L’actualité télescope parfois le choix d’une pièce. C’est le cas de « La Paix » d’Aristophane qui ouvre la saison 2023:2024 à la Criée. En l’adaptant le directeur, Robin Renucci, ne pensait pas que cette pièce, écrite en 421 avant JC, offrirait une criante vérité aujourd’hui.
« On peut rire de la guerre »
«La Paix» n’est pas la pièce la plus jouée du répertoire. « Elle a été donnée tous les 20 ou 30 ans, souvent dans des périodes de conflits» , avoue Robin Renucci. Dullin, Vilar, Vitez, Maréchal… l’ont mise en scène. En s’y attaquant il ne pensait pas que l’Ukraine et le Proche-Orient résonneraient comme en écho à cette pièce écrite voilà 25 siècles. « Le réel prend une grande place dans nos vies et nos inquiétudes», analyse le directeur de la Criée mais, précise-t-il: «On peut encore rire du désir de paix, de connivence. La pièce est une pièce d’espoir par rapport à la sidération, aux questionnements, elle est intemporelle. Elle démontre qu’on peut reprendre en main notre destin, qu’on peut dialoguer, respecter l’autre ». est-elle à l’image du directeur ? «On peut dire cela, c’est une pièce qui me ressemble avec son sens du partage, de l’éducation populaire, de la solidarité, sa volonté de réfléchir ensemble».
A la paix !
En adaptant la pièce d’Aristophane, a voulu l’ancrer dans le moment présent avec une langue proche d’aujourd’hui et un décor connu. «Cela se passe sur le Vieux port » indique Serge Valletti, auteur de théâtre et scénariste. «Quand le héros, un vigneron, s’élève vers les cieux pour rejoindre les dieux, il décrit la cité phocéenne, ses îles, ses collines. L’ancrage c’est Marseille », explique-t-il. C’est une pièce lucide. Le héros demande aux dieux pourquoi il y a un tel chaos, une telle m…, il veut comprendre ce qui ne va pas pour essayer de l’arranger. « C’est teinté de beuverie, de vapeurs alcooliques. C’est un rêve, une utopie qu’il veut voir réaliser», conclut Serge Valletti. Ce spectacle est une comédie, il est à la fois tragique et comique. Le duo a changé légèrement le titre. « La Paix » d’Aristophane s’est transformée en « A la paix ! » comme on dit « à la vôtre » lors d’une soirée festive ou d’un moment de partage. Pour Serge Valletti, le grand défi dans l’adaptation, a été de garder le comique contenu dans la pièce d’Aristophane : « Quand on a la pièce devant soi, il faut sortir chaque réplique et préserver le sens comique du départ ».
Dans ce spectacle le directeur de la Criée a souhaité une interaction physique entre la salle et le plateau. Robin Renucci rappelle: « Dans le théâtre populaire le public est au cœur.»
Reportage Joël BARCY
« A la paix ! » représentations du 8 au 26 novembre à la Criée.
Plus d’info et réservations: theatre-lacriee.com