Marseille : Un plan d’action centre-ville pour rendre « la ville sûre, agréable et vivante » selon la préfète de Police

Publié le 17 janvier 2024 à  23h08 - Dernière mise à  jour le 11 mars 2024 à  14h39

C’est dans les locaux du commissariat de Noailles que Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, accompagnés de Cédric Esson, directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône, ont présenté le plan d’action centre-ville, un retour assumé à la police de proximité et un lien fort avec la justice. Un plan pour rendre, selon les mots de la préfète « la ville sûre, agréable et vivante ».

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Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, entourée de Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, accompagnés de Cédric Esson, directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône (Photo Joël Barcy)

Frédérique Camilleri,  brosse un tableau du centre-ville marseillais et les problèmes inhérents : « Le centre-ville est un concentré d’enjeux multiples. C’est une zone commerciale avec ce que cela implique : vol, vol avec violence, vol à main armée. C’est une zone piétonne avec des problèmes d’accaparement de l’espace public avec la vente à la sauvette. On connaît aussi des campements illicites sous la gare Saint-Charles avec des piétons et des automobilistes agressés ». Il s’agit également d’«un espace dans lequel on trouve des zones denses et aisées et d’autres dégradées». Mais c’est aussi, indique-t-elle : «Un lieu privilégié de sortie, de shopping, de grandes manifestations culturelles, festives ou revendicatives. C’est l’espace où se trouve les institutions et c’est la vitrine de la ville. Et tout cela appelle un traitement spécifique de la délinquance, d’où la nécessité de ce plan ».

Ce  plan peut voir le jour, avance la préfète de police: «Avec les 450 policiers supplémentaires que nous avons obtenus dans le cadre de Marseille en grand, on a ainsi pu créer une brigade supplémentaire de sécurisation et nous avons eu aussi des CRS supplémentaires ». Et des résultats sont là : «On a résorbé les campements sous et sur le parvis de Saint-Charles ainsi que celui au débouché de l’A7. On s’est attaqué à la vente à la sauvette sur le Vieux-Port ». De poursuivre: «On a réduit de 1% les cambriolages dans le centre, de 6,4% les vols avec violence, de 10% les vols à la tire. En parallèle on a doublé le nombre de personnes interpellées pour deal, 228 personnes, par rapport à 2022 qui était déjà une année record ». Sur le long terme, souligne-t-elle: «Les résultats sont là aussi. En 10 ans on a réduit de 12% les atteintes aux biens, de 70% les vols avec violence, de 11% la délinquance de voie publique et 777 ont été interpellées pour trafic et usage de stupéfiants en 10 ans.» Frédérique Camilleri constate: « On a de bons résultats mais cela ne changent pas le sentiment d’insécurité des habitants et des commerçants et je dois prendre en compte ce ressenti ». D’autant qu’elle reconnaît : « Les réussites sont masquées par des points noirs : la vente à la sauvette à Noailles, le deal autour des Carmes, Puget, la Région. Les problèmes liés à la gare Saint-Charles, et les émeutes, cet été, ont choqué ».

Elle rappelle qu’ «une grande réforme de la police nationale, entrée en vigueur le 1er janvier 2024 nous aide aussi beaucoup. Elle consiste à mettre tous les policiers du département sous l’autorité d’un seul chef, le directeur départemental Cédric Esson. Cela permet à ce dernier et à moi-même de compter sur l’ensemble des policiers du département ». D’autre part annonce-t-elle: « Un poste de commissaire central de Marseille a vu le jour. Il coordonne l’ensemble des missions marseillaises et met les moyens là où c’est nécessaire.»

Immigration irrégulière

Frédérique Camilleri met ensuite l’accent sur l’immigration irrégulière : « 67% de la délinquance de voie publique dans le centre-ville est le fait d’étrangers, un pourcentage en baisse puisqu’il était de 71% en 2022. On ne peut pas dire s’il s’agit de migrants réguliers ou irréguliers. Mais on sait qu’une partie non négligeable de ces étrangers sont en situation irrégulière. L’enjeu est de faire rentrer dans leur pays d’origine les personnes en situation irrégulière et, concernant ceux en situation régulière, il s’agira, dans le cadre du droit, de dégrader leur titre de séjour voire même de les en déchoir ».

La parole est alors donnée au procureur Nicolas Bessone  qui avance : « Il était indispensable d’apporter mon soutien à ce plan ». Et de présenter les 3 axes de réponses qui se mettent en place : «En matière de vente à la sauvette les multirécidivistes seront déférés au Palais de justice pour se voir infliger une interdiction de paraître. En cas de réitération on pourra aller jusqu’à la comparution immédiate ». Concernant l’infraction à la législation sur les stupéfiants il indique : «On va déférer les auteurs de délits, lancer des injonctions de soins pour les consommateurs ». Et, pour la circulation anarchique de type rodéo : «Nous essaierons, dans le respect de la loi, d’obtenir la confiscation des engins », précise-t-il avant de signaler: «Avec les augmentations d’effectifs que nous avons connu on a des places d’audience pour juger les gens ce qui est exceptionnel pour Marseille ».

La proximité

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La préfète de police à la rencontre des habitants et commerçants de Noailles (Photo Joël Barcy)

La proximité est le maître mot de ce plan qui se conjugue avec le renforcement de la vidéo-protection, vidéo-protection financée à 80% par l’État rappelle la Préfète qui signale : «Les policiers doivent parler avec les commerçants, la population». Dans ce cadre une brigade dédiée à l’hyper-centre a vu le jour qui patrouille- plus de 20 km par jour- 7 jours sur 7. Autre facteur pour favoriser la proximité, un camion, utilisé lors de la Coupe du Monde de Rugby. « Il va partout où il y a un problème. Les gens viennent, discutent et ces informations remontent aux groupes de partenariat opérationnel ». Les CRS supplémentaires, en petits groupes, « sont là pour lutter contre le deal, contre la réinstallation de points de vente ; tenir le terrain face aux vendeurs à la sauvette

Reportage vidéo Joël BARCY, texte Michel CAIRE

 

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