En écho à la journée «Stand up for science » initiée aux États-Unis, un collectif de scientifiques a appelé, dans l’urgence, à des rassemblements le 7 mars, partout en France et notamment à Marseille et à Aix-en-Provence, pour défendre les sciences et les humanités, la liberté académique et l’Université comme piliers d’une société démocratique. Et le résultat est là, l’initiative lancée par une poignée de personnes a rassemblé plusieurs centaines de personne.

Les sciences reposent sur un engagement collectif à faire de la recherche de la vérité un horizon commun.
Aurélie Biancarelli-Lopes est conseillère municipale à Marseille et physicienne. Elle alerte sur la violence des attaques de Trump sur les sciences. Précise que «des pages disparaissent du site de la Maison Blanche sur le changement climatique, les transports, l’agriculture, la santé… ». Jacques Boulesteix ajoute : « Trump a expliqué que son problème avec la science résidait dans le fait que les scientifiques n’étaient pas d’accord. Mais c’est le désaccord qui fait avancer la science. Et son attaque est violente. Des scientifiques apprennent qu’ils ont deux heures pour quitter leur bureau. D’autres se voient intimer l’ordre de ne plus parler à certains scientifiques, de ne plus utiliser certains mots. Je n’aurais jamais imaginé que l’on pourrait empêcher des scientifiques de publier. »
Dans ce contexte Aurélie Biancarelli Lopes dévoile : « Le président de l’AMU, Eric Berton, devait être avec nous à ce rassemblement mais il est retenu par une réunion avec le Ministère pour étudier la possibilité d’accueillir à l’AMU des collègues américains car nombre d’entre eux demandent à nous rejoindre. Et on voit là combien nos universités peuvent être des refuges. » Elle invite à prendre la mesure de ces attaques contre la science : « C’est un bien commun de l’humanité qui est attaqué. » Rappelle que : « la liberté de la science est une garantie de la liberté, de la démocratique. » Et le collectif de préciser : « Les diverses disciplines, théories et méthodes concourent à éclairer la société, à surmonter les crises mais aussi à former les citoyennes et les citoyens à l’exercice de la démocratie comme pluralisme de rationalités en débat, par la transmission des savoirs et l’instruction des dissensus. L’une des conditions nécessaires pour la production et la transmission de la connaissance scientifique est la liberté et l’autonomie vis-à-vis de tout pouvoir. » L’élue ajoute: « Il ne faut pas croire qu’en France tout aille pour le mieux. On voit des tribunes s’en prendre aux sciences, notamment humaines.»
Stefan Enoch, vice-président recherche de l’AMU entend par sa présence au rassemblement «soutenir nos amis américains et pour signifier l’importance de la liberté de la recherche, ce qui est le cas en France. » Il insiste sur l’importance de mettre les savoirs en partage « l’Unité est engagée dans la transmission. Et nous devons sans cesse rappeler à tous qu’une opinion n’est pas une vérité scientifique. »
Thomas est étudiant, il prévient : « Nous ne restons pas assis face aux attaques les plus violentes que les libertés académiques aient à subir car il n’y a pas de démocratie sans partage des savoirs. » Signale à son tour que « les sciences sociales sont les plus touchées parce qu’elles refusent une vision simpliste».
Caroline Champenois, présidente de « Femmes et sciences en Paca » avance : « Nous avons nombre de raisons d’être inquiets et c’est doublement vrai pour les femmes en tant que chercheuses et en tant que citoyennes. Chercheuses parce que des filières comprenant peu de femmes se sont engagées à renforcer une présence féminine et cela peut être abandonné. En tant que citoyennes parce que des recherches médicales spécifiques aux femmes sont menacées. » Et de conclure : «C’est toutes et tous, ensemble, que nous pourrons résister. »
Un mouvement est né, espérons qu’il se poursuivra, se développera. C’est une nécessité lorsque l’on sait, par exemple, que 2% des Français pensent que la terre est plate et que 7% pensent que c’est plutôt possible.
Michel CAIRE