. 30% de besoins à satisfaire en plus en 2024. C’est inédit. Et 2025 risque hélas d’être pire.
Joël BARCY
Les dons alimentaires peuvent être effectués du 18 au 20 avril dans l’un des magasins participants ou en ligne, dès maintenant, sur banque-alimentaire-des-bouches-du-rhone-13 Devenir bénévole pour les collectes: collecte.banquealimentaire.org
