A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, la Ligue 13 a remis un chèque de soutien au programme de recherche mené par le Dr Juan Iovanna dans un laboratoire de Luminy à Marseille (9e). Depuis des années il travaille activement pour améliorer le traitement du cancer du pancréas. Une maladie qui est en passe de devenir la deuxième cause de mortalité par cancer.
Taux de survie très faible
S’attaquer au traitement du cancer du pancréas, c’est se retrouver face à l’Himalaya. Ce cancer, souvent diagnostiqué très tard, est d’une rare complexité. Mais cela n’a pas arrêté le Dr Juan Iovanna. Depuis trois décennies il mène un combat acharné contre cette maladie encore peu connue mais en plein développement. 16 000 cas sont diagnostiqués chaque année en France, un demi-million dans le monde. Le cancer du pancréas est l’un des plus redoutables. Même lorsque la tumeur est opérable (15 à 20 % des cas), des métastases malignes apparaissent et réduisent l’espérance de vie à 3 à 6 mois. Chimiothérapie et radiothérapie sont quasi inopérantes, il faut donc trouver d’autres solutions. « Vous avez des différences entre deux patients mais vous avez aussi des différences dans la tumeur d’un patient, analyse le dr. Juan Iovanna. Toutes les cellules ne sont pas les mêmes. Certaines répondent à un médicament et d’autre pas. Nous, nous sommes capables de dire que ce médicament va avoir un résultat ou ce médicament ne va pas avoir de résultat sur ce patient. On peut alors trouver un autre médicament pour qu’il vive plus longtemps ».
Personnaliser les traitements
Dans ce laboratoire, le développement d’un outil bio-informatique, basé sur l’intelligence artificielle permet de personnaliser les traitements et d’optimiser les bénéfices pour chaque patient. Alex Chauvin, postdoctorant, travaille sur ce programme. « Il n’y pas un type de cancer du pancréas, il y a une grosse hétérogénéité donc le but est de pouvoir les dissocier et de savoir quelle thérapie adaptée. On s’appuie beaucoup sur tout ce qui est modélisation mathématique, sur la puissance de calcul des ordinateurs et se tenir informer des derniers algorithmes en matière d’intelligence artificielle pour pouvoir obtenir les résultats les plus pertinents en matière de traitement ».
Un espoir se dessine
Dans ce laboratoire des avancées majeures ont pu être enregistrées. L’espoir d’un traitement efficace contre ce cancer redoutable n’est plus un rêve. D’ici une dizaine d’années il devrait être effectif. « On a identifié des facteurs indispensables pour la survie de la cellule. On leur a trouvé des inhibiteurs qui sont devenus des candidats médicaments et les études précliniques sur l’animal ont démontré des résultats assez prometteurs. Une petite société a acheté nos brevets et est en train de les étudier pour permettre à tous les patients de profiter de nos découvertes. Dans ce secteur on est est en pointe», précise Juan Iovanna. En milieu d’année le laboratoire devrait s’installer près de l’Institut Paoli Calmette (IPC).
Besoin de soutien
Le recours à l’IA, à la bio-informatique et à des salles spécifiques pour la recherche nécessitent des sommes importantes. A Luminy une soixantaine de chercheurs travaillent sur ce programme thérapeutique du cancer du pancréas. Juan Iovanna, comme tous les directeurs de laboratoire, passe plus de temps à rechercher de l’argent que derrière un microscope. Le chèque de 113 000 € versé par la Ligue contre le cancer 13 est une goutte d’eau mais elle est essentielle selon le co-directeur du laboratoire. « Elle permet de voir qu’on a du soutien et c’est vital quand on est face à une montagne avec ce cancer tellement complexe ». Le président de la ligue 13, Pierre Garosi poursuit de son côté le combat pour rassembler des financements. « C’est une maladie qui mobilise beaucoup de gens. Quand je dis que je suis à la Ligue contre le cancer je suis toujours reçu. Les gens sont très généreux car c’est une maladie qui est de partout. Nous avons 10 000 adhérents, c’est l’association la plus importante de Paca. Quand on fait ces visites c’est pour montrer ce qu’on fait de leur argent ».
Reportage Joël BARCY