Publié le 22 septembre 2014 à 18h31 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h11
Crée en 2010 par le Comité des régions de l’Union européenne, l’Arlem regroupe les élus locaux issus de l’Union européenne et de ses partenaires méditerranéens* et vise à promouvoir la démocratie locale, la gouvernance à plusieurs niveaux et la coopération décentralisée entre les trois rives de la Méditerranée (Nord, Sud et Est). Elle assure une représentation des collectivités territoriales dans le dialogue politique euro-méditerranéen coordonné par l’Union pour la Méditerranée et encourage la coopération interrégionale.
Cette 6e rencontre de l’Arlem a permis aux membres de la Commission de faire un point sur l’agenda euro-méditerranéen en matière d’environnement et de changement climatique ainsi que sur la réunion interministérielle de l’Union pour la Méditerranée (UpM) qui s’est tenue à Athènes le 13 mai dernier.
En ouverture de la rencontre, Michel Vauzelle, Coprésident de la Commission pour le développement durable (Sudev), président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a tenu à revenir sur le contexte géopolitique.
Il souligne l’importance d’expliquer aux Français que « la politique étrangère de la France a une continuité avec sa politique intérieure et notamment en Méditerranée». « Nous avons chez nous, poursuit-il, une population méditerranéenne très importante notamment dans cette région que j’ai l’honneur de présider. Et cette population est Française avec une culture arabe, une religion souvent l’Islam qui apporte une richesse considérable à la France. Or, nous avons en ce moment une montée en force du racisme et du populisme qui pose à la France et notamment dans cette région un grave problème».
Il estime : «L’actualité, telle qu’elle est traitée aujourd’hui par les télévisions, n’envoie que des messages, ne montre que des images de violence liées au mot Islam, en Irak, en Syrie et dans d’autres pays. Une vision caricaturale qui s’impose à beaucoup de Français et qui fait l’affaire, notamment ici, des partis racistes, qui sont extrêmement dangereux, et qui prennent une importance en France comme dans d’autres pays d’Europe».
Il en vient à la Palestine, indique que le fait qu’une solution n’ait pu être trouvée depuis 60 ans pour son indépendance «touche tous les peuples arabes ». « Et, il y a chez ces derniers une vision des choses qui n’est pas confinée au Sud de la Méditerranée ou à l’Est mais la traverse. Quand, par exemple, la moitié de la famille habite Marseille, elle communique à l’autre moitié qui est à Alger, Tanger ou Tunis, son inquiétude par rapport à la montée du racisme, du Front national en France. Et de l’autre côté, on est inquiet de ce qui se passe au Moyen et Proche-Orient ». Face à cette situation, avance-t-il: «Il y a une volonté en France, qui devra se manifester à la Villa Méditerranée, de faire de Marseille ce que Madrid a fait de Barcelone en direction de la Méditerranée. Pour donner plus de visibilité à notre action et démontrer que nous sommes conscients de ce qu’il faut rééquilibrer la vision du monde arabe. Car, non, ce monde ne se réduit pas à des crises graves, des conflits. Il y aussi une source de stabilité très importante qui doit en ce moment rassurer les uns et les autres avec notamment des relations comme le 5+5 ou une, entre l’Europe dans son ensemble et les pays du Maghreb».
Il rappelle le rôle que joue la UCLG (Réseau mondial des villes, gouvernements locaux et régionaux) «qui est désireuse de faire entendre la voix des collectivités locales et régionales, de voir reconnue la nécessité décentralisatrices des collectivités. De prendre en compte le rôle joué par la diplomatie participative : celle des élus locaux, de la société civile, dans le processus d’unification et de rapprochement des pays méditerranéens dans la lourde tâche de traiter les questions cruciales d’environnement».
Parole est donnée à Hani Abdalmasih Al-Hayek, maire de Beit Sahour (Palestine) qui se réjouit de venir à Marseille, «une ville bien ancrée dans l’histoire de la Méditerranée». Puis, d’indiquer : «J’ai pris connaissance des problèmes. En France vous souffrez des immigrations qui cherchent un point d’attache, en raison de la guerre ouverte en Libye, en Syrie, où le pays est à feu et à sang et Gaza qui est détruite. Nous déplorons l’instabilité à Gaza. Nous recherchons la sécurité mais chacun est occupé par un Islam politique. Les jeunes, eux, cherchent leur voie car les politiques ont échoué».
Il insistera sur « tous ces projets qui s’intéressent à l’environnement, la gestion des déchets qui sont une raison de vivre, de rester dans leur pays». Il plaide: «Il faut travailler sans relâche, intensifier notre présence dans les instances internationales pour des perspectives à la hauteur des attentes».
«La Méditerranée est une région sensible en matière de changement climatique»
Michel Vauzelle de reprendre en soulevant « un problème climatique qui va faire de la Méditerranée « un Hot Point » ». «J’ai souhaité , indique-t-il, que le gouvernement Français en amont de la Conférence Paris Climat 2015 (COP21), qui, je l’espère, sera plus efficace que celle qui s’est déroulée à Copenhague, puisse organiser à la Villa Méditerranée, des réunions de préparation ». Puis, de rappeler: «La Méditerranée est une région sensible en matière de changement climatique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), observe un changement climatique avec une augmentation de la température de 2° Celsius environ et une expansion du désert au Sud. La vie même est remise en cause ».
Et de prévenir : «En 2050 le niveau de l’eau des nappes phréatiques aura baissé de 70% côté Sud. La violence dans les pays méditerranéens pourrait venir de la ressource en eau».
«Toute voie de dialogue doit rester ouverte»
Michel Lebrun coprésident de l’Arlem d’intervenir. « Dans le contexte actuel, il existe un ralentissement de nos travaux. Or, toute voie de dialogue doit rester ouverte.
Notre Assemblée est même prête à travailler à la diplomatie car la priorité est de relever les défis environnementaux et climatiques. Le delta du Nil par exemple, voit vivre 10 millions de personnes à moins d’un mètre de la mer. Alors qu’il est annoncé une augmentation du niveau de la mer de 60 centimètre dans les prochaines années». Il n’omet pas de signaler, également, la question des débris plastique au fond de la Méditerranée et surtout le fait que la quantité annuelle des déchets augmente. Il y a l’urgence d’une politique de partage en termes de production et de consommation durable». Mais, tient-il à souligner : «Pour la première fois, une volonté méditerranéenne de faire face ensemble au défi du changement climatique existe. Cependant, la capacité d’adaptation est basse dans une Méditerranée qui est vulnérable au changement climatique ».
Patricia Maillé-Caire
(*) les pays partenaires : Égypte, Turquie, Algérie, Maroc, Syrie (la participation des membres syriens est actuellement suspendue), Tunisie, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Israël, Jordanie, Liban, Mauritanie, Autorité palestinienne, Monaco, Monténégro.