Publié le 2 septembre 2013 à 14h54 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h16
Dans le cadre de « Métamorphoses », un des projets artistiques majeurs de l’année Capitale initié par Lieux publics, centre national de création en espace public, l’artiste marseillais Stéphan Muntaner a métamorphosé cinquante voitures jaunes des facteurs de La Poste en œuvres roulantes. Une manière pour le premier partenaire de Marseille-Provence 2013 de poursuivre son rôle de messager de la Capitale européenne de la Culture. Les premières voitures intégralement transformées ont été présentées ce vendredi 30 août dans les locaux de Lieux publics au sein de la Cité des arts de la rue dans le 15e arrondissement de Marseille.
« Cinquante véhicules quelque peu transfigurés, surprenants, innovants, attractifs qui vont parcourir l’ensemble du territoire de Marseille-Provence 2013 » : c’est en ces termes que Brigitte Goyet, déléguée régionale du groupe La Poste, a dévoilé aux côtés de Pierre Sauvageot, directeur de Lieux publics, les premières voitures jaunes intégralement transformées dans le cadre de « Métamorphoses », un des projets artistiques majeurs de l’année Capitale initié par Lieux publics. La cérémonie officielle s’est déroulée ce vendredi 30 août dans les locaux du centre national de création en espace public au sein de la Cité des arts de la rue, 225, avenue des Aygalades dans le 15e arrondissement de Marseille, en présence de Stéphan Muntaner, l’artiste marseillais qui a réalisé le projet, et de Hugues de Cibon, directeur du Mécénat à Marseille-Provence 2013.
Graphiste, illustrateur, plasticien, photographe ou encore réalisateur, Stéphan Muntaner est avant tout un auteur de points de vue. Né à Marseille, il sort diplômé en arts appliqués et part faire sa première expérience professionnelle à Barcelone. Entre 1991 et 1993, avec le souhait de se confronter à la dimension européenne nouvellement acquise, il découvre ainsi une autre ville méditerranéenne « sans clivage entre art et industrie ». Revenu à Marseille où il est désormais solidement ancré, il n’a de cesse de poser un regard sur l’espace public, intégrant sa dimension éphémère, un travail sur le corps, les mouvements. Dans la cité phocéenne, il officie au sein de Lieux publics, du théâtre du Merlan, puis de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence dont il est directeur artistique, ainsi que dans son agence archi-créative, la boulimique C-ktre créée en 2002.
Ironie du sort, Stéphane Muntaner n’a pas son permis de conduire. « J’ai un problème avec tout ce qui est à quatre roues », sourit-il. Pour mettre en place ce projet de création partagé avec le groupe La Poste, réalisé dans le cadre de l’atelier de l’EuroMéditerranée « La Poste en métamorphoses » qui s’est déroulé entre 2012 et 2013, l’artiste n’a cependant pas complétement évolué en milieu inconnu. « Mon grand-père était directeur d’un service de La Poste à Paris dans les années 1970 », précise-t-il. Un « hasard » qu’il a trouvé « amusant ».
Des voitures métamorphosées en sculptures roulantes
L’artiste marseillais a transformé cinquante véhicules du groupe La Poste en œuvres mobiles. « Pour la conception, on a réimprimé en décalé l’enveloppe du véhicule : c’était l’idée de base, explique Stéphan Muntaner. La phase opérationnelle a pour sa part été plus technique avec l’implication de toute une chaîne de compétences pour arriver à un projet commun. Cette chaîne alterne métiers de création avant de passer ensuite de l’autre côté du miroir. » Cinq œuvres différentes vont ainsi venir habiller 10 voitures chacune. Au total, 1 000 m² de stickers ont été utilisés pour 50 voitures non pas décorées mais littéralement métamorphosées en sculptures roulantes. « Il a fallu avoir la possibilité de prendre des photos des véhicules en haute définition puis déstructurer tout ça. Cela a réclamé toute une logistique dans le processus de création avec un système de rotation des véhicules, des chauffeurs et la réalisation de 400 tirages adhésifs », souligne Stéphan Muntaner qui pense « qu’il y a voir une bonne réaction du public ».
