Publié le 18 octobre 2022 à 21h35 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 17h55
C’est en présence de nombreuses personnalités que s’est déroulée à la grande synagogue de la rue Breteuil à Marseille la cérémonie de Roch Hachana 5783, parmi lesquelles le Préfet de région Christophe Mirmand, Frédérique Camilleri, Préfète de Police, Renaud Muselier, président de la Région Sud, Benoît Payan, le maire de Marseille, Yves Moraine, représentant Martine Vassal, la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence et du département 13, la députée des Bouches-du-Rhône, Sabrina Agresti-Roubache ainsi que des représentants des cultes bouddhiste, catholique et musulman.
Occasion pour le grand rabbin de revenir sur le sens de la fête de Souccot qui se tient à la même période. Michel Cohen Tenoudji, le président du Consistoire Israélite de Marseille, déplore: «Les années passent, l’antisémitisme demeure». Il dénonce: «L’assassin de Sarah Halimi n’a pas été jugé sous prétexte qu’il a fumé du cannabis». Il tient en revanche à remercier: les militaires, les forces de police et de gendarmerie «qui protègent la France» et rend hommage à la laïcité: «qui nous permet de vivre notre judaïsme en paix».
Pour Benoît Payan: «Une nouvelle année c’est l’occasion de regarder le passé avec vérité et c’est croire à l’avenir comme savent si bien le faire ceux qui connaissent la résilience». Puis d’évoquer l’exil: «Ici, à Marseille, se termine la route de l’exil. Un exil qui est la force, qui a guidé le peuple Juif. L’exil c’est l’histoire de Marseille qui respecte l’altérité. Marseille ne serait pas ce qu’elle est sans les Juifs».
«Ces blessures de la haine, du génocide, Marseille les porte dans sa chair»
Le maire de Marseille évoque : «La figure d’Albert Cohen son amour pour la France, pour la langue française qu’il magnifia et, cette rencontre terrible, sur la Canebière, le jour de ses dix ans avec un camelot qui déversa sur lui sa haine antisémite». «Ces blessures de la haine, du génocide, Marseille les porte dans sa chair, Marseille n’oublie rien», insiste-t-il. Puis de citer Isaïe : «Si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, ta lumière se lèvera dans les ténèbres». «Ces mots que nous partageons, poursuit-il, nous rappelle que nous avons à faire un choix: ne rien dire, se laver les mains ou rester debout, le choix que nous faisons, celui de la justice et de la fraternité».
Yves Moraine déplore pour sa part: «Le nombre d’actes antisémites -parfois camouflés sous le faux nez de l’antisionisme- près de 600 commis en 2021 sans ignorer ceux qui n’ont pas fait l’objet d’un dépôt de plainte». Il ajoute immédiatement: «L’État est au rendez-vous. Au-delà de l’État le problème réside dans notre société, nos lâchetés nous ont conduits à cette situation».
«Nous avons la nécessité de ne rien laisser passer»
Renaud Muselier rappelle avoir participé à toutes les manifestations contre l’antisémitisme: «Nous avons la nécessité de ne rien laisser passer»; avoue «être admiratif» quand il regarde Israël. Considère que ce pays a beaucoup à nous apprendre, notamment en matière de gestion de l’eau. Et de mettre en exergue les valeurs de «liberté, de fraternité de respect de l’autre, de la démocratie» et, surtout, d’inviter à la joie, au bonheur.
«La République ne demande à personne d’oublier ses croyances»
Le Préfet Mirmand insiste à son tour sur les notions de liberté et de respect de l’autre. «La République laïque a le devoir de garantir le libre exercice des religions», rappelle-t-il et, d’aucun, poursuit-il: «voudrait un affrontement entre religion et République et la République ne demande à personne d’oublier ses croyances». Il cite Jaurès: «Il serait mortel de comprimer les aspirations religieuses de l’âme humaine. (…) Dès lors qu’il aura dans l’ordre social réalisé la justice, l’Homme s’apercevra qu’il lui reste un vide immense à remplir.». «La lutte contre la haine, les discriminations, le racisme et l’antisémitisme sont une priorité absolue pour l’État», assure le préfet de Région. Une lutte qui selon lui, «doit passer par la sécurité, par l’éducation, une éducation à plus de tolérance mais aussi d’esprit critique face au chaos informationnel.»
Le Rabbin Ohana axe son propos sur la fête de Souccot, «lors de laquelle on est invité à quitter le confort de sa maison pour vivre dans une cabane, afin de comprendre la précarité de la vie». Dans le même temps, à l’époque du Temple de Jérusalem, 70 cadeaux étaient offerts, pour les 70 populations du monde. Une fête de la fraternité.
Une cérémonie lors de laquelle a eu lieu la traditionnelle prière pour la France et qui s’est conclue avec La Marseillaise.
Michel CAIRE