Publié le 28 juillet 2016 à 23h15 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h32
Une messe a été célébrée ce mercredi 27 juillet en la basilique du Sacré-Cœur de Marseille pour le père Hamel, les victimes des attentats et leurs proches, la paix dans le monde en présence de nombreuses personnalités de toutes confessions et fidèles. Une messe qui a été présidée par le père Pierre Brunet, vicaire général du diocèse de Marseille «en union avec Mgr Georges Pontier et Mgr Jean-Marc Aveline, actuellement à Cracovie pour les Journées mondiales de la jeunesse.»
Le père Brunet a tenu à remercier tous les personnes présentes, les catholiques ainsi que «nos frères et sœurs des autres Églises chrétiennes», «nos frères juifs à qui Dieu a parlé en premier », «vous, nos frères musulmans qui croyez en Dieu plein de miséricorde», «vous, nos frères bouddhistes qui cherchez la sagesse», «vous, nos frères des différentes religions qui reconnaissez l’existence de Dieu et cherchez à l’écouter», «vous, nos frères agnostiques, athées, indifférents, vous qui ne croyez pas mais qui cherchez la vérité». Le père Brunet remercie enfin les élus et les «représentants d’autres nations».
Son propos doit être entendu à l’heure où la tentation du rejet de l’Autre, face aux attentats, est forte. «Nous tous, ensemble, ce soir, nous sommes touchés, bouleversés, choqués et atteints au plus profond de notre cœur par cette vague d’attentats qui, telle une peste, voudrait nous anéantir. Que ce soit au Moyen-Orient, en Irak, en Syrie, en Afrique, dans tous les pays du monde, ou que ce soit en Europe, en Allemagne, en Belgique ou ici en France, nous sommes tous concernés. La violence, la haine, le meurtre, l’idéologie de mort, les caricatures et pathologies religieuses veulent briser, casser, détruire, tuer tout ce qui fait que, dans notre pays, chacun peut exister dans la liberté, l’égalité devant la loi, la fraternité, en formant un seul peuple». Et de rappeler : « La liberté de la presse est entravée avec l’attentat contre Charlie Hebdo. Le respect de la vie de nos frères juifs et de leurs enfants est brisé dans l’attentat contre l’école juive à Toulouse et à l’Hyper Cacher.
La liberté de dîner au restaurant, de boire un café sur une terrasse, d’aller à un concert est anéantie. La joie de pouvoir se promener en famille, avec des amis, après le feu d’artifice du 14 juillet tourne en tragédie. Il y a maintenant péril de mort à pouvoir prier simplement dans la maison de Dieu.
Tous, nous sommes touchés, blessés ce soir dans ce qui est le cœur de notre vie : la liberté, l’égalité, la fraternité, le caractère unique, sacré, inviolable, infiniment respectable, la dignité absolue de chaque personne humaine. Alors, oui, la tristesse, l’abattement, les pleurs, la colère, la peur, la haine, les questions peuvent nous traverser, tous ici, autant que nous sommes».
«Réconcilier les Hommes avec Dieu, les hommes entre eux et chaque homme avec lui-même »
«Mais, ce soir, au cœur de cette tragédie que nous traversons ensemble, je voudrais vous faire partager ce que nous catholiques, et plus largement nous chrétiens, avons de plus précieux, ce trésor, cette perle fine pour laquelle nous sommes prêts à tout donner, tout vendre, tout perdre, même la vie s’il le faut, pour l’acquérir et la partager. Ce trésor, c’est Jésus-Christ, le Fils bien-aimé du Père, le Messie promis venu nous manifester l’amour de Dieu, guérir nos cœurs blessés, réconcilier les hommes avec Dieu, les hommes entre eux et chaque homme avec lui-même».
