Publié le 24 novembre 2014 à 23h30 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h29
Deux évaluations viennent d’être publiées sur Marseille-Provence 2013, toutes deux indépendantes, la première par le cabinet Euréval-Quadrant Conseil, la deuxième par l’Union Européenne, elles confirment le succès de Marseille-Provence 2013.
Jacques Pfister, le président de la CCI et de l’association Marseille Provence 2013, rappelle que les organisateurs avaient dès le départ souhaité qu’une évaluation indépendante soit réalisée. «Les résultats sont là. Nous sommes face à une réussite collective et exceptionnelle. Nous nous étions fixés des objectifs : plus de 10 millions de participants, 2 millions de visiteurs supplémentaires et 500 millions de retombées. Avec 11 millions de visites, 1,9 million de visiteurs supplémentaires, des retombées économiques de 500 millions d’euros et 2 800 emplois créés ou conservés, MP2013 a atteint ses objectifs et s’inscrit parmi les grandes capitales européennes de la culture».
«L’estimation des retombées, explique la CCI, est calculée de façon classique avec des retombées dites directes où ont été dépensés les 102 millions versés dans le cadre de l’année Capitale. Puis il y a les retombées indirectes, les dépenses des touristes supplémentaires. Une enquête a été réalisée auprès de 20 000 touristes pour étudier leurs dépenses moyennes et la structure de leurs dépenses et c’est ainsi que nous avons abouti à 500 millions d’euros. A partir de là, nous nous sommes appuyés sur des travaux de l’Insee pour donner l’équivalent en emploi».
«Il faut maintenant nous affirmer dans la durée»
Jacques Pfister d’ajouter et l’évaluation d’Euréval-Quadrant Conseil va dans le même sens: « Nous sommes maintenant devant la responsabilité d’une capitale qui a réussi. Je ne lâcherais pas l’idée selon laquelle il faut maintenant nous affirmer dans la durée comme un vrai lieu culturel et le monde économique est prêt à aider en ce sens».
Pour Dominique Vlasto, adjointe au maire de Marseille en charge du tourisme «la dynamique qui a vu le jour en 2013 perdure en 2014 sur le plan touristique. Et, sur le plan culturel, nous allons avoir la Biennale du Cirque et d’autres événements. Nous avons eu une année difficile du fait des élections mais nous avons la volonté de continuer ».
«L’intelligence collective est productive»
Un comité d’experts a vu le jour dès 2010 au sein de l’association MP2013, il devient en 2011 comité d’évaluation, présidé par Florian Salazar Martin, composé de partenaires financiers, de parties prenantes et d’experts. Le cabinet Euréval-Quadrant Conseil a été choisi ensuite par appel d’offres. Florian Salazar Martin se réjouit «du travail accompli. Ce fut un vrai plaisir de coordonner ce travail. L’intelligence collective est productive. Il faut poursuivre la dynamique, les collectivités y sont favorables. Il faut du temps et de la sérénité pour cela. Dans ce cadre, je ne pense pas que réduire les moyens des collectivités va permettre de relever les défis et ils sont nombreux sur ce territoire».
Virginie Besrest, d’Euréval, décline les chiffres. Elle signale: «Les 9% de nuitées hôtelière en plus, les +31% de croisiéristes, les 70% de touristes venant pour la première fois et la hausse de 23% des clientèles étrangères. Marseille est de plus la deuxième ville française de Congrès, devant Lyon et elle gagne 68 places au niveau international. Et enfin, 9 touristes sur 10 souhaitent revenir et recommandent la destination ». Avec 2 500 candidatures à l’appel à projets et 950 projets cofinancés ou labellisés, Marseille-Provence a mobilisé les acteurs culturels autour d’un projet commun. Des données qui montrent, qu’avec 11 millions de visiteurs et ¾ des résidents qui ont participé à au moins un événement, l’année Capitale a fait la preuve qu’il est possible de mener à bien un projet commun ambitieux. Et l’adhésion populaire a été au rendez-vous. 40% des projets se sont déroulés dans l’espace public et 85% des projets visaient «un public non habitué». Avec un bémol, les publics loin du centre-ville, mal desservi par les transports commun, (les quartiers Nord à Marseille), ont été moins touchés par la manifestation.
