49 morts en 2023, 17 victimes depuis le début de l’année 2024. Les chiffres sont en baisse mais la peur est toujours présente chez les habitants qui craignent une balle perdue comme celle dont a été victime Socayna, une jeune étudiante, dans le quartier Saint-Thys (10e arrondissement) voilà un an.
Une douleur insurmontable
Des visages, des prénoms et des mots sur de grandes banderoles. Des mots pour essayer de décrire l’indicible : la perte d’un être cher, tombé sous les balles. Layla Zeroual est présente, en septembre 2023 sa fille est morte dans son appartement, victime d’une rafale de kalachnikov sur la façade de son immeuble. Une balle perdue, un dommage collatéral qu’elle n’arrive pas à surmonter. « Jusqu’à maintenant je n’ai rien compris. Pourquoi ma fille est partie avec une arme de guerre. Qu’est-ce qu’on a fait ? Ma fille ne méritait pas de partir de cette manière ». La petite sœur de Socayna est aux côtés de sa mère. Toutes deux se soutiennent mais c’est très difficile. « Moi et ma mère, on essaie de se relever mais c’est très, très, très dur. On n’arrive pas à avancer. Comment voulez-vous qu’on avance ? Tant que la justice n’est pas faite je ne sais pas ce qu’on pourrait faire ».
17 morts depuis janvier
Les chiffres sont en baisse mais la peur est toujours là dans les quartiers et Laetitia Linon, porte-parole du collectif continuera d’être dans la rue tant qu’il y aura des victimes qu’on assimile trop à des règlements de comptes. « Qu’on arrête de montrer du doigt les familles de victimes et de dire tel ou tel petit était dans le trafic ou tel ou tel minot était à l’endroit où il ne devait pas être. En fait l’endroit où il ne devait pas être c’est le quartier où il vit… Alors arrêtons de culpabiliser les familles de victimes. Allez pointer les assassins, allez pointer les narcotrafiquants, allez pointer les services publics qui ne nous aident pas mais arrêtez de nous pointer du doigt ».
Manque d’implication
Environ 200 personnes ont participé à cette marche. Uniquement les membres des familles des victimes. Le reste de la ville, les forces politiques ou associatives sembles indifférentes. C’est ce que dénonce Karima Meziene, membre du collectif des familles des victimes. « On espérait que ça finirait par mobiliser, on aurait aimé que les citoyens marseillais s’engagent plus aux côtés des familles de victimes. Le déclic n’est pas encore là mais on y croit encore, on ne baisse pas les bras et on espère que sur le long terme tout le monde finira par prendre conscience qu’on peut tous être touchés et que personne n’est à l’abri d’être victime d’une balle perdue ».
Les 49 silhouettes en carton noir, avec les repères des douilles, ont été déposées sur les marches du palais de justice.
Reportage Joël BARCY