C’est toujours un moment émouvant, même s’il s’y est préparé. Le général de corps d’armée Pascal Facon, gouverneur militaire de Marseille, a fait ses adieux aux armes sur l’esplanade du palais du Pharo. Entendez qu’il tourne la page de sa carrière militaire, entamée comme enfant de troupe, à 11 ans. Sur sa fiche, on note une présence importante dans les Opex, les opérations extérieures menée par la France notamment dans la zone Sahélo-saharienne. « Je n’ai aucun doute sur les actions qu’on a menées, sur leur pertinence. L’histoire nous rendra justice », insiste le général.
Un demi-siècle sous les drapeaux
Quand on quitte l’armée en laissant près de 50 ans derrière soi, il y a forcément un brin de nostalgie. «On pense aux copains qui sont tombés, à ceux qui ont été blessés, à nos parents qui sont parfois à l’origine de notre engagement. A notre famille qui a dû gérer les absences », indique sobrement Pascal Facon. En 50 ans, le général a connu l’évolution voire la révolution de notre armée, passée de la conscription à la professionnalisation. «J’ai écrit une partie de cette histoire », confie Pascal Facon. « J’aime bien la phrase de Paul Pokba à qui on demandait s’il avait écrit une page de l’histoire du football français. Il répondit oui mais avec un tout petit stylo. C’est mon cas j’ai écrit une page de l’histoire militaire mais avec un tout petit stylo ».
« En Afrique on nous rappellera »
Pascal Facon est intervenu plusieurs fois en Afrique notamment dans la bande Sahélo-saharienne. Entre 2019 et 2020, il prend la tête de l’opération Barkhane. Alors ne lui parlez pas d’échecs de la France dans cette zone malgré les putschs militaires et un contingent livré à la vindicte populaire au Niger. « L’histoire nous donnera finalement raison. On nous rappellera. L’histoire nous rendra justice. Le rejet est superficiel. Je n’ai aucun doute sur l’action qui a été conduite, sur le sens qu’elle avait et sa pertinence».
Gouverneur militaire de Marseille
Le gouverneur militaire de Marseille, installé au château Saint-Victor, représente le ministère des armées. A ce titre, Pascal Facon a mis en place l’antenne du Service Militaire Volontaire (SMV) dans la cité. Il a participé à la décision de reconstruire l’hôpital militaire Laveran sur d’autres terrains, à Sainte-Marthe, dans le 14e arrondissement. Il gère les effectifs «Sentinelle», apporte la collaboration de l’armée aux feux de forêts, dialogue avec les entités économiques. « Ma mission c’est de faire en sorte que l’armée apporte sa contribution à la cohésion nationale. Nous démontrons tous les jours que l’armée est un escalier social. Toutes armes confondues on recrute environ 25 000 personnes par an. On ne le sait pas mais 65% des officiers étaient auparavant des sous-officiers et un sous-officier sur deux est issu des militaires du rang. Il faut du travail mais on peut s’élever».
« J’ai un abonnement à l’OM, dans le virage Sud »
Fervent supporter de l’OM, Pascal Facon a son abonnement au club. Il vient sans tambour ni trompette. Sans épaulette, ni képi. «Dans le virage Sud, je suis un supporter comme les autres ».
A la retraite, le général de corps d’armée a décidé de s’installer définitivement à Marseille après avoir été deux ans gouverneur militaire de la ville. Il la défend bec et ongles. «Je n’aime pas que l’on dise que Marseille est une ville folklorique, c’est bien plus que cela, c’est unique». Pas de doute il a attrapé le virus !
Reportage Joël BARCY