Publié le 9 août 2013 à 21h35 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h07
C’est un Fort, Saint-Jean en l’occurrence, qui accueille « Migrant », le travail photographique et vidéo d’Antoine d’Agata. Il relate les odyssées de ces migrants en quête de leur toison d’or, l’Europe, citadelle tout aussi vieillissante que protégée.
D’abord, la pénombre saute aux yeux. Pénombre, comme celle qu’utilise les migrants, leur seule protection face aux polices, vigiles, et qui, lorsque la tragédie survient, le naufrage, devient linceul. Pénombre pour ne pas être vus. Pénombre aussi pour ne pas voir, le mot d’ordre européen, cachez-moi ces migrants que je ne saurai voir. Pénombre qui, finalement, met en lumière ces visages, ces pratiques, ces souffrances. Avec Antoine d’Agata l’image offre sa vérité première nue, toute sa puissance. Elle propose aussi les paysages sans intérêt, semi désertique, de destruction, qui vont de pair avec les migrations, avec les planques, les lieux de non vie. Et puis, les temps, les espaces se télescopent, ici les migrants qui tentent d’entrer en Europe, là, ceux bloquer à Sangatte, images de télésurveillance à Melila… et l’hôtel Bompard, entre 1941 et 1943. L’Autre encore, à rejeter, exclure.
Et puis, pendant la rencontre avec ces migrants, des sons, des voix, s’imposent à nous, comme une mélopée, comme le chant du tragique. Un trajet dont on ne sort pas indemne.
Michel CAIRE
Odysseia, du 9 août au 23 septembre au Mucem, tarifs : de 5 à 8 € . Ouvert de 11h à 19h, nocturne le vendredi jusqu’à 22h, fermé le mardi
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