A la suite d’Abraham, d’Isaac, de Jacob-Israël, de Moïse, des Prophètes, des Juges et des Rois «Jésus nous rappelle que nous formons une unique famille humaine. Tous les hommes et femmes de cette planète, quels que soient leurs races, leurs nationalités, leurs cultures, leurs religions, leur statut social, sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, tous sont membres d’une unique famille humaine. Dieu désire l’unité de cette famille, que tous soient ses enfants et que chacun se reconnaisse comme frère et sœur. Certes, cette famille est divisée, blessée par la haine et le péché, mais la vocation à l’unité et à la fraternité demeure possible. Cette unité de la famille humaine ne vient pas d’un contrat social, d’une déclaration, d’une décision ou d’une construction humaine. Elle est un don, elle est un appel qui résiste à nos limites et à nos faiblesses. En conséquence de cette appartenance à cette unique famille humaine, nous sommes appelés à nous respecter et à nous aimer les uns les autres».
«Pour combattre la haine, il n’y a que l’amour»
Le Père Brunet lance : « Pour combattre la haine, il n’y a que l’amour. La seule manière de changer les cœurs durs des hommes, c’est l’amour. C’est là le centre de la foi chrétienne. Jésus, le Fils bien-aimé du Père, vient dans le monde, vient habiter notre humanité, se fait l’un de nous, c’est le sens de la fête de Noël, pour transformer l’humanité de l’intérieur. Sa vie solidaire de notre vie ne fut qu’amour. Jésus fut toute obéissance à Dieu son Père, l’aimant de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit, et aimant son prochain comme lui-même. Il manifesta l’amour du Père pour chacun par ses enseignements et aussi par ses gestes vis-à-vis des plus petits, guérissant les malades, pardonnant les pêcheurs, libérant les captifs, portant la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il a aimé jusqu’au bout, même quand il fut victime de l’injustice, quand il fut condamné, torturé et mis à mort. Sur la croix, attaché, livré, Jésus prononça une des paroles les plus importantes de l’Évangile : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » Face à la haine, Jésus opposa l’amour, la non-violence et le pardon. Il en mourut».
Pour le prêtre : «Seul cet amour peut toucher les cœurs de pierre et les changer en cœurs de chair. La haine se délite devant tant d’amour. Mais frères et sœurs, si le Christ était simplement mort, il n’y aurait pas de chrétiens aujourd’hui. Trois jours après sa mort, il ressuscita. Il apparut vivant à ses apôtres, victorieux de la mort et du péché. Et de témoin à témoin, dans la force de l’Esprit Saint, cette bonne nouvelle constitue le trésor, le roc, la Bonne Nouvelle qui fait vivre les chrétiens et qui nous donne l’audace d’espérer toujours et encore aujourd’hui : la vie est plus forte que la mort, l’amour est plus fort que la haine».
Et de rappeler : « Comme l’ont fait des prêtres dans des milliers d’églises dans le monde, le Père Jacques Hamel célébrait la messe en l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray. La messe, c’est la prière par laquelle ce que Jésus a fait par sa mort et sa résurrection nous rejoint, nous touche et nous transforme. Vous savez, chers amis, quand nous catholiques, nous célébrons la messe, ce n’est pas seulement pour nous mais c’est pour le monde entier. Le Père Hamel mis à mort rejoint la mort du Christ pour ressusciter avec lui. Sa vie, comme celle de Jésus, il l’a donnée pour que les cœurs des hommes changent et que la famille humaine soit une».
«Nous ne voulons pas nous venger»
Puis de livrer quelques conséquences «pour nous catholiques, pour nous chrétiens, de cette espérance qui nous habite. Nous ne voulons pas nous venger. Nous voulons faire confiance, soutenir et participer aux institutions de notre pays qui ont la charge de rendre justice et d’assurer la sécurité de tous. Il y a des débats politiques sur la manière de faire fonctionner ces institutions et de les rendre plus efficaces. Et bien, que ces débats aient lieu dans le respect, l’écoute et la bienveillance.
Nous voulons continuer, promouvoir et persévérer dans les relations avec tous les habitants de notre pays, quelles que soient leurs religions ou opinions, travaillant avec tous les hommes de bonne volonté à édifier un monde plus juste et fraternel. Que de témoignages recevons-nous en ces jours et combien de dialogues s’instaurent».