Publié le 31 mai 2015 à 1h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h57
S’il fallait une preuve que la photo est tout sauf réductible à un cliché. S’il fallait une preuve que l’espoir existe et qu’il réchauffe le cœur, il suffit de se rendre à Notre-Dame de la Garde, jusqu’au 21 juin pour l’exposition relatant la visite du Pape François en Israël. Et Monseigneur Pontier, archevêque de Marseille, de remercier le Consul général d’Israël, Barnéa Hassid: «Vous avez tenu à ce que cette exposition, réalisée à l’initiative de l’État d’Israël, trouve sa place dans ce lieu si symbolique de notre cité qu’est Notre-Dame de La Garde». Après être passée à Paris et Lyon «cette exposition est à Marseille où vit une importante communauté juive depuis bien longtemps» Cette volonté, poursuit Mgr Pontier, «m’a profondément touché et marque le respect et les bonnes relations qui se vivent entre nos communautés». Alors que Barnéa Hassid indique pour sa part : «Le Pape a conquis les Israéliens par sa simplicité, son ouverture aux autres».
Un peu plus de deux mois après son élection, le Pape François s’est rendu en Jordanie, dans les territoires palestiniens et en Israël. Cette exposition retrace l’étape israélienne de cette visite. Barnéa Hassid insiste sur la présence de deux proches du Pape: «le Rabbin Abraham Skorka et l’Imam Omar Ahmed Abboud, venus tous deux de Buenos Aire et qui l’ont accompagné tout au long de son voyage». Et de plaider pour les Hommes et les Femmes évitent les pièges «du replis, de l’indifférence». Le consul de rappeler l’audience accordée par Jean XXIII à Jules Isaac, le 13 juin 1960, lors de laquelle il remet à ce dernier un dossier contenant notamment un programme de redressement de l’enseignement chrétien concernant Israël; un exemple de mythe idéologique (la dispersion d’Israël, châtiment providentiel); des extraits du catéchisme du concile de Trente montrant que l’accusation de déicide est contraire à la saine tradition de l’Église. Jules Isaac noua une amitié avec Jean XXIII qui eut de l’influence dans la rédaction de la déclaration sur les religions non-chrétiennes Nostra Ætate, approuvée en 1965 par le concile Vatican II. «Ceci nous mène à cette belle rencontre dont l’exposition retranscrit les 25 moments les plus forts».
Puis de se tourner vers Mgr Pontier: «Je sais que vous tenez au dialogue entre les communautés dans cette ville où elles ont l’habitude de vivre en bon voisinage, ce qui pourrait en faire un exemple». Il ne manque pas de rendre hommage au travail accompli par Marseille Espérance avant de conclure : «Cette exposition est porteuse d’un message de paix».
Mgr Pontier souligne: «Cette exposition, de très belle qualité, met en valeur les moments de rencontres entre le Pape François, les responsables de l’État d’Israël, les visites sur les sites chers aux chrétiens qui se trouvent à Jérusalem mais aussi, ceux qui gardent la mémoire du drame de la Shoah. On y voit encore les rencontres avec le Patriarche orthodoxe de Constantinople, Bartholomée, qui évoquent ces moments passés avec les frères chrétiens vivant sur cette Terre sainte. Permettez-moi de mentionner aussi les moments forts que le pape François a également vécus avec des communautés chrétiennes catholiques vivant en Israël et en Palestine ». Il tient également à évoquer le prolongement de ce pèlerinage «lors de avec la rencontre de prière entre le Pape François, le président Simon Perez et le président Mahmoud Abbas dans le jardin du Vatican le 8 juin 2014 : moment émouvant, chargé d’émotion et qui a fourni l’occasion d’échanger des paroles de paix, de prière et d’espérance pour que sur cette terre puisse se vivre la paix entre Israéliens et Palestiniens, grâce à un règlement politique durable, respectueux des droits et des devoirs de chaque peuple».
L’archevêque de Marseille poursuit : «Nous savons combien les relations entre juifs et catholiques ont franchi un pas décisif voici soixante ans lors du concile Vatican II avec la déclaration Nostra Aetate où l’Église a pu dire d’une manière renouvelée et nécessaire le lien spirituel qui l’unit profondément au Peuple juif et aux grandes figures de croyants que sont Abraham, les Patriarches, Moïse, les Prophètes». Il cite: «L’Église ne peut oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l’Antique Alliance, et qu’elle se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les gentils.» Ajoute: «Depuis cette date, les liens spirituels et fraternels entre juifs et catholiques n’ont cessé de s’approfondir, de s’enrichir et de grandir en respect, en confiance et en amitié. Soyez encore remercié pour cette initiative de l’État d’Israël d’avoir réalisé cette si belle exposition qui contribue à la bonne entente et à la paix entre les peuples, les croyants et les hommes de bonne volonté. Nous voilà invités à notre tour, en contemplant ces photographies, à vivre également un pèlerinage spirituel et intérieur en ces lieux si chargés d’histoire sainte et à être des acteurs de paix et de fraternité, nous qui croyons au Dieu Unique».
Michel CAIRE