Publié le 29 novembre 2022 à 9h30 - Dernière mise à jour le 8 décembre 2022 à 11h57
Pour la deuxième année consécutive, vient de se tenir la journée de lutte contre la précarité énergétique. Un fléau qui touche 12 millions de personnes en France. Une journée qui permet plus spécifiquement de rendre visible ce phénomène auprès des décideurs locaux et du grand public, en fédérant les acteurs de la précarité énergétique autour d’un événement national récurrent. De nombreuses manifestations ont été organisées à Marseille à cette occasion.
Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique considère que cette journée contre la précarité énergétique est l’occasion pour évoquer, mettre en partage «les pistes pour massifier les travaux de rénovation énergétique pour en finir avec les passoires thermiques générant de la précarité». Il évoque une matinée de réunion de travail avec les associations, les structures. Matinée lors de laquelle un atelier s’est déroulé sur le déploiement d’un dispositif de repérage des situations de précarité énergétique à Marseille (Slime). Le Slime vise notamment à largement développer le repérage, l’orientation et l’accompagnement des ménages en situation de précarité énergétique.
La ville de Marseille soutient le Slime
Depuis 2013 plus de 50 000 ménages accompagnés sur 46 territoires français ont opté pour ce dispositif. Il est adaptable aux territoires et permet via une mobilisation de réseaux d’acteurs terrain d’identifier les ménages touchés et d’organiser des réponses de premier niveau -installation d’équipements économies, conseils personnalisés- puis d’orienter ces ménages vers les solutions les plus adaptées à leur cas : rénovation du bâti lorsque cela est possible, accompagnement social pour les personnes isolées, suivi des consommations et facturations… Sébastien Barles précise à ce propos: «La Ville soutient le Slime pour identifier, orienter et accompagner les familles en précarité énergétique. Un dispositif expérimental de territoire 0 exclusion énergétique». Ce dispositif est porté par le Geres, créé en 1976, à Marseille. Cette ONG de développement internationale œuvre à l’amélioration des conditions de vie et lutte contre les changements climatiques et leurs impacts.
Aux côtés de Sébastien Barles, Michèle Rubirola, Première adjointe au maire de Marseille en charge de la santé, insiste sur «l’importance de la transversalité pour répondre aux problématiques de logement insalubre et donc, notamment, de précarité énergétique car le logement est un déterminant prioritaire pour avoir une bonne santé».
L’adjoint à la transition écologique déplore pour sa part: «Nous assistons à une explosion des coupures d’énergie: 550 000 en 2020, 70 .000 en 2021 et 900 000 cette année. Et la situation devrait encore empirée avec les fortes augmentations, pour les particuliers, du gaz et de l’électricité». «C’est la raison pour laquelle, poursuit-il, que nous considérons qu’il faut légiférer sur la fin des coupures d’énergie. Il faut laisser un minimum vital, c’est une demande que la Ville relaie».
le Geres accompagne les ménages individuellement
C’est au tour du Geres de s’exprimer par la voix de Marie-Maud Gérard. Dans le cadre de son programme énergie et précarité incluant le programme européen EmpowerMed, le Geres met en œuvre la majorité de ses actions de lutte contre la précarité énergétique sur le territoire marseillais. «Il s’agit de mener des actions collectives autour de la santé et de l’énergie dans le logement en coopération avec l’association WECF France. Comme par exemple, échanger avec les ménages modestes et notamment beaucoup de femmes, souvent les plus touchées par la précarité énergétique, sur les bons choix d’abonnement et les problématiques de factures, leur montrer les écogestes énergie et expliquer comment réaliser soi-même son installation d’équipements économes. Et enfin le repérage de situation qui réclame des travaux de première nécessité comme le remplacement de vitre cassée, pose de joints de fenêtres et de portes, réparation de robinetterie…»
Les Compagnons bâtisseurs
«Les Compagnons bâtisseurs, rappelle leur représentante «luttent contre le mal logement et la précarité». La structure propose notamment «des chantiers d’Auto Réhabilitation Accompagnée (ARA) à destination de personnes en précarité en parc privé comme en parc public. Sur la base d’un diagnostic nous trouvons des solutions avec les habitants pour renforcer leur confort et réduire leurs charges».
La structure propose aussi des accompagnements de propriétaires occupants très modestes en assistance à maîtrise d’ouvrage et dans la réalisation de travaux notamment liés à la rénovation énergétique (Bouches-du-Rhône); des écodiagnostics au domicile de personnes en situation de précarité énergétique ; des diagnostics de non décence pour les CAF des Bouches-du-Rhône et du Var et de manquements au règles de sécurité et d’hygiène pour la ville de Marseille…
Ayant pour ambition d’accompagner les personnes vulnérables vers l’autonomie, est également présente la Croix-Rouge insertion, «pour faire du développement de l’emploi dans les territoires un axe majeur de la lutte contre la précarité». De son côté La Varappe œuvre dans le monde de l’insertion «mais nous avons aussi une action sur la maîtrise de l’énergie. Nous allons dans les quartiers avec une exposition concrète sur le coût énergétique de la télé, du frigo… C’est très pédagogique ».
C’est sur le terrain que tout se passe
«L’agence locale de l’énergie et du climat, explique son directeur, est aux côtés des collectivités pour construire une politique énergie-climat, pour accompagner à la réhabilitation dès lors qu’elle est réalisable en tant que tiers de confiance» et de signaler que : «cette journée de lutte contre la précarité énergétique est extrêmement importante. Les politiques publiques portent l’intention mais c’est sur le terrain que tout se passe et là, les collectivités locales ont toute leur place».
La Soliha était également un des acteurs de cette journée. Fondée à l’origine pour lutter contre les taudis, elle agit aujourd’hui pour améliorer les conditions d’habitat des personnes aux revenus modestes, favoriser l’accès et le maintien dans un logement décent, produire et gérer une offre de logements de qualité à loyer abordable, contribuer à la redynamisation des quartiers et centres anciens dégradés et promouvoir l’innovation sociale.
un atelier témoignage
L’après midi fut tout aussi studieux porté par un atelier-témoignage avec Marie-Maud Gérard, responsable programme énergie et habitat au Geres, autour de la problématique de la précarité énergétique sur le territoire. Avec l’appui du témoignage de la plateforme de l’hôpital Sainte-Marguerite « Proctisanté », l’ESF Service -Chantal Lodato et les représentants de la MDS et des CCAS. L’échange était co-animé par Isabelle Bordet, élue des 1-7 et Kheira Miloud de La Varappe. Le principe était de mettre en avant les liens entre mauvais entretiens des logements, inconfort notoire en hiver mais aussi de parler de l’inconfort d’été et l’impact d’un habitat mal isolé sur la santé des habitants. Enfin le Geres a organisé une soirée avec ses partenaires pour les mobiliser et renforcer les actions en cours.
Michel CAIRE