Publié le 15 novembre 2022 à 21h31 - Dernière mise à jour le 15 décembre 2022 à 16h11
Près de 40 ans après la marche de l’automne 1983 pour l’égalité et contre le racisme, baptisée «marche des Beurs » les choses n’ont pas énormément changé. Aussi, la Maison des potes reprend son bâton de pèlerin et va sillonner la France pour sensibiliser associations, syndicats et public, réveiller les consciences afin que l’accès à un toit ou un travail ne soit pas bloqué par un nom d’origine étrangère ou un quartier connoté. 40 villes étapes sont au programme pour faire passer le message. Le premier rendez-vous était à Marseille à la cité des associations, où associations et représentants de la ville ont pu débattre.
Peser dans le débat public
Depuis toutes ces décennies, les responsables de la Fédération des Maisons des potes n’ont pas baissé les bras, ont maintenu chaque année ce tour de France. Les évolutions vont parfois au rythme d’un escargot mais ils poursuivent leur œuvre. Et là, l’heure est critique «La haine raciste s’est banalisée, l’extrême droite s’est banalisée, il y a plus d’indignation. Il faut un réveil des consciences», s’alarme Samuel Thomas, délégué général de la Fédération nationale des Maisons des potes. La Fédération a d’ailleurs déposé plainte contre 37 grandes entreprises pour des offres d’emploi discriminatoires. Pour un logement le problème est similaire. «Il faut 3 à 5 fois plus de temps pour en obtenir un», s’insurge Samuel Thomas. En route les acteurs vont donc plaider pour une régularisation des «500 à 700 000 sans papiers et éviter de chercher des problèmes à ceux qui ont du mal à renouveler leur titre de séjour. On a besoin d’eux pour faire tourner l’économie», insiste Samuel Thomas.
Samuel Thomas
« Mes parents me parlent souvent de cette marche »
Anaïs Merad est réalisatrice de documentaires, fille de parents algériens. Pour elle cette marche est importante, « elle fait partie de notre histoire, mes parents m’en parlent régulièrement. C’est important pour nous. Les discriminations notamment des quartiers populaires existent toujours. Ce devoir de mémoire est essentiel. C’est un combat qu’on doit mener tous les jours ensemble. Il faut mettre des mots sur les discriminations. Une fois qu’on les comprend on saisit qu’il y a une injustice. Chez les jeunes il y a une prise de conscience. J’ai espoir qu’ils jouent davantage un rôle ».
Anaïs Merad
Une grande marche pour réveiller les jeunes des quartiers Nord en 2023
«On vit toujours les mêmes problématiques 40 ans après cette marche», dénonce Amin Kessaci, président de l’association Conscience et frère d’une victime d’un règlement de compte. «Mais tout peut encore changer si des associations se mobilisent et notamment la jeunesse. Le jour où les jeunes s’engageront les choses pourront évoluer. En 2023 (année anniversaire de la première marche pour l’égalité et contre le racisme en 1983) on va demander que la jeunesse se réveille. Avec mon association on veut organiser une grande marche mais dans l’ensemble des quartiers Nord pour inciter les jeunes à ne plus subir mais à agir. On n’a pas besoin de monter à Paris pour cela. Il faut se prendre en charge ici».
Amin Kessaci
Arrivée des acteurs de cette marche le 10 décembre prochain devant l’Assemblée nationale à Paris. Dans leurs besaces un lot de revendications. Reportage Joël BARCY
Le calendrier des étapes du Tour de France de l’Égalité 2022 :
-Limoges, le mercredi 16 novembre -Nantes et Saint-Herblain, le jeudi 17 novembre -Poitiers et Le Mans, le vendredi 18 novembre -Lyon, le lundi 21 novembre -Lorette et Saint-Étienne, le mardi 22 novembre -Charvieu-Chavagneux, Tignieu-Jameyzieu et Grenoble, le mercredi 23 novembre -Privas, le jeudi 24 novembre -Die et Valence, le vendredi 25 novembre -Hayange et Metz, le lundi 28 novembre -Nancy et Lunéville, le mardi 29 novembre -Strasbourg, le mercredi 30 novembre -Besançon, le jeudi 1er décembre -Dijon, le vendredi 2 décembre -Plérin et Saint-Brieuc, le lundi 5 décembre -Procès à Nanterre contre Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont, et d’autres dirigeants du RN pour incitation à la discrimination dans le « Petit guide pratique de l’élu municipal Front National » paru en 2014, le mardi 6 décembre -Amiens, Le Havre et Rouen, le mercredi 7 décembre -Grande-Synthe, Dunkerque et Hénin-Beaumont, le jeudi 8 décembre -Lille, Douai et Roubaix, le vendredi 9 décembre -Paris, le samedi 10 décembre