Née à Marseille « Wantaid» est la première application solidaire et opérationnelle à destination du grand public. Elle met l’entraide à portée de main. En trois clics, si vous voyez quelqu’un en difficulté dans la rue ou si vous êtes vous-même dans une situation précaire, l’application vous met en contact avec l’association la plus proche. 120 sont actuellement labellisées dans la cité phocéenne.
« C’est en référence à des gens qui nous ont aidés »
L’homme à l’origine de l’application est Joseph Arakel, l’actuel président de la Banque alimentaire 13. A la tête d’une entreprise de logistique, il fait partie de ces chefs d’entreprise qui se sont investis dans le social dès que leur société a commencé à faire des bénéfices. En 2010, il créé un fond de dotation pour les personnes victimes d’un accident de la vie. Cette préoccupation envers les publics vulnérables vient certainement de loin, de l’enfance « Je suis d’origine modeste, il y a des gens qui ont aidé ma mère quand elle a dû élever seule ses huit enfants après le décès de mon père. Donc c’est un peu en référence à ces gens mais je pense aussi, que tout naturellement, vouloir aider c’est légitime », confie Joseph Arakel.
Une application solidaire et opérationnelle
Wantaid est la version grand public d’une aînée, +Avenir Connect» que Joseph Arakel a créée en 2020 pour mettre en liaison et mutualiser les moyens des associations et des structures sociales. Wantaid est plugué sur cet outil professionnel qui recevra tous les signalements du public. « Le principe est simple, il faut télécharger l’application et s’identifier, ensuite Wantaid permet de signaler une personne ou de se signaler soi-même», explique Joseph Arakel qui ajoute: « Si vous avez un besoin personnel, vous cliquez sur la catégorie concernée et vous êtes orienté vers l’une des 120 associations labellisées. Ce que j’attends de cette application c’est de régler des problèmes, traiter des cas rapidement ».
Géolocalisation
Autre intérêt de Wantaid, l’application est géolocalisée, vous avez donc accès à l’association la plus proche de votre domicile ou du point de signalement de la personne en difficulté. « Ces signalements en temps réels et géolocalisés sont dirigés vers les structures à même de prendre en charge ces besoins et la personne reçoit les coordonnées des associations», explique Marlène Arakel, coordonnatrice des actions de +avenir solidarité. L’application permet aussi, en cliquant sur un bouton, d’avoir accès à tous les numéros d’urgence. « Même si l’expression fait plus penser au domaine économique, on peut parler de première « market place » du champ social et solidaire en France», résume Marlène Arakel.
Une source immense de données
L’application est aussi un formidable outil statistique. Elle permet d’avoir la cartographie en temps réel des signalements, des prises en charge ou non prises en charge. « On peut avoir une photographie des mouvements. Cela permet de savoir combien de gens sont dans la rue. Est-ce qu’il y a des zones blanches et toutes les associations ont accès à ces données», assure Joseph Arakel.
Un plus pour les associations
« Tout mon personnel a l’application qui est installée », indique Karim Lali, directeur général de l’association APIS (Association de promotion de l’ingénierie socio-éducative). « Dès qu’on reçoit une notification pour une personne précaire on prépare un colis alimentaire et vestimentaire, on alerte un éducateur spécialisé et on va au chevet de la personne ». «Avant, poursuit-il, sans l’application, un citoyen lambda qui voyait une personne en difficulté pouvait alerter le Samu social ou les pompiers mais pas les réseaux ciblés et professionnels pour intervenir. C’est là toute l’utilité de Wantaid ». Pour Bernard Nos, président de l’association Vendredi 13, « l’application va permettre d’aller vers des publics plus invisibles, je pense aux personnes âgées ou aux personnes à mobilité réduite. Elles pourront faire remonter leurs besoins via Wantaid. Derrière l’outil il y a de l’humain et nous pourrons répondre aux personnes qui nous ont sollicité ».
Joseph Arakel ne compte pas s’arrêter là. A l’heure où les besoins sont immenses et les moyens des associations réduits, il souhaite mettre en place des tiers lieux pour mutualiser la logistique ou la comptabilité des associations qui le souhaiteraient. Un moyen de faire des économies d’échelle mais il faudra certainement un changement de mentalité pour que certaines structures veuillent bien sortir de leur pré carré.
Reportage Joël BARCY