Marseille: un plan « ambition centre-ville » voit le jour

Publié le 13 décembre 2017 à  11h19 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Jean Montagnac, Jean-Claude Gaudin, Martine Vassal et Jean-Luc Chauvin ont présenté  le plan Ambition pour le centre-ville (Photo Robert Poulain)-
Jean Montagnac, Jean-Claude Gaudin, Martine Vassal et Jean-Luc Chauvin ont présenté le plan Ambition pour le centre-ville (Photo Robert Poulain)-
«Enfin», lance Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Marseille-Provence lors de la conférence de presse de présentation du plan « ambition centre-ville » à laquelle il participe aux côtés de Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, président de la métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, la présidente du Département 13 et Jean Montagnac, président du Conseil de territoire Marseille-Provence. Et de reprendre: «Enfin une ambition affichée et assumée pour le centre-ville». Martine Vassal se félicite, pour sa part, de voir le centre-ville devenir digne de la 2e ville de France et annonce à cette occasion que le Département va «encore» aider Marseille avec une participation de 32M€ pour cette opération.

«Les centres anciens en France sont en perte de vitesse»

Jean-Claude Gaudin entend
Jean-Claude Gaudin entend

Jean-Claude Gaudin indique que les centres anciens en France sont en perte de vitesse, au profit de la périphérie, «et le centre-ville de Marseille n’est pas épargné», avance-t-il. «Dans ce contexte, poursuit-il, nous voulons, à travers un nouveau plan global mettant en cohérence différents leviers, aller plus loin et plus fort pour améliorer le quotidien des Marseillais qui y vivent, qui y consomment ou qui y travaillent». Ce plan d’action dénommé « Ambition Centre-Ville », en partenariat avec le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, se décline en projets à court et moyen terme dans un « livre guide » et une plateforme, ambition-centreville.marseille.fr. «Ce plan a été coconstruit avec les représentants des habitants, des commerçants et des entreprises, les associations, les CIQ», est-il précisé par le maire de Marseille. Plusieurs axes majeurs, autour de l’espace public, l’habitat et le logement, l’activité économique, «constituent le cercle vertueux des principes d’une action concertée, globale et cohérente, portée par la Ville et la Métropole», explique-t-il. In fine, ce programme comprend 50 actions concrètes pour le centre-ville «avec, des investissements publics à hauteur de 100 M€, à parité avec les investissements privés, avec des actions déjà en cours et d’autres qui se finaliseront d’ici 2020», précise Jean-Claude Gaudin.
Et de citer en autres, l’aménagement et la gestion de l’espace public comme la requalification de la rue Paradis -qui vient d’être inaugurée- «dont l’aménagement entre la place Estrangin et la Canebière fait la part belle aux piétons et aux vélos, et contribuera à redynamiser cet axe commercial majeur». il en vient à la requalification du quartier Noailles qui sera engagée en février 2018, avec la rénovation du Marché des Capucins, avant celle des places Fare-Petites-Maries, Porte d’Aix, Jean Jaurès, et du cours Lieutaud. Et d’annoncer: «Nous allons mettre en place des toilettes publiques gratuites, 60 d’ici à 2020, pour un coût de 5 M€ sur 8 ans». Quant à l’utilisation des deux-roues «elle doit être encouragée mais mieux encadrée. nous allons créer 1 400 places de stationnement qui leur seront dédiées». La propreté est affichée comme un vecteur essentiel de la qualité de vie, «la Métropole a renouvelé ses marchés avec des obligations très strictes de résultats en termes de collecte et de propreté». Le Maire en vient à l’amélioration de la sécurité: «Le maillage des caméras de vidéoprotection sera encore renforcé et un système intelligent de vidéo d’alertes en temps réel sera mis en place».

«Un droit de préemption renforcé sur les fonds de commerce»

Quant à l’implantation de commerces le maire de Marseille parle d’encourager les créations et la diversification de l’offre commerciale et d’agir contre la vacance. «Nous avons mis en place un droit de préemption renforcé sur les fonds de commerce et intégré la modernisation des devantures commerciales dans le dispositif d’aides publiques aux « ravalements de façades » grâce auquel 500 immeubles ont déjà été traités», souligne-t-il avant d’ajouter: «L’ensemble de ce dispositif doit aussi concourir à inciter de nouveaux habitants à revenir vivre en centre-ville. Pour cela, nous voulons faire davantage à destination des jeunes ménages primo-accédants en donnant un nouvel élan au chèque premier logement et en mettant en place un chèque premier logement Accession/Rénovation dans le Grand Centre-Ville. Ce nouveau dispositif plus incitatif représentera un investissement important de plus de 13 M€ sur 6 ans».

Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône souhaite que
Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône souhaite que

Pour Martine Vassal le centre-ville doit être moins absorbé par les voitures, mieux organisé pour les transports en commun, «en augmentant fortement la place pour les piétons et pour les vélos. On le voit bien avec l’inauguration de la rue Paradis ou les Dimanches de la Canebière, il y a un véritable engouement de la population à se réapproprier l’espace public ». La Présidente annonce : «Les espaces et le bâti du centre ville de Marseille vont évoluer, proposer plus de modernité, de culture, de jeunesse, d’événements festifs. Nous voulons un centre-ville plus sécurisé et plus agréable». «Le patrimoine de notre centre-ville, insiste-t-elle, doit être mieux valorisé et protégé. Les monuments publics, les façades, les églises, les fontaines sont d’une richesse incroyable dans la cité phocéenne. Nous allons proposer le financement à hauteur de 80% de la restauration des fontaines. Nous serons également acteur du ravalement des façades et nous allons sous peu annoncer la requalification des devantures autour du lycée Thiers». Elle signale à ce propos: «Oui aux graffitis et aux fresques, le Département soutient et même finance, mais les tags minables qui dégradent même les monuments aux morts, les tags de gangs qui marquent leur territoire c’est, non». Martine Vassal souhaite que «Marseille ait toute sa place au sein de l’arc méditerranéen».

«Il faut aussi s’occuper des transversales, aller plus loin dans le travail sur l’espace public»

Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence, réclame une évolution en matière de politique tarifaire des parkings (Photo Robert Poulain)
Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence, réclame une évolution en matière de politique tarifaire des parkings (Photo Robert Poulain)

Jean-Luc Chauvin se réjouit de voir que cette opération «est programmée, financée et datée». S’il apprécie de voir les travaux réalisés rue Paradis, il ne manque pas de signaler: «Il faut aussi s’occuper des transversales, aller plus loin dans le travail sur l’espace public. Si on ne traite pas les transversales il n’y aura pas de cohérence d’ensemble». Il plaide aussi en faveur du wifi pour tous «et l’installation de mobilier urbain intelligent pour aider les touristes». Il profite de l’occasion pour réclamer une évolution en matière de politique tarifaire des parkings: «On peut le faire avant même une renégociation des contrats de DSP, en prenant en compte le nécessairement abaissement des tarifs qui doivent également être adaptés en fonction des horaires et des jours. Cela s’est fait dans d’autres villes, des solutions peuvent être trouvées par les communes, les associations de commerçants». Il considère que ces axes peuvent être déclinés dans d’autres villes de la métropole avant de proposer le lancement d’actions marketing, la création de parcours touristiques. Annonce la création d’un pack de bienvenue pour les nouveaux commerçants et dévoile-t-il: «Nous allons ouvrir le grand hall du Palais de la Bourse aux startups du territoire pour qu’elles montrent leur savoir-faire». Il propose la piétonnisation du centre-ville et annonce que la CCI Marseille-Provence est prête à porter « Un amour de centre-ville » pouvant être adopté par toutes les villes de la métropole «et s’inscrivant dans l’année culturelle 2018 dont le thème est « Quel amour! »».
Michel CAIRE

Du côté de l’opposition: Les réactions de Benoît Payan (PS) et Jean-Marc Coppola (PCF)

Benoît Payan: « des pompiers pyromanes »

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Je n’avais pas le droit de vote lorsque Jean-Claude Gaudin a été élu pour la première fois et il a fallu attendre 22 ans pour qu’il parle d’un plan pour le centre-ville. Rien que cela est déjà on ne peut plus anormal. Mais, pire, dans un espace aussi fragile qu’un centre-ville la mairie de Marseille a fait tout le contraire de ce qu’il fallait. En construisant en périphérie des centre-commerciaux. Résultat? nous avons le plus fort taux de vacance de commerces de France avec des secteurs où on arrive à 28% lorsque la moyenne dans des villes comme Lyon ou Bordeaux est de 8%. Maintenant on parle de redynamiser le centre-ville tout en trépignant d’envie d’aller couper le ruban du centre-commercial du Vélodrome. Le centre-ville c’est aussi du logement et là aussi la situation est inquiétante. On a refait les façades rue de la République ou rue Paradis mais derrière la misère peut être terrible. Et, rue de la République, on peint en trompe-l’œil les façades des commerces désespérément vides. Un centre-ville c’est enfin de la mobilité et nous avons des parkings qui pratiquent des prix prohibitifs, ce qui donne que Marseille est parmi les villes les plus polluées et les plus embouteillées.

Jean-Marc Coppola: « un manque de vision »

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Le centre-ville n’est pas à la hauteur, c’est le moins que l’on puisse dire, de la deuxième ville de France. On pourrait se servir de l’exemple d’autres villes, comme Lyon par exemple. Il faut travailler sur la piétonnisation, nous avons fait les choses à moitié. Revoir la politique tarifaire des parkings qui est tout sauf attractive. Réinvestir dans les transports en commun, développer des liaisons avec les banlieues Nord et Sud, cela permettra de faire venir des populations de ces secteurs mais aussi, pour peu que l’on réalise des parkings relais pour des personnes des villes voisines. Marseille souffre d’une absence de vision à long terme…
Propos recueillis par M.C.

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