Depuis plus de 24 heures, la journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux, journaliste indépendante est privée de liberté. Elle a été placée en garde à vue hier, mardi 19 septembre, à 6h00 du matin, par une juge d’instruction, accompagnée des policiers de la DGSI, le service de renseignement intérieur français, qui ont perquisitionné son domicile marseillais pendant près de dix heures. Elle a passé la nuit à l’hôtel de Police de Marseille après y avoir subi un interrogatoire. Celui-ci a repris ce mercredi matin, en présence de l’avocate de Disclose.
Ariane Lavrilleux, trésorière du collectif Presse Papiers et secrétaire générale de l’association Prenons La Une, a été arrêtée pour avoir fait son travail. Les services de renseignement lui reprochent d’avoir signé une série d’articles sur le média Disclose sur l’implication du gouvernement français dans des ventes d’armes en Égypte, en Russie, en Arabie Saoudite et en Libye basés sur des informations « confidentiel-défense ».
En révélant ces informations au public, Ariane Lavrilleux n’a fait qu’exercer son métier de journaliste avec rigueur et sérieux et a agi dans l’intérêt général. Son enquête a été préselectionnée au Prix Albert Londres. La journaliste indépendante est traitée comme une ennemie d’État et est accusée de compromettre la sécurité nationale. D’évidence, cette garde à vue vise à briser le secret des sources.
Ces articles jettent une lumière crue sur des ventes d’armes, fabriquées dans notre pays, utilisées contre des populations civiles, au Yémen, en Égypte ou en Ukraine. Une journaliste ne peut pas être arrêtée car elle révèle des informations au public, y compris si celles-ci sont gênantes pour l’État français. En dévoilant ces informations, Ariane Lavrilleux est dans son rôle et participe au bon fonctionnement de la démocratie dans notre pays. Cette arrestation est une grave atteinte à la liberté d’informer et à la protection des sources.
Depuis hier, de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme (Amnesty International,
Human Rights Watch), les organisations de journalistes (Reporters sans frontières, Fédération
européenne des journalistes, Forbidden Stories) et les trois syndicats majoritaires de la profession
(SNj, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes) condamnent son arrestation.
Nous, journalistes et citoyens marseillais appelons à se rassembler une nouvelle fois ce mercredi
20 septembre à 18h30 devant l’hôtel de police de l’Evêché (13002), afin de demander la libération
immédiate et sans poursuite de Ariane Lavrilleux.