Sur les 129 savonneries marseillaises à la belle époque il n’en reste plus que trois traditionnelles. La savonnerie du midi, rachetée en 2013, célèbre ses 130 ans. Le savon de Marseille reste une icône pour les adeptes des produits naturels et ancestraux notamment à l’Étranger.
Un produit extra pur
Le savon de Marseille a de multiples usages, pour le linge, la maison mais aussi l’hygiène corporelle. « C’est un savon extra pur avec de l’huile d’olive, clame Guillaume Fievet, le président de la Corvette, Savonnerie du midi. Il n’y a pas de parfum, pas de colorant, pas de graisse animale. Il est hypoallergénique et biodégradable. C’est un produit naturel, bon pour la santé ». Guillaume Fievet indique même que dans certains pays «on se lave les cheveux et les dents avec ».
Séduction à l’export
Ce procédé ancestral, associé à la mode des produits naturels, génère un intérêt à l’Étranger. 25% des 700 tonnes de savon produites part à l’export. L’Asie principalement est séduite par ce savon made in Marseille. Elle représente 70% des exportations. Les consommateurs du Levant cherchent des produits qui ont une histoire. «C’est un héritage français, c’est un savoir-faire et aujourd’hui c’est un axe de communication qui fonctionne très bien, analyse Pierre Buillas, le directeur commercial France et export La Corvette. Le consommateur, Coréen, Japonais, Chinois est à la recherche d’un produit qui a une histoire, qui va se différencier de ce qu’on trouve dans les supermarchés ».
Consommation digitale
L’achat du savon de Marseille se fait en partie en téléshopping, « généralement se sont des offres en lots, le téléshopping permet d’avoir une pédagogie autour du savon de Marseille, d’expliquer pourquoi le produit est bon, pourquoi il faut l’acheter, indique Pierre Buillas qui a passé 2 ans en Corée du Sud. Mais progressivement l’achat en live streaming dans le métro ou au café gagne du terrain. « Les consommateurs assistent à des démonstrations avec des influenceurs et passent commande directement. Les magasins ne totalisent plus que 30% des ventes en Asie ».
Un produit fragile
« Il ne reste que trois savonneries historiques intramuros à Marseille cela démontre la fragilité de ce secteur, relate Guillaume Fievet. Fabriquer en France reste un challenge complexe car il y a des produits d’import qui ne respectent pas les caractéristiques auxquelles on est confrontés ». Malgré tout, la savonnerie du midi pense continuer de croître. Elle a produit 700 tonnes de savon en 2023. D’ici 2 à 3 ans elle compte tutoyer les 12 millions d’euros de Chiffre d’affaires. Elle l’aura triplé en une douzaine d’année.
En attente de l’IGP
Actuellement les savonneries traditionnelles des Bouches-du-Rhône se sont regroupées en association avec une charte et une marque : l’union des professionnels du savon de Marseille. Mais rien n’empêche d’être copier et d’afficher « savon de Marseille » sur une étiquette même s’il est fabriqué ailleurs. Pour éviter cela il faudrait avoir l’IGP (Indication géographique protégée) réclamée depuis près de 10 ans. Plus question alors d’avoir du savon de Marseille fabriqué au Maghreb.
Reportage Joël BARCY