«L’offre touristique culturelle a été durablement améliorée»
En conclusion, il est possible, selon Euréval, que la Capitale «ait clairement contribué à renforcer, l’attractivité touristique, en mettant le territoire et particulièrement Marseille sous les projecteurs. L’offre touristique culturelle a été durablement améliorée, mais la mutualisation des projets et de la communication en la matière restent des chantiers à travailler à l’avenir».
L’année a également renforcé l’attractivité pour les personnes, les talents : «Les structures d’accueil d’artistes ont été renforcées, une normalisation de l’image du territoire a été opérée, le cadre de vie et l’offre culturelle ont été développés. Cela devrait permettre aux entreprises d’attirer plus facilement les talents dont elles ont besoin. Des marges de progrès demeurent néanmoins, par exemple pour faciliter les déplacements au sein du territoire».
«Sans stratégie et politique active de marketing territorial commun, cette mise en visibilité peut s’avérer éphémère»
MP2013 a aussi renforcé l’attractivité «Monde» du territoire, «y compris pour des américains et des asiatiques et lui donnant une image plus créative, plus dynamique. Elle a donné un visage, a confirmé la pertinence de 20 ans de projet de réaménagement à Marseille et une image de territoire élargi susceptibles à terme de faire sens pour des décideurs internationaux, à la recherche de sites d’implantation. Pour autant, sans stratégie et politique active de marketing territorial commun, cette mise en visibilité peut s’avérer éphémère».
Isabelle Bremond, Bouches-du-Rhône Tourisme, ajoute que l’année Capitale a entraîné un rajeunissement de l’image, la destination devient contemporaine, l’image plus cohérente et plus forte et la population est maintenant fière de son territoire.
Ulrich Fuchs, directeur général adjoint de MP2013, revient sur le rapport de l’Union Européenne. «Trois éléments positifs sortent de cette évaluation : premièrement nous avons le montant d’investissement culturel le plus important jamais réalisé pour une capitale. Nous avons le programme le plus dense avec le plus grand nombre de visiteurs et, enfin, le montant le plus important réalisé en terme de mécénat».
Michel CAIRE
Bernard Latarjet: «La réussite impose de tenir son rang»
Bernard Latarjet a porté, construit la candidature de Marseille-Provence 2013, lancé l’année avant de céder sa place à Jean-François Chougnet. Il se réjouit des évaluations. «Nous avons deux dimensions complémentaires avec, d’une part, les retombées analysées du point de vue local et, d’autre part, de nos juges européens. Je rappelle que, si Marseille a été sélectionnée, c’est sur des engagements qu’il convenait de remplir. Alors, il est important que les acteurs expriment leur satisfaction, cela l’est tout autant que les juges soient allés dans le même sens. Par ailleurs, les critères étaient pour partie différents et, dans les deux cas on indique que l’année est couronnée de succès. Nous savions, dès le départ, que nous présentions plus de projets que les capitales précédentes. Nous sommes satisfaits de voir qu’elle a accueilli plus de visiteurs sachant que les outils qui ont permis d’avoir pour la première fois une évaluation sérieuse sont apparus en 2013 . Après, des manifestations auraient pu mieux marcher, notamment des expos mais, globalement, les gens expriment leur satisfaction. Souvent on reproche aux Capitales européennes de la Culture, d’avoir un programme trop élitiste, on l’a reproché à Marseille aussi. Or, fondamentalement MP2013 n’a pas été élitiste mais populaire avec une exigence artistique, accompagnée de médiation, relation, réponses aux questions du public. Mais cette réussite impose de tenir son rang. Il faut, comme à Lille, que le territoire, les acteurs culturels, politiques et économiques organisent des temps forts culturels et artistiques. Surtout, comme il y a de moins en moins de moyens, il faut les mettre en commun. Il faut une union pour donner un poids spécifique à l’international. Maintenant il existe les lieux, des équipes, des projets. Il faut rassembler tout cela. Une grande manifestation, de portée internationale, tous les deux ans, cela suffit».
M.C.