Publié le 31 octobre 2013 à 22h31 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h25
Après l’interruption de séance du 25 octobre dernier, à la suite d’un affrontement verbal entre Patrick Mennucci (PS) et Bruno Gilles (UMP), (tous deux absents de l’hémicycle ce jeudi) à propos de Samia Ghali, la séance du conseil communautaire de Marseille Provence Métropole (MPM) a retrouvé un cours quasi normal. Même si les interventions et des votes « contre » sur un dossier, qui avait pourtant obtenu l’unanimité en commission, révèlent que les municipales ont commencé à Marseille. Mais cela n’a pas empêché, entre les gouttes, le vote du dossier relatif à la Délégation de service public (DSP) sur l’eau et l’assainissement, malgré un votre « contre » des groupes communiste et EELV. La Société des Eaux de Marseille Métropole a donc obtenu un contrat de quinze ans pour le service de l’eau, et, pour une même durée, en matière d’assainissement, la Seram Métropole pour le lot centre, la Société Assainissement d’Est Métropole pour le lot Est et Assainissement Ouest Métropole pour le lot Ouest.
Eugène Caselli, le Président de MPM, n’a pas craint de se mouiller, rappelant son implication personnelle dans ce dossier avant de rappeler : « Les quatre nouveaux contrats de Délégation de Service Public, un pour l’Eau et trois pour l’Assainissement, tiennent la promesse d’un meilleur service à l’usager. »
« Le tarif de l’eau baissera de 20% »
Il précise : « Le tarif de l’eau baissera de 20% : le prix du m3 sera de 1,51 € pour la consommation moyenne d’un ménage (120 m3 par an) contre 1,82 € (prix tel qu’il aurait été au 1er janvier 2014 sans les nouveaux contrats). Pour les personnes dont la consommation est faible, souvent les plus défavorisées, cette baisse sera encore plus importante : le prix du m3 sera de 1,44 € pour une consommation de 80 m3 par an, et de 1,04 € pour une consommation de 30 m3 par an ».
Il ajoute, par ailleurs, que «des dispositifs modernes de télérelevés seront mis en place sous deux ans, simplifiant et fiabilisant la facturation. Des économies substantielles d’eau seront ainsi réalisées par la surveillance stricte des consommations publiques».
Concernant les contrats de l’assainissement, il considère : « Ils nous permettront, par la construction d’un bassin de stockage et d’un ensemble de travaux sur les réseaux unitaires de maintenir en fonctionnement permanent la Station d’Épuration même lors de fortes pluies. La qualité des eaux de baignade sera ainsi fortement améliorée. Le délégataire s’engage contractuellement à respecter strictement les dernières normes européennes en la matière ». Le président d’indiquer enfin : « Les mêmes efforts seront conduits pour les communes de l’Est et de l’Ouest. La gestion environnementale sera placée au cœur des obligations des délégataires, par la mise en œuvre de moyens appropriés pour maîtriser les déversements dans le milieu naturel ». Ces contrats, enfin, « permettent d’aller vers une gouvernance où les élus tiendront toute leur place et conserveront entier leur pouvoir de décision », conclut le président.
Martine Vassal (UMP), présidente de la commission Agglomération Eco-Responsable (AGER) lance des piques contre le gouvernement, les Verts, Patrick Mennucci, tout en se réjouissant « d’une bonne négociation, parfois rude, tant nous étions déterminés, ensemble, Monsieur le Président, à garder le cap, à obtenir une forte réduction des prix et un haut niveau d’investissements, à garantir une qualité du service dont nous pourrons être fiers ».
« Vous n’avez pas écouté les injonctions péremptoires… »
Puis de lancer : « Vous n’avez pas écouté les injonctions péremptoires, irresponsables, de votre nouveau patron politique (Patrick Mennucci NDLR) qui entendait lier notre vote vendredi dernier à l’avenir de la SNCM (…). Vous avez eu raison de considérer qu’avec de telles attitudes, votre nouvel « ami » ne pourra jamais être maire de Marseille ».
Ce à quoi, avec le sourire, Eugène Caselli rétorque : « Il est des propos que l’on regrette ».
Marc Poggiale, groupe Communiste, Républicain et Citoyens, déplore : « Le fait de continuer à déléguer au privé l’exploitation de la ressource et du service de l’eau et de l’assainissement. Et comme le privé ne fait rien qui ne lui soit profitable, ses actionnaires vont continuer à encaisser des dividendes substantiels ». Il note : « Si le contrôle renforcé de notre collectivité et les sociétés dédiées actés dans chaque contrat sont des nouveautés appréciables, elles ne sont pas de nature à construire une réappropriation publique et citoyenne du service public de l’eau et l’assainissement. Pas même les comités des usagers qui apparaissent ou disparaissent suivant les contrats à l’initiative du délégataire ».
« Un bastion réactionnaire »
Olivier Agullo, EELV, ne met pas d’eau dans son vin pour critiquer ce dossier : « En France, la gestion de l’eau par les marchands d’eau, contrairement à la plupart des pays européens qui ont fait le choix de gérer en régie publique et en transparence ce bien commun, fait de notre pays un bastion réactionnaire ». Il estime : « Nous avons un contrat qui a gagné en lisibilité sur le plan technique et financier. Et ce n’était pas une mince affaire. Nous avons des comptes prévisionnels année après année et détaillés. Ce n’est pas rien. Si l’on regarde le panier INSEE, soit une baisse de 13% du prix de l’eau sur Marseille. C’est bien moins que les 30% habituels lors d’un passage en régie, mais cela c’est inévitable avec les DSP. Cela donne d’ailleurs une idée du bénéfice indue de la SEM depuis des décennies dans ce dossier ».
Eugène Caselli de lui répondre vertement : « Comment pouvez-vous critiquer le travail d’une commission à laquelle nous avez refusé de participer ».
Michel CAIRE