Publié le 20 janvier 2023 à 8h35 - Dernière mise à jour le 23 janvier 2023 à 9h19
L’opposition à la réforme des retraites a produit une unité syndicale jamais vue depuis 2010 : huit organisations (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFDT, FSU, Unsa et Solidaires) ont appelé à manifester ensemble et le résultat est là. Il y a longtemps que l’on n’avait pas vu une telle mobilisation à Marseille. Une nouvelle journée d’action aura lieu le 31 janvier.
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône avance le chiffre de 26 000 manifestants dans les deux cortèges marseillais tandis que les organisations syndicales annoncent 140 000. Et, au-delà du nombre, on pouvait noter une grande diversité d’âges, de catégories socio-professionnelles.
Les syndicats
Les syndicats affichent leur unité, normal pour la CFDT 13: «Quand le sujet est sérieux il n’y a pas de discussions possibles». Pour le syndicat cette réforme va contraindre des millions de personnes à travailler plus, sans gagner plus. Olivier Mateu, le secrétaire de l’UD CGT 13, dénonce pour sa part une réforme injuste et injustifiée d’autant plus qu’à ses yeux «d’autres solutions sont possibles». Il signale plus de 1 000 arrêts de travail dans le département. Pour lui: «On est au démarrage du processus. Et, si le gouvernement a un peu de bon sens il retirera son projet». Caroline Chevé, secrétaire départementale de la FSU 13, avance: «La mobilisation est forte tant chez les enseignants que chez les agents des collectivités territoriales et de l’État. Il y a près de 70% de grévistes dans le premier degré, nous n’avons pas encore ce matin les pourcentages dans le second degré mais la mobilisation est forte». Elle explique: «En fait nous nous adressons à des personnes qui sont confrontés à des travaux pénibles et qui ne veulent pas faire deux ans de plus et des enseignants qui, du fait de leurs études, commencent tard et ne se voient pas enseigner jusqu’à 67 ou 68 ans». Pour Franck Bergamini, secrétaire de l’UD FO 13 «Il y a longtemps que nous n’avons pas connu une telle mobilisation. Il faut dire que, contrairement à la précédente réforme des retraites là les choses sont claires: tout le monde en prend pour deux ans. Maintenant nous allons chercher ceux qui pensent que notre mobilisation suffit. Nous allons chercher les jeunes, ce sont eux qui seront le plus touchés». François Hutin, CGC, indique: «Nous n’avons pas l’habitude d’être dans la rue, mais là, nous sommes devant une réforme particulièrement injuste». En plus, ajoute-t-il: «Il n’y a aucune urgence financière à faire cette réforme. Le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) l’indique clairement, le système de retraites n’est pas en danger». Et d’insister: «Il faut arrêter de vouloir faire payer les salariés, il faut au contraire augmenter les salaires et maintenir les séniors au travail. En fait le gouvernement veut simplement récupérer de l’argent. Il organise le casse du siècle».
Paroles de manifestants
Symbole de la mobilisation, la grève a été suivi par une majorité des enseignants du primaire, par de nombreux territoriaux et agents de l’Etat. La FSU, affiche quelque 70% de grévistes dans le primaire et plus de 60% dans le secondaire. Le ministère de l’Éducation nationale estime de son côté que 42,35 % des enseignants sont grévistes dans le primaire et 34,66 % dans le secondaire. On approchait les 100 % de grévistes dans les raffineries du groupe TotalEnergies.
Ambiance manif’
La mobilisation était là tout comme l’ambiance avec slogans scandés, musiques, chants, fumigène; une envie d’être ensemble mais aussi une colère que le gouvernement analysera.
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Des politiques dans la manifestation
On notait la présence dans la manifestation de Benoît Payan, le maire de Marseille. Également présent, Jérémy Bacchi, sénateur et secrétaire général de la fédération du PCF 13 qui note: «80% des Français trouvent cette réforme injuste. Et la manifestation marseillaise montre que la volonté est là de mettre en échec la réforme des retraites. Pour nous, c’est 60 ans et à taux plein. Et au Sénat comma à l’Assemblée nationale on va mener le combat pour mettre en avant les contradictions de ce projet et montrer qu’une réforme progressiste existe pourvu que l’on veuille bien taxer les revenus financiers de ceux qui ont profité de la crise pour accroître leur richesse». Jean-Marc Coppola, PCF, adjoint au maire de Marseille ajoute: «La population aspire à vivre mieux, à trouver du sens dans son travail et à profiter de sa retraite. Or l’objectif de cette réforme est simplement de baisser le niveau des pensions. Alors que l’on peut tout à fait financer la retraite à 60 ans mais, pour cela, il faut régler la mauvaise répartition des richesses». Venu spécialement de Paris, Jean-Luc Mélenchon LFI affirme: «Le gouvernement a perdu sa première bataille. Il n’a convaincu de la nécessité de sa réforme».
Reportage vidéo Joël BARCY, rédaction Michel CAIRE