Publié le 26 août 2013 à 23h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h13
Quelle belle manière d’évoquer la navette maritime, qui relie le Vieux-Port à l’Estaque, en embarquant ce lundi 26 août, à son bord pour une traversée placée sous le sceau de son bilan estival et bien entendu de rentrée politique. Eugène Caselli, président de Marseille Provence Métropole (MPM) et Karim Zéribi, président de la RTM ont ainsi convié la presse pour confirmer le succès de la navette de l’Estaque et une reconduction pérenne à l’instar de sa cousine qui dessert la Pointe rouge.
« Une grande réussite, une grande satisfaction », se réjouit Karim Zéribi. « A Marseille on ne parle que de ce qui ne va pas, avec Eugène Caselli, nous sommes fiers de dire qu’avec l’action politique que nous menons, il y a des choses qui sont reconnues comme étant des initiatives de succès. » Et sur le devenir de la petite dernière, il affirme: « Nous sommes tous deux convaincus de cette nécessité. Marseille ne peut pas revenir en arrière, elle doit aller de l’avant. »
« Un succès qui dépasse celui de la Pointe Rouge de 1 000 usagers »
Eugène Caselli rappelle: « Lorsque nous avons mis en place la première navette vers la Pointe Rouge, des voix se sont élevées pour dire que cela ne marcherait pas, que les bateaux auraient des difficultés pour assurer les traversées. Et puis, la Pointe Rouge a été un énorme succès, 240 000 usagers pour la première saison. Nous avons décidé dans la foulée de mettre dans le cadre de la continuité territoriale entre le Nord et le Sud, la navette entre le Vieux-Port et l’Estaque pour compléter la Pointe Rouge et offrir une nouvelle offre de transports autre que les transports classiques. Un succès qui dépasse celui de la Pointe Rouge de 1 000 usagers ».
Les 200 000 passagers comptabilisés à ce jour « représentent à 54% des déplacements effectués par des Marseillais dont 30 % sont des habitants des 15/16. ». Le président de MPM met également en exergue les retombées économiques pour les commerçants notamment par la venue à l’Estaque de touristes. « Les gens connaissent l’Estaque par les grands peintres du 19e mais n’y allaient pas ». La satisfaction des usagers de la navette de l’Estaque est à 98% et seules, 268 traversées sur les 8 926 ont été perdues en raison de la météo. « Finalement ces transports sont fiables, font le plein en haute saison. Dans les heures de pointe, le succès est tel que 100 personnes restent sur le quai», souligne Eugène Caselli.
« La navette est une forme de transport public apaisé et apaisant qui permet d’allier plaisir et utilité »
Karim Zéribi de préciser: «Avec 98 % de satisfaction, les 2% qui ne le sont pas, concernent notamment l’embarquement à partir du Vieux-Port. Les gens font la queue, ils sont fatigués de rester debout et réclament des conditions d’accueil plus favorables comme des bancs.» Il tient par ailleurs à signaler: « La navette est une forme de transport public apaisé et apaisant qui permet d’allier plaisir et utilité ». Parmi les desiderata des usagers, une fréquence plus importante et des bateaux plus grands sont réclamés. « Ces navettes sont un service public, le tarif est de 3 euros et gratuit pour les abonnés à la RTM. Pour assurer ce service public MPM a passé un marché de 3 millions d’euros pour les deux navettes. Nous assumons ce service public au titre de la continuité territoriale, mais il y a un calcul économique à faire. Ce service est offert aux Marseillais et touristes, mais nos finances sont très serrées à la Communauté urbaine comme dans la plupart des communautés d’agglo. Augmenter la fréquence, cela veut donc dire aussi augmenter le prix. On a des choix à faire mais pas au détriment d’autres lignes. On arrive en fin de mandature, la prochaine concernera le tramway vers le Nord, sur l’Est, le métro si on a les moyens. On va étendre une offre de transport en mode lourd dans les quartiers qui ne sont pas desservis par ces modes là », explique Eugène Caselli.
« La navette est une offre complémentaire, elle ne se substitue pas à un transport existant »
A côté de l’aspect des plus agréables de ce mode de transport, il y a également l’utile. Utile qui est parfois gêné par le succès de la navette. « La navette est une offre complémentaire, elle ne se substitue pas à un transport existant. C’est un plus pour désengorger le transport classique pas pour le supprimer, les bus restent. Le 35 qui relie la Joliette à l’Estaque continue. C’est une alternative de transport, c’est ce que l’on appelle la multimodalité », souligne Karim Zéribi. Ajoutant: « C’est ce que nous avons fait depuis 5 ans. Nous avons créé un million de kilomètres pour le transport urbain à Marseille. Des zones qui n’ont jamais été desservies, le sont aujourd’hui comme la petite navette (95) que l’on a mis pour desservir le haut de l’Estaque, La Panouse (9e) qui n’était pas desservie ou encore le Château de La Buzine. Notre souci n’est pas d’en faire plus pour le Nord que pour le Sud mais autant. »
« La prochaine équipe municipale et le prochain maire auront le devoir de réunifier la ville »
Eugène Caselli d’ajouter: « C’est une stratégie de complément à l’offre de transport et aussi une stratégie de développement économique de cette ville par un attrait touristique. » Karim Zéribi d’insister:« sur la manière maladroite électoraliste » dont les transports ont été développés dans la ville. « Mettre un tramway là où il y a déjà un métro, vous ne rendez pas service aux Marseillais en terme d’offre de transport et de contribution. Cela s’appelle du clientélisme électoral .» Précisant: « Depuis 5 ans, on tourne le dos au clientélisme, nous, nous avons une vision globale. C’est dans le projet d’Eugène Caselli et c’est dans le mien. »
Et la question des prochaines municipales n’est pas éludée. Pour Eugène Caselli, candidat aux primaires socialistes: « La prochaine équipe municipale et le prochain maire auront le devoir de réunifier la ville. Cette ville aujourd’hui est manifestement coupée en deux, il y a une ville qui réussit pas mal avec le Vieux-Port, le Mucem , les grands espaces publics d’Euroméditerranée, Euroméditerranée 2 qui démarre. C’est au crédit de la Ville mais pas uniquement de Jean-Claude Gaudin, mais de toutes les collectivités qui ont travaillé pour cela. Et de l’autre côté, il y a une ville qui s’enfonce dans les problèmes économiques, sociaux, urbains, éducatifs. Le devoir de la prochaine municipalité est de créer d’avantage de conditions de réunifications. Cela va prendre du temps. Cela va demander des arbitrages très forts, cela va demander un programme extrêmement structuré, pour développer des quartiers qui souffrent. »
Karim Zéribi, candidat aux primaires d’Europe Écologie-LesVerts, entend réconcilier les Marseillais « et arrêter de les opposer ». « A nos adversaires, je dis : on doit vivre bien à Marseille quel que soit l’arrondissement où l’on habite. Ce n’est pas les uns au détriment des autres. » Selon lui : « Cette ville doit faire une transition écologique. On a la mer, le soleil, le vent, on doit être un des points d’ancrage de la référence écologique avec les énergies renouvelables ».
Patricia MAILLE-CAIRE