Marseille. Sommet Climate Chance Europe-Afrique 2025. Ronan Dantec : « Nous allons vers une augmentation de la chaleur de 4 degrés dans la seconde moitié du XXIe siècle »

Marseille accueille pour deux jours les 31 mars et 1er avril, le Sommet Climate Chance Europe Afrique 2025. Un sommet lors duquel son président, Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique, a insisté sur le fait que  « l’objectif de la COP de Paris de maintenir à +2 degrés le réchauffement climatique ne pourrait être atteint et qu’il faut plutôt cibler les 4 degrés. » Pour y parvenir et pour que cela soit le plus supportable possible il importe à ses yeux « de poursuivre les actions contre le réchauffement climatique et pour la sauvegarde de la biodiversité mais aussi de travailler sur les enjeux de l’adaptation.»

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Parmi les intervenants de ce Sommet Benoît Payan, Michèle Rubirola, Thani Mohamed Soilihi, Ronan Dantec © Joël Barcy

« Inondations, sécheresses, perte de récoltes… Le réchauffement climatique est là. De menace plus ou moins théorique il est devenu une réalité concrète qui emporte des vies, impacte notre quotidien », explique Ronan Dantec pour qui ce Sommet de Marseille « doit clairement être celui d’un changement de narratif. Nous ne tiendrons pas les 2 degrés affichés lors des accords de Paris. » Il souligne par exemple  : « L’Inde affiche fièrement le fait d’avoir battu son record d’extraction de charbon et les Etats-Unis ont élu un président climatosceptique.» Pour Ronan Dantec : « Il n’est plus possible de se masquer les yeux. Nous allons vers les +4 degrés dans la seconde moitié du XXIe siècle.» Il importe alors, selon lui:  «De ne pas nier la gravité de la situation. Les défis seront considérables .» «Mais il faut aussi, poursuit-il, rassurer et dire que l’adaptation est possible». Ronan Dantec n’ignore pas l’agression Russe et ce qu’elle implique : «Elle entraîne d’autres enjeux mais les réponses doivent être communes.» Ne plus être dépendant des énergies fossiles « c’est bon pour le climat et bon pour affaiblir l’économie de guerre russe. »

Pour Ronan Dantec ce sommet est d’autant plus important qu’il peut nourrir la réflexion de l’Europe alors que cette dernière va présenter, en 2026, sa nouvelle stratégie d’adaptation. « Nous pensons aussi essentiel, dans un monde en tension, de renforcer les solidarités et les échanges.» Et d’évoquer l’Afrique : «C’est à elle de définir sa propre feuille de route. Mais il importe d’être solidaire avec ce continent qui subit un réchauffement dans lequel il n’est pour rien.  A Marseille nous continuons à construire cette nécessaire communauté volontariste et lucide d’acteurs qui ne se résignent pas à la marche vers le désastre.» Et il signale que « derrière les défis c’est le temps des opportunités qui s’ouvrent».

Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des partenariats internationaux note à son tour : « En Afrique les conséquences du changement climatique se font dramatiquement ressentir. » Face à cela il rappelle que la France soutient «une vingtaine de pays fragiles ». Il insiste aussi sur l’importance « au-delà de l’aide des États, sur celle des collectivités territoriales ». Il considère : «Ce sommet est une promesse pour nos territoires et la France va prendre toute sa part dans le domaine de l’environnement. » Il affiche ainsi la volonté de la France de renforcer la protection des océans et la lutte contre la pollution plastique. Thani Mohamed Soilihi, assure : « Face à l’urgence climatique la France reste fidèle à sa politique de solidarité internationale. » Il indique : « L’Afrique subit les conséquences les plus brutales, demain elle pourra être un moteur des solutions. »

