La fête était un peu anticipée. Le millionième visiteur était prévu fin août mais les émeutes début juillet dans la cité phocéenne ont entraîné une chute de l’affluence. Résultat l’heureux élu n’arrivera qu’à la mi-septembre. Ouverte en juin 2022, la Grotte Cosquer reçoit en moyenne 65 000 personnes par mois. Un succès.
Découverte des ancêtres
De l’ocre, de l’eau, un bec souffleur et les enfants ont pu laisser leur empreinte sur un mur comme nos ancêtres les gravettiens. Le bec souffleur était un outil inconnu voilà 30 000 ans mais là il s’imposait pour des raisons d’hygiène. A part cela tout est identique. « Nos ancêtres mettaient l’ocre et l’eau dans la bouche puis soufflaient puissamment autour de leur main sur la paroi », indique Séverine Lamarre médiatrice à la grotte Cosquer qui précise: « Il nous faut du souffle comme eux car le bec impose une forte énergie. On est obligés de se relayer car c’est dur ». Des dizaines de petites mains sont venues garnir le mur vierge. Mathéo a été séduit par le rituel «faire sa main comme les hommes préhistoriques, c’est bien ».
Une fierté pour Henri Cosquer
Comme tout découvreur, le plongeur Henri Cosquer a donné son nom à la grotte et à sa restitution dans l’ex-villa méditerranée. « Cette grotte il y a la découverte mais il y a aussi notre histoire et c’est à Marseille», insiste Henri Cosquer. « Pour moi c’était important de la faire découvrir et de la partager. C’est la première grotte ornée sur la façade méditerranéenne. Ces dessins, l’art ça prouve que des hommes se sont installés là et qu’il y avait un esprit de société ». C’est une grande fierté de voir cette reconstitution ? « Bien sûr que c’est une grande fierté. Je me suis battu pour ça mais ça a mis 30 ans quand même ! ».
Une belle reconversion
A l’origine de l’implantation de la grotte Cosquer Renaud Muselier, le président de région, est fier lui aussi de cette réussite « c’est plus qu’une belle reconversion. Ici y’avait rien à part un bâtiment qui ne servait pas. On l’a confié à une société, six ans de travail et on a quelque chose d’exceptionnel et ça rapporte de l’argent à la région alors qu’on en perdait beaucoup chaque année avant. En plus on a « sauvé » cette grotte qui va être progressivement engloutie ».
Un public très varié
« Je vois des populations que je ne m’attendais pas du tout à voir dans un musée comme celui-là » note Frédéric Prades, le directeur de Cosquer. « Je pense que le côté attraction de cette grotte avec notamment les modules d’exploration touche une population qui n’est pas la clientèle traditionnelle des musées et profite de cette expérience originale pour découvrir la période préhistorique ». Depuis l’ouverture, le champ d’attraction de Cosquer s’est élargi. « On accueille de plus en plus d’étrangers, environ 15% et des gens de toute la France même si la clientèle principale demeure la Provence-Alpes-Côte-D’azur. On est là au minimum pour 25 ans dans le cadre de la délégation de service public donc on va multiplier les soirées comme celle-ci, les animations, les colloques scientifiques pour continuer d’attirer les visiteurs.
La vitesse de croisière prévue à partir de 2024 est de 500 000 visiteurs par an.
Reportage Joël BARCY