Publié le 5 juin 2019 à 6h21 - Dernière mise à jour le 1 décembre 2022 à 12h40
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «crimes contre l’humanité» afin retrouver d’éventuels responsables encore en vie des persécutions et du transfert forcé en 1943 d’au moins 20 000 Marseillais lors de la rafle dite du Vieux-Port. Elle fait suite à une plainte déposée par un avocat marseillais, Me Pascal Luongo, au nom de survivants de cet épisode de la Seconde Guerre mondiale. Entre les 22 et 24 janvier 1943, une série de rafles ont été conduites dans les vieux quartiers de Marseille sur ordre des nazis, Hitler ayant décidé « d’épurer » le « chancre de l’Europe », avec la participation de la police française. Selon sa plainte, l’opération « Sultan » a conduit sur la rive nord du Vieux Port à l’évacuation d’environ 20 000 personnes, la destruction de 1 500 immeubles sur 14 hectares et le transfert forcé, dans des conditions inhumaines, de 12 000 personnes dans un camp de rétention à Fréjus. «Huit cents personnes parmi ces 12 000 seront déportées en Allemagne, notamment au camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen (…) et certaines y périront.» «Cette population civile, ciblée pour son lieu d’habitation et ses origines, a vécu des arrestations arbitraires, persécutions, transferts forcés, déportations et atteintes volontaires à la vie, autant d’actes inhumains dans un plan concerté pour le compte d’un État, l’Allemagne nazie, mais aussi de l’État français de Vichy», souligne la plainte. L’ouverture d’une enquête judiciaire «est le premier pas vers une juste reconnaissance d’un passé douloureux. Toute leur vie, les survivants n’ont pas pu mettre de mots sur ce qu’il s’était passé», a déclaré Me Pascal Luongo, dont le grand-père a fait partie des victimes de cette rafle. Les investigations ont été confiées à des policiers marseillais, qui vont pouvoir entendre des survivants, aujourd’hui octogénaires, a-t-il précisé.