Pour Benoît Payan, le maire de Marseille : « Le dérèglement climatique n’est plus une prophétie. Mais l’Homme, satisfait de lui-même, continue de se rêver maître des océans, des forêts, du climat. Mais le climat ne se domine pas, il s’impose à nous. Les catastrophes s’enchaînent aux quatre coins de la planète. » Face à cela, poursuit-il: « Il est vital, essentiel, primordial, de nous préparer pour affronter collectivement ce qui est désormais notre réalité conjointe pour adapter nos lieux de vie, de transformer nos espaces pour protéger le vivant et l’humanité toute entière.» Il en vient à Marseille : « Marseille est un trait d’union entre les peuples. Porte de l’Europe et de l’Afrique, grande capitale de la Méditerranée, elle est au premier rang de ce combat vital qu’elle entend bien mener avec ambition et détermination.» Il rend hommage au travail accompli « par les associations, les agents, les entreprises empruntent ce chemin vertueux. » Benoît Payan se félicite notamment  : «Notre ville a vu, pour la première fois depuis des années refleurir les herbiers de posidonie. » Considère : « Les villes ne peuvent pas seules empêcher l’effondrement de nos sociétés. » Mais, pour lui : « Il est encore temps d’agir pour arrêter la déforestation, empêcher le dépassement ingérable de la montée des eaux. Mais, pour cela, il faut arrêter de nier, d’être aveugles et sourds car alors tous les efforts n’auront été qu’illusion. Aucune civilisation ne survit à l’aveuglement de ses élites. »

Puis Benoît Payan rappelle : «Lorsque le Covid est arrivé nous n’étions pas prêts mais nous avons décidé de mettre le prix fort. Quand la guerre ressurgit nous ne sommes pas prêts mais nous allons en payer le prix fort. Alors pourquoi attendre de payer le prix encore plus fort  en matière de changement climatique ? Le Giec explique que ne rien faire coûterait entre 5 et 10% du PIB mondial alors que si on agissait maintenant cela ne coûterait qu’1%. »« Aujourd’hui, poursuit-il,  les pays les plus pauvres paient pour les plus riches qui trouvent des excuses pour ne pas payer leur dette climatique. Il est temps de réparer cette injustice. On doit rester lucides, unis, montrer que rien n’est irréversible si nous le décidons. Nous n’avons pas d’autre choix que d’être plein d’espoir.»

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© Joël Barcy

Theresa Ribera, Union européenne, insiste à son tour «sur la nécessité de lutter contre le changement climatique et de s’adapter à ses effets. » Elle note aussi que «l’Afrique pollue le moins et est la première victime du changement climatique. Pour elle, l’Europe dispose de tous les outils pour s’adapter et doit le faire en partenariat avec l’Afrique

Reportage vidéo Joël BARCY –  Rédaction Michel CAIRE

 

BEI : l’étude qui montre la prise de conscience de la population

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Sommet Climate Chance Europe-Afrique 2025 à Marseille © Joël Barcy

Grégoire Chevrier Le Drian , BEI, explique dans un premier temps que la France est un bon élève de la lutte et de de l’adaptation au changement climatique. Elle est en effet le principal bénéficiaire des financements verts du Groupe BEI en 2023. Sur quelques 12 milliards d’euros d’investissements financés en 2023, près de 7 milliards, soit 64%, sont allés à des projets comprenant une forte composante climatique.

Puis d’en venir à l’enquête annuelle sur le climat commandée par la Banque européenne d’investissement (BEI) en août dernier qui montre qu’en France, huit personnes sur dix reconnaissent la nécessité d’adapter leur mode de vie aux effets des changements climatiques. Les personnes interrogées voient dans les changements climatiques le deuxième des défis auxquels leur pays est confronté, par ordre d’importance, derrière l’augmentation du coût de la vie. Beaucoup sont convaincues qu’investir dans l’adaptation dès maintenant permettra également d’éviter des coûts plus élevés à l’avenir.

Dans ce contexte : 97 % d’entre elles reconnaissent la nécessité de s’adapter aux changements climatiques (contre 94 % en moyenne pour l’UE). Une majorité de personnes (56 %, contre 50 % pour l’UE) considèrent l’adaptation aux changements climatiques comme une priorité en France pour les années à venir. L’adaptation aux changements climatiques est également perçue comme une occasion à saisir sur le plan économique et comme un investissement à long terme pour le pays : 90 % des personnes interrogées affirment qu’investir dans l’adaptation aux changements climatiques peut créer des emplois et stimuler l’économie locale (contre 86 % pour l’UE). 88 % estiment que l’adaptation aux changements climatiques nécessite des investissements immédiats pour éviter que les coûts n’augmentent encore à l’avenir (contre 85 % pour l’UE). Et 40% des européens estiment qu’ils devront déménager vers un lieu plus frais dans les années à venir.

 

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