Publié le 10 décembre 2018 à 23h24 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 19h25
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant la mairie de Marseille, sur le Vieux-Port, à la suite du report du Conseil municipal dédié au logement indigne, initialement prévu ce lundi matin, plus d’un mois après le drame de la rue d’Aubagne. Emmaüs, collectif du 5 novembre, opposants au projet de la Plaine… ont dit leur colère sous les fenêtres de Jean-Claude Gaudin.
«Qu’il annule le Conseil municipal est révélateur de la situation de panique de la mairie», a lancé Fathi Bouaroua, co-président de la communauté Emmaüs Pointe Rouge et auteur de nombreux rapports du mal-logement régionaux au titre de la Fondation Abbé Pierre, qui entend «demander des comptes» à la mairie: «Comment pendant 50 ans ont-ils pu laisser pourrir des immeubles ?» Protégé par les forces de l’ordre et des barrières, l’Hôtel de ville de Marseille était paré pour accueillir des associations qui voulait exprimer… leurs douleurs pour la plupart. La crainte d’une confrontation qui s’est traduite par un report du conseil municipal -justifié la veille par des «débordements» lors des manifestations de ce samedi- n’a pas pris la direction attendue par l’édile, la dignité des manifestants s’est imposée. En tête du cortège, huit personnes tenaient chacun un cercueil en carton noir, avec dessus le nom des huit victimes de la rue d’Aubagne. «Marseille, droit au logement, réquisition inconditionnelle des logements vides», indiquait une pancarte jaune. Des élus d’opposition ont rejoint la manifestation, notamment Samia Ghali, sénatrice PS, qui parle de «hold-up démocratique». «Une décision consternante, a réagi, Benoît Payan, à la tête du groupe socialiste au conseil municipal. Plutôt que de monter des barrières, la mairie doit entamer le dialogue». Jean-Marc Coppola, conseiller municipal PCF, préconise, depuis le drame : «Un Conseil municipal extraordinaire avec tous les acteurs institutionnels concernés de la ville à l’État, et avec des professionnels, des experts, en commençant par les habitants eux-mêmes et leurs représentants.» Le collectif du 5 novembre – Noailles en colère indique : «Là où ce conseil municipal aurait du permettre de prendre des mesures fortes, concernant la gestion de l’urgence comme la résorption de l’habitat indigne, Jean-Claude Gaudin décide donc de reporter aux calendes grecques la protection de ses administrés.» Le Collectif appelle la préfecture à reprendre en main cette situation catastrophique et obliger l’ensemble des institutions à ouvrir de véritables négociations avec les collectifs et associations…
Patricia MAILLÉ-CAIRE