Car les voitures jaunes vont désormais partir à la rencontre des populations pour distribuer le courrier à Marseille, Aix, Gardanne, Vitrolles, Rognac ou encore Aubagne. Six jours sur 7, les facteurs vont en effet parcourir les routes du département au volant des œuvres réalisées par Stéphan Muntaner. Avec un objectif : « profiter du maillage unique de La Poste pour rendre l’art accessible à tous ». « La Poste est le premier partenaire de Marseille-Provence 2013. Nous nous sommes impliqués dès la genèse car il s’agit d’un projet de territoire qui amène la culture à tous. C’est important car l’accessibilité et la proximité sont des valeurs de base de La Poste », rappelle Brigitte Goyet.
Cette flotte de véhicules transfigurés que l’on retrouve dès le début de ce mois de septembre sur les routes du territoire de Marseille-Provence 2013, préambule à « Métamorphoses », projet artistique majeur de l’année Capitale qui se déroulera en trois actes entre le 20 septembre et le 6 octobre, est aussi une manière pour le groupe La Poste, qui a conçu le timbre officiel de l’événement, de continuer à jouer son rôle de messager de la Capitale européenne de la Culture. « La Poste est une institution qui fait du lien, physique mais aussi virtuel avec laposte.net et laposte.fr. Ces 50 pépites vont ainsi interroger, interpeller : cela va véhiculer de façon éphémère la culture sur tout le territoire de Marseille-Provence 2013. Et cela va rendre encore plus populaires les facteurs, le facteur étant la personne la plus populaire de la population, quel que soit son âge et son lieu de vie », souligne la déléguée régionale du groupe.
« Un projet d’artiste qui préfigure » le mécénat de demain
Initié par Lieux publics, « Métamorphoses » est un projet qui propose de bousculer les habitudes, de changer les perceptions et de porter un nouveau regard sur l’espace urbain. « Lieux publics a basé toute son intervention de l’année 2013 sur les métamorphoses. Cela a débuté avec le détournement de la Canebière au Palais de la Bourse ou le champ harmonique aux Goudes. Et là, du 20 septembre au 6 octobre, nous aurons notamment la constitution d’une ville éphémère sur la place Bargemon », précise Pierre Sauvageot. Un projet développé par le plasticien Olivier Grossetête, inscrit dans le troisième acte de « Métamorphoses », auquel La Poste s’est également associée. L’opérateur colis du groupe, ColiPoste, a en effet fourni plus de 1 000 cartons Colissimo afin de permettre à plus de 3 000 personnes d’édifier cette ville éphémère en cartons. Les postiers ont aussi pris part aux ateliers créant la ville éphémère.
Le directeur de Lieux publics tient par ailleurs à saluer la nature de la relation qui s’est nouée entre l’artiste Stéphane Muntaner et le groupe La Poste. « Cette initiative illustre de manière exemplaire comment le monde de la culture et le monde de l’entreprise peuvent travailler ensemble. Les acteurs culturels ont souvent besoin d’argent alors que les entreprises s’interrogent sur qu’est-ce qu’elles peuvent faire pour leur communication. Là, bien sûr qu’il va y a de la communication, mais c’est un projet d’artiste qui préfigure ce qu’il peut y avoir demain », estime-t-il.
Un constat que rejoint Hugues de Cibon, directeur du Mécénat de Marseille-Provence 2013. « C’est un projet nomade et mobile qui illustre l’évolution du mécénat. Avant, l’entreprise regardait de loin les résultats de son implication financière. Là, il y a une vraie implication. Et cette réunion de tous les acteurs, artiste, entreprise et contributeurs, débouche sur un projet très abouti qui satisfait toutes les parties », se réjouit-il.
Hugues de Cibon tient aussi à remercier le groupe La Poste pour son « engagement riche dans l’intensité » et « la mobilisation » de ses équipes dans la réussite de l’année Capitale. « Nous sommes une des rares capitales européennes de la culture à couvrir un département. Et on pouvait difficilement trouver un partenaire plus efficace que La Poste », souligne-t-il.
Même satisfaction chez Mélanie Drouère, chef de projet pour les Ateliers de l’EuroMéditerranée qui fait la part belle à des collaborations entre des entreprises et des artistes. « Nous sommes très heureux d’avoir pu faire un projet avec un partenaire officiel. Cela vient corroborer un engagement global sur quelque chose de concret », salue-t-elle.
Serge PAYRAU