Publié le 5 décembre 2019 à 23h21 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h28
«Retraité un jour, révolté toujours», arbore fièrement ce militant CGT alors que cet autre manifestant affiche «retraite à points = point de retraite» et ce professeur de considérer à propos du recul de l’âge de la retraite: «Yes we canne». La mobilisation à Marseille ce 5 décembre était tout aussi forte que bon enfant. Pas seulement, comme on pouvait l’entendre au sortir des sonos très «motivés» pour exprimer son refus de la réforme des retraites. Une manifestation qui rassemblait lycéens, étudiants, enseignants, avocats, salariés du public et du privé et… ses retraités, unis derrière un même mot d’ordre: Retrait du projet de réforme des retraites à points du gouvernement.
«La réforme des retraites est le catalyseur de toute la colère accumulée»
Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD CGT 13 avance: «La CGT a rencontré 23 fois le gouvernement en un an et demi, s’il n’a pas compris que nous étions contre sa réforme et que nous avions des propositions pour une autre réforme nous n’y pouvons rien. Et aujourd’hui, nous sommes dans la rue, et ce n’est qu’un début. On compte 310 arrêts de travail dans le département et plus de 100 ont déjà voté la reconduction pour demain. En fait, la réforme des retraites est le catalyseur de toute la colère accumulée. Le monde du travail quel que soit son statut a la volonté de mettre un coup d’arrêt à la politique du gouvernement. D’un côté nous avons les patrons les mieux payés, les actionnaires les mieux rétribués et de l’autre des salariés à qui on demande toujours plus, dans des conditions de plus en plus difficiles et, maintenant, on veut s’attaquer à leur retraite… Vous vous rendez-compte, des étudiants manifestent contre la précarité. Quelle vie leur prépare-t-on? Étudiants précaires, travailleurs précaires et retraités pauvres. On ne peut pas laisser faire, le mouvement va s’élargir».
«La mobilisation unitaire des syndicats est historique»
Pour Franck Bergamini, secrétaire général de l’UD FO 13, «la mobilisation unitaire des syndicats est historique. Nous sommes au niveau de 2003, contre la réforme Fillon des retraites. Le gouvernement serait malvenu de ne pas entendre les revendications des manifestants/grévistes. Il porterait, seul, l’entière responsabilité de la dégradation de la situation due à une légitime colère sociale dont découleront, nécessairement, de fortes conséquences économiques». «Et il faut, poursuit-il, que le gouvernement en finisse avec sa clause grand-père, quel grand-père accepte de voir ses petits-enfants vivre moins bien. Enfin, il faut être clair, cette réforme touchera tous les retraités du privé comme du public et représentera 30% de retraite en moins si elle passe». En ce qui concerne le mouvement, il prévient: «Ce n’est qu’un début. il est capital que tous les militants, adhérents et sympathisants amplifient, partout où cela est possible, les actions nécessaires au retrait du projet de reforme des retraites».
«On a vu s’inscrire dans l’action des personnes qui n’y étaient pas traditionnellement»
Caroline Chevé, porte-parole de la FSU 13 constate: «On sent la mobilisation monter depuis une quinzaine de jours et d’une façon inédite. On a vu s’inscrire dans l’action des personnes qui n’y étaient traditionnellement pas. Dans le 2e degré, nous avons fait une enquête sur un panel de 1 000 personnes et le résultat est sans appel: 75% de grévistes». Christophe Doré, secrétaire départemental du syndicat Snuipp-FSU, ajoute: «Nous avons une vague de colère qui monte et la lettre du ministre de l’Éducation nationale a été très mal perçue par les enseignants». Céline Carru, du Syndicat des Avocats de France explique: «Les avocats sont impactés par cette loi, il est donc normal que nous participions à ce mouvement unitaire car il importe d’établir un rapport de force. Aujourd’hui, 90% des Barreaux de France sont impactés par le mouvement de grève». Pour Laurent et Yann, CFE-CGC Airbus: «Cette réforme est injuste, elle pénalise l’ensemble des salariés, y compris l’encadrement. On espère que la mobilisation va permettre au gouvernement de comprendre qu’il doit négocier».
Michel CAIRE