Publié le 10 octobre 2017 à 11h23 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h40
Le Commissaire européen Johannes Hahn, en charge de la politique européenne de voisinage et des négociations d’élargissement a parrainé et participé au Symposion 2017 Michael Fischer «Repenser l’Europe, faire des ponts entre cultures et nations dans un monde nouveau». Ce symposium européen s’est déroulé à Marseille, au Musée Regards de Provence, 3 jours durant, du 6 au 8 octobre.
Marseille, ville méditerranéenne, «porte ouverte sur le monde», «carrefour des peuples» a abrité ce 6e symposium après 4 autres villes de Méditerranée : Trieste (2012 et 2013), Piran (2014), Dubrovnik (2015) et Syracuse l’an dernier. A l’origine de ses rencontres, un universitaire : Michael Fischer, disparu en 2014, et Johannes Hahn, commissaire européen qui, depuis, soutient seul ces symposiums. Pour repenser l’Europe, Johannes Hahn a choisi Marseille, «une tête de pont entre l’Europe et l’Afrique» et parie sur la culture parce que tel un sourcier «l’homme de culture peut trouver la source» c’est à dire l’avenir -et il peut être chercheur, journaliste, artiste ou opérateur artistique-. Pour la politique de voisinage européenne dont il a la charge, il souligne l’importance des rapports humains comme dans la vie, sur un «pied d’égalité» car dit-il si «son voisin se porte bien nous, on se porte mieux». Dans cette politique de voisinage, il vise à agir pour l’économie, la vie quotidienne, afin d’aller vers plus de démocratie, et pour l’État de droit. Premier commissaire à s’être rendu en Libye, pour mettre en place un partenariat avec le peuple libyen. Un pays qu’il ne veut absolument pas réduire à un pays de passage des migrants vers l’Europe. Indiquant «On compte 300 000 migrants en route vers l’Europe et 1 million de déplacés». Sa politique de voisinage consiste à rétablir de bonnes conditions de vie en agissant sur les municipalités et leurs infrastructures pour la fourniture d’électricité, la collecte des ordures ou l’aide au financement des PME locales avec une ONG française « Expédit France ». Sur le plan politique, dans ce pays où deux gouvernements se disputent le pouvoir, l’Union Européenne agit avec Ghassan Salamé, l’émissaire des Nations Unies en Libye. Enfin, il se félicite de voir que le prochain symposium européen se tiendra à Tunis, «petite fleur de la démocratie». «Il serait dommage, juge-t-il, de parler de l’Afrique et des pays arabes tout en restant ici. Il faut se rendre sur place». Considérant que la Tunisie est particulièrement appropriée pour jeter un pont entre le Sud de l’Europe et la rive Sud et offrir ainsi la possibilité «de comprendre les deux mondes». Entretien avec Johannes Hahn traduit par l’interprète Uta Semper ste-011_itw_du_commissaire_hahn_08_10_17_avec_interprete.mp3 Pendant les 3 jours, se sont succédé à la tribune, universitaires, journalistes et artistes de quatre pays de l’Union Européenne (l’Autriche-pays du Commissaire-, Allemagne, Suède et France), de Suisse, pays associé à l’UE, pays du «voisinage» (Liban, Chypre, Maroc, Algérie, Israël) et deux pays d’Afrique (Afrique du Sud et Cameroun). Parmi eux, Thierry Fabre, directeur du programme Méditerranée de l’IMéRA, à Marseille qui souhaite une «Europe sans rivage, ouverte sur son Sud qui cherche à être médiatrice, en Syrie, en Libye, pour le conflit Israélo-palestinien ou les conflits qui s’éternisent ». Une Europe «en pointe sur le dérèglement climatique, sur la recherche et qui parie sur ses jeunes avec un grand Averroès pour étudiants euro-méditerranéens», ce qui serait selon lui, bon «contre l’islamisme radical». Face à ses quatre propositions de réforme, il considère que la présence de Johannes Hahn, est une occasion à partir de Marseille «de dire l’Europe que l’on ne veut pas». «Une Europe forteresse qui fait de la Méditerranée, la frontière la plus dangereuse du monde avec 10 000 morts par an »; «une Europe identitaire» avec une poussée des partis identitaires; «une Europe bureaucratique », citant le réseau de recherche Ramsès qu’il a dirigé où «on a été confronté à des processus bureaucratiques insensés». A propos du désir d’indépendance des Catalans, il considère que l’Europe n’est plus un «ciment». Elle n’a pas su créer cette appartenance. Cite deux exemples: «Les billets anonymes de l’euro» sans les portraits des grands de la culture européenne, «Victor Hugo, Dante, Nietzsche ou les grands musiciens» et, l’architecture de Bruxelles, «la bruxellisation», «fermée sur elle-même ». Rappelant que «l’architecture est le reflet de l’idéologie». Pour conclure, il prévient qu’«il ne faut pas oublier les pays de la Méditerranée et le Sud de l’Europe qui a quelque chose à dire et qui a une connexion avec le monde méditerranéen». Considérant: «Si l’Europe devient une forteresse, cette forteresse s’effondrera» ste-005_thierry_fabre_repenser_l_europe_06_10_17.mp3 Invités à ce symposium européen, une dizaine d’étudiants dont certains appartiennent au programme Erasmus. Anthony Crestini fait partie de ce groupe avec un statut particulier, puisqu’il est en cotutelle internationale de thèse ce qui lui permet une mobilité pour ses recherches. Ce Doctorant rochelais, soutient une thèse en Histoire du droit. Recherche, entre autres, comment les cités de la Renaissance italienne (Rome, Venise, Florence) ont élaboré, chacune de leur côté, une manière de concevoir le pouvoir pour ensuite le transposer à l’Europe. Dans le cadre de ce symposium européen, il regrette qu’il ne réunisse pas «un public beaucoup plus large». Sur l’avenir de l’Europe et les ponts culturels entre nations de la Méditerranée, il rappelle qu’une partie des pays de l’Europe et les pays riverains de la Méditerranée ont en commun «tout un pan de la culture juridique basé sur le du Droit romain». «On s’est tous construit sur le Droit romain, poursuit-il, on a des institutions communes, un esprit du droit qui est commun et surtout des philosophies communes.» Évoquant celle «d’Aristote reprise par Saint-Thomas d’Aquin dans l’Europe chrétienne et reprise par Averroès dans le monde arabe arabe». Ainsi, considère-t-il: «Au lieu de toujours pointer du doigt nos différences et nous faire aller dans des directions opposées, peut-être devrait-on partir de ce qui nous rassemble, de ce que nous avons en commun». Il défend également la culture de l’antiquité au travers de l’association «Antiquité Avenir» qui organise des États Généraux de l’antiquité, une fois par an à la Sorbonne, à Paris et qui est ouverte au grand public… ste-010_anthony_crestini_doctorant_en_histoire_du_droit_08_10_17.mp3 Il est à noter qu’au cours du symposium, un concours a été proposé à ces étudiants : envoyer un post sur un réseau social (Facebook, Instagram ou Twitter) sur le thème de l’avenir de l’Union Européenne. Deux des meilleurs posts devaient recevoir un billet inter-rail pour voyager dans toute l’Europe. Les deux lauréats ont refusé leur billets parce que leurs camarades n’en avaient pas. Johannes Hahn, le Commissaire, après un court laps de temps a annoncé qu’il prenait en charge les billets de cette dizaine de jeunes, filles et garçons. Il leur a d’ailleurs conseillé à ce groupe majoritairement de langue romane d’aller dans les pays de l’Est de l’Union, toujours une histoire de pont entre mondes différents. Reportage Mireille BIANCIOTTO