Marseille. Les bénévoles ne comptent pas leur temps aux Restos du Cœur

Bienveillance, sourires, les bénévoles des Restos du cœur, Chemin de Gibbes dans le 14e arrondissement de Marseille, sont à pied d’œuvre tôt le matin. C’est l’une des rares structures dont les locaux appartiennent à la mairie. A 17 heures le lundi tout doit être rangé et lavé. Il y a cours de danse…

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Restos du Cœur : Des femmes, des hommes entre 30 et 70 ans viennent chercher leurs provisions pour la semaine (Photo Joël Barcy)

De multiples parcours

Une nuée de chasubles roses avec le logo des Restos s’affaire dans le local au 88, chemin de Gibbes. Pas de bousculade, chaque bénéficiaire a son heure de rendez-vous et la respecte. Des femmes, des hommes entre 30 et 70 ans viennent chercher leurs provisions pour la semaine. Produits laitiers, fruits et légumes, conserves, nourriture et couches pour bébé pour les mères de famille. Tout est bien orchestré, chacun sait ce à quoi il a droit et ne revendique pas. Lilit est Arménienne, elle a fui la guerre et est sans ressources avec un enfant. «C’est pour cela que je viens ici. Les bénévoles font tout pour nous. On est très reconnaissants ». Reda, Nawen, Meriem, partagent le même sentiment. Tous savent ce qu’ils doivent à ces gens qui leur préparent des paniers. Nassera Messadi fait partie de ces bénévoles qui ne comptent pas leur temps : «Je mets les enfants à l’école, je prends le métro et le bus et j’arrive. Cela ne me dérange pas du tout. Venir deux fois par semaine c’est pas beaucoup pour aider les gens. C’est bien de partager, la vie est dure pour ceux qui n’ont pas de travail».

« C’est dur de refuser des gens »

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Les Restos ne peuvent malheureusement pas accueillir tout le monde, la baisse des ressources de l’association est une réalité (Photo Joël Barcy)

« En 2022, nous avions 220 familles, là on est à 260 et je vais peut-être essayer d’aller jusqu’à 280 si l’intendance suit», confie Dilmi Bensaha, le responsable de ce centre des Restos. Des familles, il en refuse chaque semaine. C’est le cas de Ahamene, une jeune mère, venue dans l’espoir de repartir avec des produits alimentaires. Elle sera inscrite sur la liste d’attente et invitée à venir à 8 heures la semaine prochaine si elle veut bénéficier d’un colis d’urgence. Les Restos ne peuvent pas accueillir tout le monde, la baisse des ressources de l’association est une réalité et il y a la contrainte des locaux. « La mairie nous prête le local mais on ne pouvait en disposer que le lundi jusqu’à 17 heures, c’était une course contre la montre pour donner tous les paniers. Depuis novembre on a obtenu le mardi en plus, ça nous soulage », explique Dilmi Bensaha. Ce jour de plus a permis d’accueillir plus de familles mais malgré tout il faut en refuser. « C’est l’opération la plus délicate et la plus fâcheuse. On est frustrés, on est mal, on est peinés de voir le désarroi sur leur visage», confie Dilmi Bensaha.

Reportage Joël BARCY

Le centre des Restos du Cœur au 88, chemin de Gibbes, Marseille (14e) est ouvert les lundi et mardi.

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Des caddies enfin un peu remplis. Sachant qu’en France, au 21e siècle, des milliers de familles n’ont pas accès au minimum vital: la nourriture (Photo Joël Barcy)

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