Plus de 1 500 personnes ont pris place ce jeudi 23 mai en la cathédrale de la Major pour les obsèques Jean-Claude Gaudin avant un enterrement dans la plus stricte intimité dans le cimetière de son quartier, Mazargues. Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille précisera : « Jean-Claude Gaudin voulait que ses obsèques aient lieu dans l’église de Mazargues mais elle est bien trop petite pour accueillir cette cérémonie ».
Gérard Larcher, le président du Sénat est le premier politique à prendre la parole, il sera suivi par Patrice Faure, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Yves Moraine et Benoît Payan, le maire de Marseille. « Évoquer Jean-Claude Gaudin c’est évoquer un homme qui continuera à marquer Marseille mais aussi le Sénat, et lui rendre hommage c’est célébrer son amour indéfectible pour Marseille », indique Gérard Larcher avant de rappeler que Jean-Claude Gaudin : «était un redoutable débatteur et un fin connaisseur de la politique ».
« Le destin de Jean-Claude Gaudin se confond avec celui de Marseille »
Pour Patrice Faure, au nom du président de la République : « Le destin de Jean-Claude Gaudin se confond avec celui de Marseille et donc celui de la France ». Évoque Marseille comme «infiniment diverse et profondément unie ». Et, lance-t-il: « Il fallait une cathédrale pour accueillir ce monument humain ». «Partout dans Marseille, ajoute-t-il, on trouve la trace de Jean-Claude Gaudin, avec le Mucem, la rue de la République… ». Patrice Faure avance: « Jean-Claude Gaudin n’avait d’autre famille que Marseille et des idéaux de concorde, de progrès, des idéaux humanistes ».
« Que l’histoire fut belle, incroyable »
Yves Moraine raconte : « Voilà trois semaines nous déjeunions ensemble lorsque, à un moment, ses yeux s’assombrirent, à voix basse, il me dit : « Je commence à avoir peur de partir et tu devras faire mon éloge funèbre ». L’élu avoue ne pas avoir mesuré alors l’urgence du propos. Et confie-t-il: « Lorsque nous nous rencontrions nous parlions 30 secondes de sa santé puis 30 secondes de la mienne et une heure de politique », des applaudissements s’élèvent. Il se tourne vers Nicolas Sarkozy : « Lors d’un voyage au Maroc vous aviez annoncé votre intention d’aller faire un footing, ce à quoi Jean-Claude Gaudin vous a répondu qu’il préférait aller manger un couscous et, après quelques secondes d’hésitation, Manuel Valls choisissait de le suivre ». Revient à la vie de Jean-Claude Gaudin : «Que l’histoire fut belle, incroyable. C’est l’histoire d’un fils du peuple marseillais qui, par la seule force de son travail, de son talent, a gravi tous les échelons de la politique. Pour ce parcours il a renoncé à tout. Il est entré en politique comme on entre dans les Ordres. Avec, à ses côtés, un roc, l’intelligence de son compagnon de route de tous les jours, jusqu’au dernier, Claude Bertrand ». Là encore le propos est interrompu par des applaudissements. Il en ira de même lorsque Yves Moraine dira : « Il était l’ancien monde mais un monde charnel. Ce n’est ni le lieu ni le moment de dresser son bilan mais il est injuste de ne rappeler que ses échecs car il a laissé une ville plus belle que celle qu’il a trouvée en arrivant ».
« Vous qui n’avez hérité de rien, d’aucun fief, d’aucun canton, d’aucun parti »
Les premiers mots de Benoît Payan sont pour saluer « la foi profonde» de Jean-Claude Gaudin «cette force irrépressible qui vous a poussé à vous engager ». Souligne : «Vos idées étaient différentes des miennes et je les respectées comme je vous respectais ». Rend hommage à celui qui s’est engagé « pour notre ville que vous avez aimée plus que tout, avec passion, défendue avec obstination, incarnée jusqu’à la symbiose. Vous étiez Marseille dans toute sa complexité, dans ses envolées, ses aspérités, ses travers parfois, ses fulgurances toujours. Cette ville incroyable et unique, celle que vous avez gouvernée pendant un quart de siècle. (…) Vous qui n’avez hérité de rien, d’aucun fief, d’aucun canton, d’aucun parti, vous le fils d’un maçon et d’une ouvrière, vous l’enfant d’un Marseille fier et populaire».
Et de rendre hommage « à l’attachement sans faille (de Jean-Claude Gaudin) au dialogue interreligieux si précieux pour notre unité si fragile ». «Je crois, poursuit-il, comme vous que l’unité est notre premier devoir, l’unité de ceux qui croient et de ceux qui ne croient pas. L’unité des plus humbles comme des bien nés ». De rappeler les nombreuses élections gagnées : « Tous les combats vous les avez menés presque seul, aidé de quelques compagnons de route, d’un équipage loyal ». Ajoute : «Dans une vie d’homme, il est des rencontres qui font de vous un autre homme. En croisant Claude Bertrand, en vous reconnaissant, vous n’avez pas seulement rencontré un frère d’armes, un équipier. Alors je veux dire à Claude Bertrand que c’est d’abord à lui que je présente mes condoléances ». Et de conclure : « Aujourd’hui ce n’est pas une page qui se tourne, c’est un livre entier qui se referme ».
Le cardinal Aveline avance : «Depuis que je fréquente des hommes et des femmes politiques je me rends compte que la politique nécessite beaucoup de sacrifices, de discipline et de courage. Je mesure qu’un programme ne suffit pas, il faut du cœur.» Et de conclure en invitant à prier « pour la paix en Nouvelle-Calédonie, entre les peuples israélien et palestinien, la paix pour tous ceux qui voient leur vie basculer à travers le monde et, comme le disait Mgr Etchegaray à « Marseille on fait le tour du monde en 80 heures » » .
Vidéo Joël BARCY, rédaction Michel CAIRE
Parmi les personnes présentes Albert II de Monaco, Brigitte Macron, Nicolas Sarkozy, Gérard Larcher, Christophe Béchu, représentant le gouvernement, la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache François Bayrou, Christophe Castaner, Renaud Muselier, Martine Vassal, Christian Estrosi, Eric Ciotti, et de très nombreux élus nationaux et locaux, des représentants du monde économique, de Marseille Espérance, de l’Académie de Marseille…